J’AI LU DERNIÈREMENT « Je hais internet » de Jarett Kobek , une sorte de stand-up furieux sous forme littéraire, mais qui ne perd rien de la gouaille et de l'entrain dont doit être capable son auteur sur scène. S'il tentait de s'y produire.
KOBEK Y BROCARDE, au travers d'une poignée de CSP+ Franciscanais, la société globalisée 2.0, dans laquelle une grande partie d'entre nous vit H24, qu'on le veuille ou non.
Si Jarett Kobek ne fait pas de prisonnier, sa satire m'a paru assez juste. Paradoxe 2.0 lui aussi, la commercialisation de son opuscule à partir de fibres végétales n'a été rendu possible qu'après son auto-publication sur la Toile mondiale™.
Ceci étant dit, comme d'autres avant moi, et non des moindres, je vous recommande donc, si l'occasion se présente, de ne pas laisser passer cet instant savoureux de lecture.
Lequel m'a réservé quelques bonnes surprises dont une, entièrement made in France.
Je vous la fait courte.
CE ROMAN, outre son dézingage en règle de la société numérique, nous promène dans le domaine de la Bd américaine. Son héroïne est d'ailleurs une dessinatrice.
Un sujet dont vous savez, si vous lisez parfois mon blog, qu'il me passionne. Et vous n'êtes pas sans savoir non plus que ladite bande dessinée étasunienne est surtout connue à travers le monde grâce à ses super-héros.
Or, Jarett Kobek, qui a produit toutes les garanties quant à ses connaissances en la matière, mentionne, à un moment donné de son récit, un assez obscur personnage de l'éditeur DC Comics™ : Wild Dog.
INVENTÉ PAR LE scénariste Max Allan Collins (malencontreusement orthographié AllEn), et le dessinateur Terry Beatty, ce justicier se voit qualifier dans la version française du roman de Kobek, qu’en a publiée Pauvert™, d'anti-héros « attentif ».
Vous savez ce que c'est, quand vous croyez - en toute fausse modestie - tout savoir (ou presque) d'un domaine, la moindre découverte d'une facette restée jusqu'alors inédite retient toute votre attention. Fusse aussi insignifiant pour n'importe qui d'autre qu'un « anti-héros attentif ». <Sourire>
JE CONNAISSAIS vaguement Wild Dog, le croisement pas du tout improbable de Jason Voorhees et du Punisher, mais rien dans sa courte existence de justicier masqué relatée dans les pages d’un comic book qui lui était consacré, à la fin des années 1980, ne renvoyait à une quelconque qualité d'attention qui aurait mérité d’être mentionnée.
La solution sera cependant tellement évidente que c'en est presque honteux pour moi.
Reste que je séchais lamentablement. Et durablement.
J'ai donc dû me résoudre à consulter la V.O du roman pour découvrir que le mot « attentif » était la traduction de « vigilante », prononcer [vi-gi-lan-tee].
Un terme tout ce qu'il a de plus commun dès lors que l'on a affaire comme ici, à un justicier masqué. Et surtout un mot que j'ai moi-même souvent utilisé.
LE « VIGILANTE », pour ceux qui ne seraient familiers de ce secteur de la culture populaire, est la figure mythifier si j’ose dire, des criminels à la gâchette facile et sûre qu’employaient les propriétaires, ou les habitants des villes du Far West, à un moment où la justice légale n’était pas encore parvenue jusqu’à eux.
Les propriétaires terriens ne se gênaient pas non plus pour spolier moins forts qu’eux grâce à ces pistoleros qui ne faisaient pas dans le détail.
D’une réalité concrète et peu reluisante, la littérature de l’époque (Dime Novels en tête, puis pulp magazines et enfin paperbacks), et le cinéma ensuite, en ont fait un personnage relativement meuble, au point d’en être aujourd'hui perçu comme positif. Ou du moins légitime.
Paul Kersey (interprété par Charles Bronson) a certainement incarné ce qui est devenu depuis l'archétype du « vigilante » moderne & urbain (sic) ; en littérature on peut citer Mack Bolan dit l’Éxécuteur, et en BD (on y revient) le Punisher, par exemple .
Et donc Wild Dog.
Comme quoi la vigilance, même chez les traducteurs, est de rigueur, surtout avec les faux-amis.
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Nota bene : J’omets volontairement de mentionner le nom du traducteur, contrairement aux usages du blog, car il n’est pas question ici de reprocher à quelqu’un qui a traduit pas loin de 350 pages, une petite erreur d’inattention.
Qui par ailleurs a largement dû passer inaperçu.
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