BLACK SCIENCE
Scénario : Rick Remender Dessin : Matteo Scalera Couleurs : Dean White Traduction : Benjamin Rivière Lettrage : Laurence Hingray & Christophe Semal - Studio Myrtille Éditeur : Urban Comics ___________ Grant McKay, fondateur de la Ligue Anarchiste Scientifique, a accompli l’impensable en créant le Pilier, un artefact capable de plier les arcanes de la Science Interdite à sa volonté et offrant à l’humanité la possibilité de voyager à travers les dimensions. |
••• Les histoires de fantômes ne sont pas plus faites pour les fantômes que les histoires de science-fiction pour les scientifiques.
Et c’est tant mieux puisque le « Pilier », invention scientifique de la série Black Science, tient plus du McGuffin hitchcockien que de la science, même la plus prospective jamais envisagée.
Série d’aventures échevelées donc, Black Science avant même de m’évoquer la série télévisée Sliders, les mondes parallèles m’a remémoré Au cœur du temps (The Time Tunnel/1966-1967), jusque dans le logo utilisé par l’équipe de Grant McKay qui semble pasticher le célèbre tunnel.
Ce n’est d’ailleurs pas la seule ressemblance que la nouvelle série de Rick Remender semble partager.
Certains personnages m’ont fait penser à ceux du dessin animé Captain Flam, d’autres singeaient le design des chevaux cybernétiques de Galaxy Rangers (un autre dessin animé) ; voir le rapace espion des Silverhawks, toujours dans le domaine de l’animation.
À croire que Remender et son dessinateur, Matteo Scalera, veulent instiller la perméabilité des dimensions jusque dans le domaine de l’imaginaire, en allant piocher ici et là des artefacts culturels capables de donner cette impression.
Une idée plutôt astucieuse.
Et Black Science n’en manque pas.
Malheureusement Rick Remender a aussi décidé semble-t-il, de lester tous ses personnages ou presque, d’une charges de remords, de regrets et de culpabilité, en un mot d’un pathos quasi pathologique ; et de les laisser l’exprimer dans des récitatifs consécutifs dont la durée excède ce que je suis humainement capable de supporter (toutes choses égales par ailleurs). [-_ô]
À tel point que j’ai lu certains numéros qui composent les trois recueils publiés par Urban Comics en occultant volontairement tous les récitatifs.
J’y suis toutefois revenu en les lisant, mais j’ai préféré de loin ma première lecture.
Vous connaissez sûrement le phénomène dit du « t-shirt rouge » dans la série télévisée Star Trek. Eh bien Rick Remender a aussi inventé un phénomène tout aussi létal pour ses personnages qui, sans porter forcement de t-shirt rouge n’en demeurent pas moins tout aussi identifiables.
Et la répétition des causes produisant les mêmes effets, pénalise de mon point de vue une série qui n’avait pas besoin de ça pour assez vite pédaler dans la choucroute.
Phénomène lié au précédent la multiplication des avatars dimensionnels amoindrit beaucoup l’intérêt que l’on peut porter aux personnages, tant semble important leur vivier. Cela dit c’est aussi un paradoxe qu’il est difficile de totalement ignorer, mais là pour le coup Rick Remender en use beaucoup (dans tous les sens du terme).
Il me semble que Fear Agent (une série précédente du scénariste) usait aussi un peu trop la corde du paradoxe temporel de la même manière (?).
Du côté artistique - c’est d’ailleurs cet aspect de la série qui m’a fait continuer (et aussi d’avoir les trois premiers recueils via une médiathèque) – c’est très réussi.
Le storytelling de Matteo Scalera est très addictif et immersif, sa capacité à inventer des ambiances, des décors et des costumes différents pour chaque dimension visitée donne vraiment le change.
Et le travail du coloriste Dean White (dont je suis très amateur) est tout aussi exotique.
Je ne peux pas dire que Black Science soit à l’aune de mes goûts, une catastrophe (ça serait exagérer).
Néanmoins la propension du scénariste Rick Remender à accabler tous ses personnages, et à en faire des égoïstes pleurnichards incapables de se prendre en mains qui changent d’avis et de comportement comme de chemise, n’apporte rien sinon de tirer (un peu trop) sa série vers le pensum.
Certes plus il y a d'agôns donc d'entropie, plus la production de récit augmente, mais il ne faut pas non donner l'impression que les personnages seraient bien mieux entre les murs d'un hôpital psychiatrique qu'entre les pages d'une série d'aventures de type S-F.
Reste que malgré tout, j’aimerais beaucoup connaître le fin mot de l’histoire, et que si la médiathèque où j’ai mes habitudes acquière les tomes suivants, j’en serai.
J'ai acheté les deux premiers tomes mais ça ne m'a pas donné envie de poursuivre.
RépondreSupprimerIl paraît que le scénario prend un virage à partir du tome 4, ce qui fait un grand bien à la série.
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