« Ado » est une très courte nouvelle, publiée en 1988 aux États-Unis, et traduite en France par Jean-Pierre Pugi dés 1995, dans un recueil de nouvelles dédié à Connie Willis, intitulé Aux confins de l'étrange. (On trouve également ce récit au sommaire du tome 4 d'une Histoire de la science-fiction par Jacques Sadoul en Librio™)
Une traduction qui ne coule pas de source, le texte de Connie Willis raconte en effet les difficultés que rencontre un professeur de littérature anglaise lors d'une étude des œuvres de Shakespeare.
En outre, puisqu'il s'agit de corriger des textes ou des expression en anglais, qui risquent d'offenser tel ou tel groupe de pression, la traduction ne peut pas toujours s'en tenir au texte original.
Par exemple à un moment donné une élève est décrite agenouillée à côté de sa pancarte, en train de biffer « l’homme » avant « de confiance ». Dans la version originale, cette même élève supprime le mot « man » de « spokeman » (porte-parole).
Le titre lui même de la nouvelle en question, est d'ailleurs une référence à la pièce Beaucoup de bruit pour rien (Much Ado About Nothing en version anglaise) qui risque d'échapper à beaucoup de monde.
Toutefois, même si vous n'êtes pas familier du Barde, je ne doute pas que cette petit nouvelle fasse son effet. Ne serait-ce que par l'humour glaçant qu'elle véhicule aujourd'hui.
Car l'histoire que raconte, à la fin des années 1980, Connie Willis, est devenu notre quotidien.
Le Monde™ par exemple, dans son édition du 27 janvier 2023, donne la parole à André Gunthert, historien des cultures visuelles, et à Carole Talon-Hugon, philosophe spécialiste d’esthétique, lesquels déclarent dans leur entretien : « la valeur morale d’une œuvre fait partie de sa valeur artistique ; qu’une valeur morale positive augmente la valeur artistique, alors qu’une valeur morale négative la diminue ».
Plus récemment, on a appris que les romans de Ian Fleming et de Roald Dahl seraient retouchés.
Il faut croire que les ayants droits des deux auteurs ont lu notre quotidien vespéral.
En 2019 on a brûlé dans le sud-ouest de l'Ontario 5 000 livres, accusés de propager des stéréotypes (comme Dahl & Fleming).
Cette liste non exhaustive de faits plus ou moins spectaculaires, qui marient harmonieusement Aldous Huxley à George Orwell, risque de devenir un bruit de fond de plus en plus discret grâce à la numérisation de la littérature et des abonnements aux bibliothèques virtuelles.
En effet, quoi de plus facile que de modifier des textes numériques à l'insu de tout le monde, via des applications idoines.
Last but not least, Huxley et Orwell (précédemment cités pour leur clairvoyance), ainsi que par exemple, C.S. Lewis ou J.R.R. Tolkien, seraient des auteurs qui constitueraient des signaux d'alarme faibles de radicalisation pour l'Unité de recherche, d'information et de communication (RICU, en anglais), selon un éditorial de l'essayiste Douglas Murray paru dans l'hebdomadaire anglais The Spectator™.
Rien que ça.
On vit décidément une drôle dépwoke, non !?
Mais que cela ne vous empêche ni de lire Connis Willis, ni Ian Fleming, ni Roald Dahl, comme il vous plaira, mais dépêchez-vous !
Car comme disait Albert Camus, « la bêtise insiste toujours ».
Awomen!
En effet les censeurs de tout poil sont bien là. Méfions-nous un peu de trop de bien pensance car bien des dictatures pour s’installer ont revêtu ses habits .
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