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Le Code du Démon [Adam Blake / Véronique Gourdon]

Deuxième tome d'une série, qui peut donc a priori être lu indépendamment des deux autres, surtout que le dernier n’a - à ma connaissance - pas été traduit, « Le Code du Démon », comme L'Évangile de l'assassin, suit méticuleusement les archétypes du thriller ésotérique, remis au goût du jour par le Da Vinci Code
Ce roman, écrit par Adam Blake (pseudonyme de Mike Carey) met en scène une nouvelle fois Heather Kennedy devenue entre-temps une inspectrice virée de la police, et l'ex mercenaire Leo Tillman
Toutefois, la notule qui va suivre va moins s'intéresser à l'histoire proprement dite qu'analyser, subjectivement s'entend (mais est-il besoin de le préciser), un parti pris idéologique qui a fait, depuis la commercialisation française du roman en 2011, beaucoup de chemin. 
Au point de donner une image très négative de ceux qui s'aventurent à en faire la critique. 
            J'ai mis quelques pages avant de me rendre compte que l'auteur faisait faire et dire à son héroïne – Heather Kennedy - des choses qui, si elles avaient été le fait d’un homme, auraient très certainement été étiquetées de « réac ». Et son comportement taxé de viriliste. 
Avec toute la charge moralisatrice qui va de pair (sic)
            L'indice qu'il se passait quelque chose qui m'échappait m'est apparu lorsque les événements du scénario obligèrent la compagne d'Heather Kennedy, prénommé Izzy, à se cacher ; et que l'auteur crut bon de préciser que sa belle-sœur, chez qui elle allait donc se faire oublier, était homophobe. Sachez qu’Izzy est plus ou moins (j’y reviendrai) lesbienne. 
À ce moment-là, difficile de savoir pourquoi cette précision apparaissait comme un rat dans le potage. Toujours est-il qu’elle a agi comme l'accident d’automobile sur Pierre Bérard (interprété par Michel Piccoli) dans le film de Claude Sautet Les Choses de la vie. Un déclencheur qui m’a fait rembobiner les 63 pages que je venais de lire. 
            Un peu avant les évènements qui motiveront cette fuite, le couple qu’elle forme je le rappelle avec Heather, traverse une passe difficile. En effet Izzy a été surprise par sa compagne dans les bras d’un homme dans leur propre chambre à coucher. La précision biologique est de taille car si Heather supporte mal d’être trompée, l’être avec un homme ajoute à sa colère. Et ce n’est pas peu de le dire, puisque le représentant du sexe fort, qui n’en mène alors pas large, est passé à deux doigts de perdre le sien, dixit Heather elle-même. 
Je me suis donc demandé ce qui se passerait si à la place de cette héroïne dure-à-cuire on mettait un homme. 
            Le roman commence d'ailleurs avec une scène archétypale où Heather, mécontente du sort que son commanditaire réserve au rapport qu'il lui a pourtant commandé, lui envoie son poing dans la figure. Un réaction, qui pour le coup, si elle avait été celle d'un homme, aurait jeté la consternation dans la frange la plus progressiste du lectorat. Pas besoin d'être grand clerc pour savoir que la virilité est aujourd’hui « toxique ».
C'est donc une Heather chargée de testostérone qui rentre chez elle. 
Heureusement Izzy ne se trouve pas avec un nouveau « cinq-à-sept » mais au turbin. En effet elle est opératrice pour une ligne de téléphone rose, métier qu'elle s’enorgueillit de faire avec professionnalisme au point d'abréger à une vitesse record les coups de fil qu'elle reçoit. L'idée qu'il s'agit d'éjaculateurs précoces n'est sûrement pas fortuite.
Vous saisirez au surplus l'ironie de faire d'une lesbienne l'interlocutrice de mâles en mal de sexe. 
Bref les deux amies décident de prendre un verre au pub pour tenter d'enterrer la hache de guerre. La discussion ne se passe pas au mieux et Izzy quitte la table en renversant une chaise, et en bousculant un homme, lequel répandra sa bière sur ses vêtements. Probablement peu au fait de la galanterie patriarcale la plus élémentaire, le quidam lui lance un « Maladroite petite garce » qu'on devine alcoolisé. Qu'à Dieu ne plaise, Heather qui d’ordinaire aurait laissé passer l'insulte, décide que pas cette fois, et vide ce qui reste de la pinte sur l'impétrant, non sans lui avoir lancé un regard qui en dit long sur ce qui aurait pu lui arriver si elle avait eu le temps. 
            Or donc, imaginons qu'Heather soit un homme, et qu'elle s'en prenne à une femme qui aurait eu la mauvaise idée d'insulter la sienne. Que croyez-vous qu'il se passerait dans la tête des lect.rices.eurs ? 
Et lorsqu'elle découvre qu'Izzy est en galante compagnie ? Que penser d'un homme qui se plaindrait que sa femme le trompe ..... avec une autre femme, et manifeste des envies de vivisection ?
OK boomer !
            À partir de là, impossible de continuer. L'idée que je lisais le parfait manuel du progressiste en lieu et place d'un thriller ésotérique parasitait tout ce qu'Adam Blake pouvait écrire. Ce n'est d'ailleurs pas tant l'idée de retourner le gant de la masculinité qualifiée de toxique, en un féminisme de bon aloi qui m'indisposait. Mais plutôt que Blake négligeait qu'une fois retourné son gant en était toujours un.
            Ironiquement, au moment où je lisais « Le Code du Démon », j'apprenais la publication d'un essai intitulé Coût de la virilité, ce que la France économiserait si les hommes se comportaient comme les femmes, si si ! (Cela dit depuis que j'ai appris que la taille des femmes était une conspiration patriarcale qui remonte à la préhistoire, plus rien de m'étonne)
Un essai donc, où l'historienne Lucile Peytavin, à partir de la population carcérale française chiffre ce que coûte les hommes (96% des détenus selon elle) à l'État. 
Ce qui me fait penser qu'un publiciste devenu depuis homme politique, avait lui aussi utiliser la population carcérale pour tirer des conclusions que l’intelligentsia avait alors regarder d'un œil torve.
Je gage qu'elle aura pour Lucile Peytavin rien moins que les yeux de Chimène.  
            Bref, tout ça pour dire qu'Adam Blake (et ses alter egos) ne doit plus compter sur moi pour avaler ses fadaise politiquement correctes. Il est déjà assez difficile d'y échapper dans la vie de tous les jours. D'autant que n'en rien savoir n'empêche pas qu'elles progressent.      

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