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Ghost [John Ringo]

C'est sur la foi de sa réputation que j'ai commencé « Ghost » de John Ringo.
Ringo est en effet un auteur réputé de SfFF, notamment de science-fiction militaire, qui n'a pas été atteint par le virus woke.
Mais je ne m'attendais pas du tout à ce que j'ai lu.
Ce livre a d'ailleurs fait naitre pas mal de discussions, ainsi que des critiques très tranchées. Ce que j'ai appris plus tard. 
            Au point que John Ringo a cru bon d'expliquer comment ce bouquin en est venu a être écrit, puis - ce qu'il ne comptait pas faire, publié.
            Ringo, explique-t-il lui même est un type qui vit de son écriture ; il jongle entre les contrats et les avances pour ne pas manquer d'argent.
Et « Ghost », ou du moins l'idée de départ, lui est venu après une période d'intense créativité. Et cette idée lui revenait régulièrement, l'empêchant quasiment de travailler sur autre chose.
Ni tenant plus, il a décidé de la mettre sur le papier de manière à s'en débarrasser, mais sans intention d'en publier la forme aboutie.       
Il avoue même qu'à ce moment-là, ce qu'il pensait du roman qu'il venait d'écrire était aussi négatif que la plus négative des critiques qui depuis en a été faites.
Après l'avoir lu, une fois apaisé, il ne le pense plus.
            Bref, ceci étant fait, il a quand même cédé et en a parlé ici ou là, et les retours en ont été très enthousiastes.
Notamment de la part de l'éditeur Jim Baen, sur le forum duquel John Ringo avait publié une partie de ce qu'il avait écrit. Discussion après discussion Jim Baen a emporté le morceau, sans même laisser à John Ringo la possibilité de voir publier ce roman sous un pseudonyme.
« Ghost » est devenu depuis 2005 une série, connue sous le titre général de Paladin of Shadow, et elle compte six romans. 
Ou plutôt 6 ouvrages puisque par exemple « Ghost », est un recueil qui contient une novella, et deux nouvelles.  
Mais de quoi cela parle-t-il ?
            Eh bien c'est assez simple en fait. Comme souvent la littérature de de masse.
Michael Harmon est un ancien SEAL de la Marine américaine, qui a pris sa retraite, et qui fait alors des études d'Histoire à l'université de Géorgie à Athens.
Témoin d'un kidnapping, instinctivement, et malgré les séquelles qui lui ont laissé ses 15 ans de service sur le terrain, il s'accroche à la camionnette des kidnappeurs.
Une fois arrivé à leur QG, il délivre deux victimes, zigouille les ravisseurs, qui se révèlent être des terroristes islamistes, et découvre une entreprise de plus grande ampleur à laquelle il va s'attaquer sans attendre de renfort. Non, Michael Harmon n'est pas une femmelette.
Bon, pas de quoi fouetter un chat me direz-vous.  
« Oh, come on, » Mike scoffed. « I know you're an airhead, but use at least one brain cell. Do the police commonly shoot people through the leg to get information? » 
            Outre un sens des situations particulièrement pointu et un instinct sûr pour les scènes d'action John Ringo prête à son personnage principal une orientation politique qui explique sûrement pourquoi il n'est pas publié par les maisons d'éditions américaines qui ont pignon sur rue, et pourquoi il sera tout aussi sûrement évité par les éditeurs français.
          Michael Harmon critique par exemple l'un de ses professeurs, qui attribue tous les maux de l'Afrique au colonialisme de l'homme Blanc. Il se moque également de la vision que propage de l'esclavage, la mini-série télévisée Racines, dans ses 15 premières minutes.
Mais surtout Michael Harmon est un misogyne aux pulsions réfrénées de harceleur, voire de violeur. Shocking!
D'ailleurs, lorsqu'il est témoin de l'enlèvement qui déclenche son retour sur les terrain des coups sans permis, il est tout simplement (si je puis dire) en train de suivre la (future) victime et de fantasmer sur elle.
Sa conscience, qui l'empêche de passer à l'acte donc, fait qu'il ressent par ailleurs une haine viscérale envers les violeurs. Ça tombe bien il va pouvoir en décaniller en rafale, une fois en Syrie.
            Car oui, Ringo explique aussi que contrairement à ses autres romans, 
« Ghost » est une histoire où tout ce qui pouvait entraver la bonne marche de son récit a été écarté sans ménagement.
Il prend l'exemple de David Morrell, l'auteur notamment de Rambo (First Blood), qui n'entretient que des liens ténus avec la réalité dit-il. Au point, par exemple, d'équiper les unité des Forces spéciales américaines de chiens. Oui, Ringo est un homme pointilleux.
Cela dit, il ne retire rien aux talents de page-turner de Morrell. 
Ni moi non plus d'ailleurs.
Même s'il dit avoir utilisé le fruits de recherches qu'il avait faites pour une autres série - Dragons - s'agissant de victimes de  viol. 
« Girls all tied up and covered in blood are a real turn-on » 
            Or donc, après avoir voyagé dans des conditions où tout autres que lui serait mort de froid ou d'un manque d’oxygène Ghost débarque sur une base en Syrie, empêche un chantage à base de tortures filmées de jeunes femmes, court-circuite la fabrication d'armes biologique et offre un présent au président des U.S.A., digne d'un Sam Peckinpah.
Non sans faire des blagues sexistes, et se rincer l’œil pendant toute l'opération de sauvetage, puisque les jeune femmes kidnappées sont - bien sûr - topless, et en petite culotte.
            Si son anti-héros n'est toutefois pas un type qu'on inviterait forcement chez soi, John Ringo - qui n'est pas son personnage - écrit aussi des personnages féminins qui ne s'en laissent pas forcément conter. Et toute une brochette de durs-à-cuire qui n'ont pas un taux si haut de masculinité (toxique).
            Alors oui, « Ghost » est une lecture qui surprend.
Je crois d'ailleurs qu'un tel type de héros n'a jamais été fait. Même si par exemple, James Lindsay a inventé un tueur en série héroïque. Mais Dexter est néanmoins plus politiquement correct pour le gauchisme culturel, qu'un phallocrate, voyeur, qui réprime ses envies de viols.
Quand bien même tout cela reste de la fiction.
            Alors pour l'instant je n'ai lu que la novella Winter Born, et la suite ai-je entendu murmurer, est nettement plus corsée.
Je vais donc reprendre mon souffle, mais puisque l'originalité de Michael Harmon me plait, ainsi que le style de John Ringo aussi,  et que tout ça ne manque décidément pas d'humour, je vais m'y replonger, plus tôt que tard.
 
! Hasta la vista baby ¡     
(À suivre .....)

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