Accéder au contenu principal

COPRA [Michel Fiffe / Virgile Iscan]

Hommage à la Suicide Squad de John Ostrander & Luke McDonnell, et au savoir-faire industriel de Jack Kirby (voir la page courrier infra), la série de bande dessinée connue sous le nom de COPRA semble tout droit sorti d'un comic book Image™ des années 1990.
Toute le répertoire s'y bouscule : de l'Élasthanne©, des (gros) muscles, des calibres, de la violence, de la Sf Potemkine, et des cliffhangers tellement nombreux qu'on dirait qu'il pleut des Stallone. Mais la vraie valeur ajoutée de cette histoire en bande dessinée, prévue en 50 numéros, c'est son dessin & son storytelling à nuls autre pareils.
À tel point que la manière de raconter son histoire prend largement le pas sur ce que Michel Fiffe raconte.
Véritable page-turner, COPRA c'est un Rob Liefeld qui a enfin appris à dessiner, en plus de s'être fait greffé le cerveau de Steve Gerber. Pas moins !
Mais n'allons pas trop vite.
            Né en 1979 à la Havane, sur l'île de Cuba, Michel Fiffe est ensuite élevé à Miami, sauf un bref passage d'un an à Madrid
Il vivrait actuellement à Brooklyn (NY).
COPRA est donc le résultat d'un attachement pas encore démenti à la série Suicide Squad ; publiée par DC Comics™ à partir de 1987 (voir ci-contre). 
            En 2006 Fiffe interviewe John Ostrander autour de sa participation à la revue Wasteland. Cet entretien lui donne envie de rendre hommage à sa série fétiche, elle-même inspirée de films comme Les 12 salopards1967 ou encore Enfants de salauds1968. Ce besoin quasi viscéral débouchera quelques années plus tard sur une fanfiction intitulée Deathzone (voir ci-dessous). 
S'ensuivra l'idée de créer sa propre Suicide Squad sous le nom de COPRA2012, dont les douze premiers numéros, commercialisés à l'origine en auto-édition, le sont aujourd'hui en français - et en deux tomes - par les éditions Delirium™. Aux U.S.A. c'est maintenant l'éditeur Image Comics™ qui s'en occupe, et la série a sorti son 41ème numéro en septembre dernier (sur les 50 prévus). En outre deux séries sœurs ont vu le jour.
          La tentative -réussie - de Fiffe de dépasser le Mur Kirby® donne à ses scénarios et à son trait une énergie et une sincérité que l'on constate prima facie. Inspirée par une série publiée à une époque où la solidité des scénarios n'était pas une option, COPRA conserve et dépasse (l'Aufhebung d'Hegel) le meilleur de son modèle.
Ses planches, dont le style kitsch est une quasi marque de fabrique qu'on ne peut pas attribuer à qui que ce soit d'autre, s'efforce de ne jamais faire oublier que nous sommes en train de lire de la bande dessinée. Et elles utilisent tout ce que le 9ème art met à la disposition des plus entreprenants dessinateurs artistes. Le qualificatif n'est ici pas usurpé, Michel Fiffe fait tout : scénario, dessin, encrage, couleur, lettrage, etc..?
Mais contre toute attente, nimbée d'une « conscience comics », si j'ose dire, cette volonté assumée ne nous fait à aucun moment sortir de l'histoire.
            Si je n'avais pas peur de trop intellectualiser, ce qui irai d'ailleurs à l'encontre de ce qui va suivre, je dirais que COPRA, c'est au-delà du jugement de goût. C'est littéralement l'inframince duchampien. L'expérience (rare) d'un écho esthétique, ..... une rencontre unique avec la  grâce.
En espérant que si l'aventure vous tente, vous la rencontriez aussi.
            En désespoir de cause si cela n'arrivait pas, sachez que COPRA reste sûrement ce qui se fait de mieux en termes de super-héros aujourd'hui.
C'est certes moins métaphysique, mais tout aussi rare.     
 
(À suivre ....)

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Triple frontière [Mark Boal / J.C. Chandor]

En même temps qu'un tournage qui devait débuter en 2011, sous la direction de K athryn B igelow, Triple frontière se verra lié à une tripotée d'acteurs bankables : S ean P enn, J avier B ardem, D enzel W ashington. Et même T om H anks. À ce moment-là, le titre est devenu Sleeping dogs , et d'autres noms circulent ( C hanning T atum ou encore T om H ardy). Durant cette période de valses-hésitations, outre M ark B oal au scénario, la seule constante restera le lieu où devrait se dérouler l'action. La « triple frontière » du titre est une enclave aux confins du Paraguay , du Brésil et de l' Argentine , devenue zone de libre-échange et symbole d'une mondialisation productiviste à fort dynamisme économique. Le barrage d' Itaipu qui y a été construit entre 1975 et 1982, le plus grand du monde, produirait 75 % de l’électricité consommé au Brésil et au Paraguay . Ce territoire a même sa propre langue, le « Portugnol », une langue de confluence, mélange d

The Words

... The Words ( Les Mots ) est un film qui avait tout pour me séduire : le roman en tant qu'élément principal, des acteurs que j'aime bien ; D ennis Q uaid, J eremy I rons, J . K . S immons et B radley C ooper. Éléments supplémentaire l'histoire se révèle être une histoire dans l'hisitoire. Ou plus exactement un roman à propos de l'écriture d'un roman, écrit par un autre ; entre fiction et réalité.  Je m'explique. Clay Hammon fait une lecture public de son dernier livre The Words dans lequel un jeune auteur, Rory Jansen , en mal de reconnaissance tente vaille que vaille de placer son roman chez différents éditeurs. Cet homme vit avec une très belle jeune femme et il est entouré d'une famille aimante. Finalement il va se construire une vie somme toute agréable mais loin de ce qu'il envisageait. Au cours de sa lune de miel, à Paris , son épouse va lui offrir une vieille serviette en cuir découverte chez un antiquaire, pour dit-elle qu'

Wheelman [Frank Grillo / Jeremy Rush]

En partie produit, et surtout entièrement cornaqué par War Party™, la société de production de J oe C arnahan & de F rank G rillo, et magistralement interprété par ce dernier ; « Wheelman 2017 » repose sur la règle des 3 unités du théâtre dit classique :  • Unité temps : Une nuit.  • Unité d'action : Une attaque à main armée ne se déroule pas comme prévue.  • Unité de lieu : Une BMW E46  Autrement dit, 98% du film se déroule dans une voiture avec seulement F rank G rillo au volant et à l’écran. Son personnage n'interagit avec l'extérieur quasiment que via un téléphone portable.              Tourné à Boston en seulement 19 jours, pour un budget légèrement supérieur à 5 millions de dollars, « Wheelman » est, au moment des comptes, une péloche dégraissée et bien relevée.  D'entrée de jeu les premières minutes donnent le ton : « l'homme au volant » du titre a été embauché pour être chauffeur lors d'un braquage à main armée. Divorcé, sa fille adolescente, d