…. Adaptation d’un roman d’Ed McBain, le romancier qui a fait d’un commissariat le personnage principal d’une série de romans, quelqu’un sans qui le paysage culturel occidental ne serait peut-être pas ce qu’il est (Pour en savoir +), sans rire, Sans mobile apparent (1971) a été réalisé par Philippe Labro.
Labro, véritable couteau suisse du divertissement, tantôt journaliste, écrivain, parolier, prescripteur culturel ou encore programmateur d’une grande station de radio avant d’en prendre le vice-présidence, et j’en passe, s’adjoint ici la collaboration de Jacques Lanzmann, un homme forgé au même éclectisme que lui, pour écrire le scénario et les dialogues du film à partir du roman Dix plus un (Ten plus one).
Sur un scénario que je trouve très astucieux – même si une fois le film terminé il paraît très simple, ce qui est souvent le cas avec les meilleurs idées – Philippe Labro tente dirait-on, une réalisation originale malheureusement un poil plombée par une direction d’acteurs qui suscite bien trop de distance avec son sujet.
Bien évidemment je ne peux que deviner, mais la présence d’un nombre conséquent (en regard de la totalité de la distribution) d’acteurs et d’actrices au jeu très « froid », voire très désincarné ; de certains décors dont on les voit pour ce qu’ils sont c’est-à-dire des décors, ou de scènes qui font plus penser à des photographies posées, tout cela me laisse penser que cette « minéralité » - et la photographie de Jean Penzer accentue encore cet aspect, que cette froideur donc a été voulue par Labro.
Jusqu'au caractère de l’inspecteur Carella (Jean-Louis Trintignant) dont les silences et les « absences » renforcent cette impression d’assister à un film qui montre ce qu’il est : une mise en scène.
Cela dit, compte tenu du scénario, il y a peut-être chez Philippe Labro l’idée de draper son film d’une forme qui rappelle l’un des aspects dudit scénario.
Labro au boulot |
Reste qu’après avoir vu Sans mobile apparent j’ai appris que Philippe Labro, qui entretenait d’excellents rapports avec Jean-Pierre Melville, a été en contact avec lui durant toute la durée du tournage et que ce dernier lui aurait prodigué quelques conseils.
Et en effet, on retrouve peu ou prou une atmosphère « melvillienne » si je puis dire dans ce long-métrage.
…. Sans mobile apparent est un film que l’on peut néanmoins voir, nonobstant cette minéralité qui me semble jouer contre son camp, au moins pour l’étrangeté qui justement s’en dégage (et pour son scénario plutôt futé).
Excellente analyse, assez fine, sur ce film pour le moins réussi.
RépondreSupprimerUn film de tension, avec un mystère qui se dévoile au fur et à mesure de l'intrigue, sur une assez bonne musique de Morricone, qui s'était d'ailleurs rendu sur le tournage...Mais, surtout, je retiens que la ville de Nice fut assez bien mise en valeur, de même que ses moeurs douteuses !
Bravo pour ta plume, cher Artemus, que ce soit sur n'importe quel sujet mais également ceux relatifs à Alan Moore !
Merci beaucoup pour tes compliments.
SupprimerAu plaisir de te relire.