Avant de mettre la main sur « Flag », une bande dessinée du scénariste David Chauvel & du dessinateur Erwan Le Saëc ; j’avais un lointain mais bon souvenir des polars du scénariste.
« Flag » est donc une histoire de 110 pages en noir & blanc où j’ai l’impression que Tarantino projette son ombre tutélaire sans vergogne.
Notamment au travers des dialogues à l’emporte-pièce, saisis au vol, pleins de digressions. Une influence que je ne critiquerai pas, puisque clairement, elle facilite grandement l’immersion dans le quotidien de cette brigade anti-criminalité, que les deux auteurs nous proposent de suivre.
Sauf que, s’agissant de l'autre marque de fabrique du natif de Knoxville, la greffe ne prend pas aussi bien.
Chauvel & Le Saëc jettent de facto aux orties la narration linéaire pour une chronologie erratique dont je cherche encore la plus-value ?
Mais ce qui m’a surtout frappé en lisant « Flag », c’est le parti pris des auteurs.
Un choix que l’on peut d'ores et déjà appréhender en lisant la quatrième de couverture, dont ils ne sont pas forcément les auteurs ceci dit, et qui témoigne d’un point de vue très révélateur. Et qui ne contredit en rien le contenu de l'histoire.
En effet « Flag » est donc, selon ce texte, un récit sur je cite : « la chute d’une jeune dans la criminalité », Lucas Perrault, et comment réagirait un
« flic » qui y assiste.
Je vous épargne le préjugé qui fait d’un criminel un « jeune » et d’un policier un
« flic », pour m’attarder sur l’idée qu’on puisse « chuter dans la criminalité ». Un peu par inadvertance, oups !
À une époque pas si lointaine la SNCF affichait dans ses trains une mise en garde s'agissant justement des chutes ; j’aimais beaucoup pour ma part, la version italienne : è pericoloso sporgersi. Mais je m'égare (du Nord).
Si « Flag » semble équilibrer son propos entre les actes des policiers et ceux des criminels - et leurs conséquences ; ce qui soit dit en passant est déjà un parti pris douteux. La fin de l'histoire ne laisse aucun doute sur ce qu’il faut penser de ce que la quatrième de couverture n’a pas peur d’annoncer comme étant le « récit pour lequel [Chauvel & Le Saëc] ont mené une véritable enquête sur le terrain ».
« Flag » se termine en effet sur une séquence très rocambolesque, où un fonctionnaire de police (?), que nous avons juste entraperçu sans savoir qui il était, ni son rapport avec l’histoire elle-même (il est en train de préparer son repas), une sorte d’aléa - comme peut l’être j’imagine la « chute dans la criminalité », devient le bras armé (sic) d'une société (qu'on devine répressive) et transforme le jeune Lucas Perrault en victime ....... d’une bavure. Comme c'est original !
Et décevant !
Et pourtant il y avait moyen de mettre en évidence des responsabilités dans ce type d'histoire.
Simplement, par exemple, dès la première interpellation, si la victime, consciente de ses responsabilités (et sur l'insistance des policiers) avait déposé plainte contre son agresseur, et que la justice avait fait son travail en le punissant ; peut-être que le drame final aurait pu être évité.
Oui je sais, là on est en pleine fiction !
Mais je doute fort que sanctionner un comportement délictueux soit dans l’arsenal créatif de Chauvel & Le Saëc. Il est plus facile de faire porter le chapeau aux « flics ».
Lesquels, je ne sais pas si vous l'avez remarqué, sont les seuls à qui on reproches de faire des « bavures ». Qu'un juge remette en liberté un délinquant, qui réitère un délit, voire un crime, jamais il ne lui sera reproché d'avoir fait une « bavure ».
Étonnant, non ?!
Et puis soyons fous, imaginons que Lucas Perrault ait eu des parents, et que ceux-ci lui aient inculqué quelques valeurs, du genre de celles qui vous évitent de croiser un policier.
Mais là, mes amis, que crains que le récit serait devenu un tantinet trop fasciste.
Reste une histoire dont je me demande encore ce qu'elle raconte vraiment.
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