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Moon Knight : Invoque le costume

Deuxième épisode de la mini-série télévisée (VOD) consacrée au « Chevalier de la Lune », laquelle adapte ce personnage de BD dans une version plus ou moins inédite. 
Intitulée « Invoque le costume », cette histoire, qui démarre là où la précédente se terminait, sera justement l’occasion de le faire. Mais avant cela, un petit point sur les épisodes précédents. 
            Comme de juste en effet, ce Moon Knight en chair et en os récupère certains des aspects déjà vus dans ses précédentes incarnations d'encre et de papier. Qui elles-mêmes se nourrissaient (plus ou moins) de ce qui avait été fait auparavant, dans des dosages sensés attirer le maximum de lecteurs au moment où l'éditeur Marvel© décidait de donner au personnage son propre titre. Ou au gré de l'inspiration des scénariste qui se sont occupés de la destinée du personnage.
Sachez toutefois que Moon Knight a surtout été l’invité de séries dédiées aux vedettes de la Maison des idées© ; ce qu'il n'a jamais vraiment été.
Pour ma part, par exemple, il me semble que ma première rencontre avec lui date du mois d’août 1979, dans les pages du magazine NOVA (commercialisé à l’époque par les éditions LUG) qui abritait alors, entre autres, le titre américain Spectacular Spider-Man, consacré à celui qu’on connaissait sous le nom tout aussi hexagonal que prosaïque de l’Araignée
Cette création en « strates » offre cependant – parfois - du neuf. Comme c'est le cas justement ici, en jouant sur la texture de la tenue emblématique du super-héros, que l’on dirait composée de bandelettes, le textile funéraire égyptien bien connu. Une idée que je ne crois pas avoir eu le plaisir de voir ailleurs. 
            Dans les points positifs de la série, la filiation avec le personnage inventé en 1975 est joliment suggérée en faisant d'un loup d'Égypte l'animal de main de la Némésis (sic) actuelle de Moon Knight. Je veux bien sûr parler d’Arthur Harrow (alias Ethan Hawke). Soit dit en passant, on notera que la couleur violette caractérise toujours chez Marvel© les « vilains ».  
Mais revenons à nos moutons <sourire>, rappelez-vous que dans les pages du comic book Werewolf by Night, où Moon Knight apparait pour la toute première fois aux yeux des lecteurs américains, il se voit opposer, c'est même sa raison d'être alors, à l'hôte surnaturel de l'illustré en question, le lycanthrope maison, alias (ça ne s'invente pas) Jack Russell. Il y a presque 50 ans un loup-garou, aujourd'hui un loup d'Égypte, le clin d’œil est patent, non !? 
            Dans ma critique du premier épisode [Pour en savoir +] j'évoquais les conditions indispensables qu’avait mis Oscar Isaac pour enfiler la panoplie de l'avatar du dieu égyptien Khonsou (personnage sur lequel je reviendrai également). 
Ce nouvel épisode confirme qu'il a eu gain de cause. 
L'humour y est plus que jamais présent, et l’acteur accapare la presque totalité des 50 minutes qu'il dure pour un quasi one-man-show très généreux. Visiblement le comédien prend beaucoup de plaisir à donner tout ce qu'il a. 
À tel point que les points faibles de l’histoire (qui m'auraient d'ordinaire incité à renoncer à en voir plus) sont largement minorés face à l’abattage de l'artiste. Et on y voit aussi un peu plus Moon Knight en action. Enfin ! 
Ce qui m’amène à l’un des deux points que je voulais aborder, qui au final me semble n’en former qu’un. 
            « Invoque le costume », titre de l’épisode en question, est l’occasion pour la série de montrer Moon Knight dans un costume (c’est le cas de le dire) que les lecteurs des Bd Marvel© connaissaient déjà. 
Moon Knight le revêt en effet dans une mission d’infiltration alors qu’il fait partie des Secret Avengers. Nous sommes alors en 2012, calendrier de New York, et l’histoire est écrite par Warren Ellis et dessinée par Michael Lark (voir supra). Le costume (ironiquement rapproché de celui du Colonel Sanders par Marc Spector dans la série Disney+©) fait son retour deux ans plus tard, dès le premier numéro d’une maxi-série, encore écrit par Warren Ellis, et dessiné cette fois par Declan Shalvey. Pas besoin d’avoir été formé par l’inspecteur Derrick pour s’apercevoir que le point commun entre les deux utilisation de cette classieuse tenue est le scénariste. 
Lequel scénariste utilise par ailleurs, dans son run de six numéros (paru entre mai et octobre 2014), un Khonsou au design étrangement similaire à celui qui apparait dans la série télévisée (et qui à ma connaissance, n'avait jamais été vu auparavant). 
Et dont le dessinateur de ces six numéros, Declan Shalvey donc, dira qu’il l’a dessiné selon les directives de son scénariste Warren Ellis. 
Oui mais voilà, ce dernier a été frappé de plein fouet d’une peine « polpotesque » en 2020. 
Je la résume.
