Adapté de Lune sanglante, le premier tome de la trilogie dite « Lloyd Hopkins », que l'on doit à James Ellroy, « Cop » a été écrit et réalisé par James B. Harris, un ami de The Dog. Du moins l'était-il à la fin des années 1980.
James B. Harris a aussi été le producteur des premiers films de Stanley Kubrick, et visiblement il a été à bonne école.
Ainsi la scène du générique d'ouverture du film ; alors que défilent les noms de la production et des acteurs, on entend, en voix off, quelqu'un qui tente d'obtenir des renseignements téléphoniques un numéro qui lui permettra de signaler un meurtre.
Avant d'aller plus loin, si vous avez le choix, optez pour la version originale du film.
Ce segment, interprété par Jimmy Woodard & Jordana Capra, où le comique de la situation le dispute à la gravité de ce qui tente de s'y dire, est saisissante.
L’acharnement de cet homme (Jimmy Woodard), qui veut faire son devoir de citoyen, et qui se révélera être en fait un cambrioleur tombé par hasard sur une sordide mise en scène de crime, se termine sur une chute qui vaut son pesant de cacahuètes salées. C'est là que la V.O ne compte pas pour du beurre (sic) ; les intonations, le phrasé, le silence aussi de l'opératrice (Jordana Capra), est largement au-dessus de la VF.
Cet inconnu donc, et qui le restera, demande à l'opératrice, puisqu'il n'a plus de monnaie - s'il peut utiliser, pour appeler la police, les cartes de crédits .... qu'il a volées !
Rien que cette séquence, de 2 minutes environ, vaut que ce film soit vu.
Mais ça n'était qu'un hors-d’œuvre, si je puis dire ; le reste, dont l'interprétation de James Woods, fait de « Cop » une petite pépite, avec ses faux airs d'Hollywood Night™.
L'un de ces films, dont on parle peu, qu'on découvre en se régalant, et qu'on ne manquera pas de revoir avec - peut-être - encore plus de plaisir.
James Wood y est un de ces flics qu'on adore regarder à l'écran mais dont on redoute de le voir un jour dans nos rues.
Et pourtant .....
Contrairement à Harry Callahan, le Lloyd Hopkins de Woods a une allure rassurante, mais c'est le genre de type capable de raconter ses enquêtes à sa petite fille, sans les édulcorer, plutôt qu'un conte de fées, avant qu'elle ne s'endorme.
C'est un flic, qui pour échapper à l'ambiance pesante qui s'est installée dans son couple, monte une arrestation, au débotté, en pleine nuit, avec son ex-partenaire (monté en grade), qui se termine par un cadavre, et un Lloyd Hopkins qui part avec la girlfriend du suspect refroidi.
Lloyd Hopkins est le genre de flic qui n'hésite jamais à s'introduire, en tout illégalité, où il croit bon de le faire.
..... et pourtant c'est aussi un flic opiniâtre pour qui les victimes comptent !
Je crois que « Cop » est le seul film (en tout cas à ma connaissance), qui montre, à l'écran, quelque chose d'important (ici le tueur en série que pourchasse Lloyd Hopkins), sans que la caméra ne s'y arrête. C'est assez stupéfiant. Mais c'est aussi et surtout raccord avec l'intrigue. Ce type, ce tueur de femmes, ne tombe pas du ciel de l'enfer, il occupe constamment l'arrière-plan, et de manière métaphorique & obsessionnelle, les pensée de Hopkins.
Notamment grâce à la musique, de Michel Colombier, à base de synthétiseurs très eighties, qui nous rappelle sa présence, et est également une composante essentielle à l'atmosphère générale du film.
Si Lloyd Hopkins est un dur-à-cuire qui ferait passer Dirty Harry pour un progressiste, Kathleen McCarthy (Lesley Ann Warren) est le portrait étonnant de ces néo-féministes françaises d'aujourd'hui, qui envahissent les journaux, les plateaux de télévision, et les rues ; capables d'absoudre leurs prédateurs en vertu d'une idéologie. Gasp !
Divertissant sur plusieurs plans donc, « Cop » est surtout excellent film, qui bénéficie d'une distribution au cordeau, et dont la chute a tout d'une catharsis heureuse !
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