Si Fantax appartient à la grande famille des super-héros, il est de la race des justiciers masqués, tendance dur-à-cuire.
Créé en 1946 par Chott (Pierre Mouchot) et J. K. Melwyn-Nash (alias Marcel Navarro), ce dernier poursuivra ensuite sa carrière aux éditions LUG, dans le staff éditorial et aux scénarios, notamment en écrivant l'une des plus belles aventures du Surfer d'Argent (avec l'aide de Jean-Yves Mitton en mode John Buscema) ; Fantax disais-je, est un vigilante dont le surnom n'est pas sans évoquer celui du Phantom, le personnage de Lee Falk : « l'ombre qui tue », déjà tout un programme !
Malgré des ventes spectaculaires, Pierre Mouchott, qui entre temps s'est embrouillé avec Marcel Navarro décida de saborder de lui-même sa création.
En effet, apparait en France à l'horizon législatif la loi du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, laquelle ne risque pas de faire bon ménage avec les méthodes expéditives de Fantax.
Compte tenu des avanie que connaitront les éditions LUG, Mouchot avait certainement vu juste.
Néanmoins Chott relancera plus tard son personnage, sous forme de courts récits en prose illustrés, puis sans y réussir cependant, sous la forme de bandes dessinées.
Le fils de Lord Horace Neighbour (l'identité civile de Fantax) reprendra toutefois le flambeau, au mitan des années 1950, mais sous l'identité du policier Black Boy. Autrement dit sans masque.
Masques qui, comme on le sait, était l'une des cibles favorites de la commission de surveillance et de contrôle des publications pour la jeunesse.
Toutefois, Pierre Mouchot sera longtemps l'objet de tracasseries judiciaires, consécutives à ladite loi du 16 juillet 1949 ; et il écopera finalement, en 1961, d'une peine d'un mois de prison (condamnation à méditer en regard de celles dont sont sanctionnés les délinquants d'aujourd'hui) et d'une forte amende.
Une sanction qui le décidera à fermer définitivement sa maison d'édition, la SER™.
Si à la fin des années 1980 la revue Bédésup édita, sous la forme d'un supplément, un recueil des aventures de Fantax, c'est aux environs de 2009 que Tanguy Mouchot, petit fils de Pierre Mouchot donc, entreprend, avec l'aide de sa tante, Danièle Mouchot, de ramener le justicier masqué aux affaires.
D'abord en publiant un fac-similé de sa première aventures (infra), puis en éditant sous forme de recueils toutes les aventure de « l'ombre qui tue ».
Succès aidant, Fantax aura droit à de nouvelles aventures sous la forme d'histoires courtes recueillies dans un sixième tome, puis cette années de deux albums contenant chacun une longue histoire - 60 pages pour « Ô, vieillesse ennemie ! », vendu au prix de 22 euros.
Scénarisée par Thierry Mornet, éditeur dont le très bon travail, d'abord chez S.E.M.I.C., puis chez Delcourt™ n'est plus à vanter, mais également scénariste à ses heures, notamment sur son propre personnage, Le Garde Républicain.
« Ô vieillesse ennemie ! » est dessinée & colorisée par Paskal Millet, dont je ne connaissais pas le travail jusqu'à maintenant, mais qui, après cette première rencontre, figure dorénavant sur ma liste d'auteurs à suivre.
Or donc, légataire d'une aventure éditoriale qui le précède, Thierry Mornet se comporte comme un héritier respectueux.
Il ne modernise pas le personnage, il ne base pas son scénario sur cette ironie distanciée tellement à la mode, non ; il invente une histoire que Pierre Mouchot ou Marcel Navarro auraient pu écrire eux-mêmes.
Et surtout une aventure qui laisse à Paskal Millet tout le loisir de montrer son talent.
Ce dont il ne manque visiblement pas !
Millet donne au récit le tempo qu'il lui faut selon les circonstances dictées par le scénario, les cadrages aiguillent le regard et parlent quasiment d'eux-mêmes, les onomatopées sont judicieusement utilisée et ne font pas que de la figuration, et les couleurs renforces à la fois l'ambiance, mais aussi la caractérisation des personnages.
C'est vraiment de la belle ouvrage.
Fantax ne pouvait rêver mieux pour son grand retour parmi ses pairs !
(À suivre ....) j'espère !
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