            À ma connaissance, les agissements qui sont reprochés à Warren Ellis n’ont pas fait l’objet d’une plainte au pénal, mais ont donné lieu, à partir de juin 2020 donc, à des accusations à son encontre concernant son comportement envers un certain nombre conséquent de femmes. 
Il lui est reproché principalement d'avoir usé de sa notoriété et de son pouvoir au sein de l’industrie anglo-saxonne de la Bd pour abuser des jeunes femmes, en leur faisant croire qu’il les prenait sous son aile pour mieux les mettre dans son lit. 
Au point d’entretenir 19 liaisons simultanément (selon certaines sources, mais les chiffres varient). 
Ellis a certes fait des excuses, mais dans ce type de situations, cela ne suffit généralement pas. D'autant qu'on lui reproche des les avoir formulées bien trop tardivement.
Contrairement à une plainte, qui nécessite une enquête, une instruction, et un jugement selon des règles établies ; la désignation d’un coupable via les différents réseaux (dits) sociaux disponibles, ne souffre aucune contestation. Ni enquête d'aucune sorte.
La victime (ou prétendue telle) est intouchable, et ses dires ne seront jamais mis en doute. Quiconque se risquerait à en émettre un seul, se retrouverait ipso facto dans le « mauvais » camp. (Vous remarquerez que je ne m'y risque pas)
            En outre, contrairement aux voies légales, ces accusations ne sont régies par aucune règle. C’est ainsi qu’un an après ces dénonciations, Ben Templesmith collaborateur de Warren Ellis sur une série de bande dessinée dont il avait assuré le dessin et la colorisation, a fait savoir que le scénarise britannique allait donner une fin à la série en question, laquelle restait en suspens depuis 2008. Aussitôt branle-bas (sic) dans le camp de la vertu pour que ça n’arrive pas. Voire jamais !?
Bref le Warren Ellis n’a pas le cul sorti des ronces (d'autant qu'à bien y regarder il a clairement une tête à avoir fait ce qu'on lui reproche, non ?).
            Loin de moi l’idée de donner un blanc-seing au scénariste. Son refus de reconnaitre son statut de scénariste important dans le milieu, et le pouvoir terrestre & symbolique qui va avec, ne plaide pas en sa faveur. Mais il n’en demeure pas moins que celles qui se sont fait manipuler par lui, voulaient quelque chose en retour. De plus, l’absence (à ma connaissance) de recours légal de la part des victimes ne plaident pas en leur faveur non plus. L’avidité et la bêtise n’excusent pas tout. Avec les « délinquants relationnels », la seule solution est de se tenir loin d'eux, mais ça reste de l'ordre de la vie privée. Lorsque j'achète mon pain, je ne m'enquière pas de la vie privée du boulanger.
            Ceci étant, ce qui me gêne, c’est l’absence totale de reconnaissance de la part de Disney© envers le créateur de concepts, et ses apports indéniables à la mini-série créée par Jeremy Slater. Rien qui ne me surprenne vraiment cela dit ; ni Marvel©, ni Disney© n’ont jamais montré beaucoup de reconnaissance envers ceux et celles qui leur permettaient d’engranger des milliards. 
Récemment le scénariste Ed Brubaker, et encore plus récemment encore Joe Casey, également scénariste, ont publiquement exprimé leurs sentiments pour le moins « mitigés » quant à la rémunération perçue pour des personnages (respectivement le Soldat de l'Hiver et America Chavez) dont l’exploitation cinématographique ou télévisé a (ou devrait) rapporté des sommes sans commune mesure avec ce que leur contrat respectif leur octroyait. 
Vous le savez sûrement, travailler pour Marvel©, sauf rares exceptions, rend l’éditeur propriétaire de vos idées. Idem pour Disney©.
Toutefois, les choses bougent - un peu - du côté de la reconnaissance (à défaut d'espèces sonnantes et trébuchantes), et on peut lire, par exemple, dans le générique de fin de la série que le personnage éponyme a été inventé par Doug Moench & Don Perlin, ainsi qu’une liste de noms de personnes que la production remercie. 
Mais pas de Warren Ellis. 
Scénariste à l’origine du costume dit du « Colonel Sanders », dessiné par Michael Lark, et de l’apparence de Khonsou, dessiné par Declan Shalvey. Deux dessinateurs pourtant présents dans lesdits remerciements. 
Remarquez, vu les ennuis d'Ellis, aucune chance qu'il se manifeste dans ce sens (le costard que lui ont taillé les gardiens de la morale l'en empêche) .
            Je profite en tout cas de la tribune que je me donne pour le remercier.  
Warren Ellis est une voix très originale de la bande dessinée, ses romans sont eux aussi excellents. Et je le remercie donc pour le plaisir qu'il m'a donné au travers de ses histoires (j'en relis certaines ces derniers temps, et son talent m'apparaît encore plus manifeste). 
Qu'il soit une personne soi-disant peu fréquentable m'importe peu, je n'avais pas l'occasion de devenir son ami. Ni d'ailleurs de profiter de son influence.
 
 (À suivre ……)

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