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Anthem (Hymne) [Ayn Rand / Jacqueline Balestier & Philippe Chamy]

A
yn Rand (1905 - 1982) n'est pas très connue dans l'Hexagone, contrairement à sa patrie d'adoption. 
En effet, aux État-Unis, son œuvre romanesque est réputée être la plus lue après la Bible. Sa notoriété est telle qu'on trouve facilement des références à son travail dans la culture de masse. Et nombre de gens influents ont été influencés par ses idées.
            Née en 1905 dans la Russie tsariste, elle expérimentera familialement l'arrivée au pouvoir des bolcheviks. Événement dont elle tirera une haine inextinguible pour le collectivisme, qu'elle conservera toute sa vie.
En 1925 elle émigre aux U.S.A.
            Pour brosser un portrait très rapide de ses idées, je dirais qu'Ayn Rand remet totalement en question le modèle de l'altruisme, entendu comme, je cite : 
« le précepte selon lequel le devoir de l'homme est de vivre pour son prochain ». Philosophe de l'individualisme donc, des droits souverains de l'individu sur lui-même, elle ne lui reconnait cependant pas de les exercer sur autrui. 
Selon Alain Laurent, son coup de génie a été de faire passer ses idées via la littérature. Sa philosophie, que l'on appelle « objectivisme », stipule que le seul outil dont dispose l'être humain est la rationalité. Laquelle consiste à découvrir le réel, avec ses lois. Il faut donc s'y prendre d'une façon objective (C.Q.F.D.), pour que la démarche que l'on entreprend soit couronnée de succès. 
C'est en suivant rationnellement son désir égoïste, qu'on transcende une société repliée sur son consensus, disait-elle.
            Ayn Rand entendait proposer une idéologie qui pourrait donner les moyens de contester toute idéologie. Et ce n'est pas le seul paradoxe de l'objectivisme. 
En effet, les romans de la native de Saint-Pétersbourg, mettent en scène des femmes fortes, entreprenantes, mais qui succombent toujours au créateur masculin. Ce qui est loin d'être au diapason des sociétés occidentales enmeetooflées d'aujourd'hui.
Elle défend ardemment le capitalisme entrepreneurial, mais qui peut tout à fait s'opposer au pouvoir de l'argent, quand celui-ci devient corrupteur. Son individualisme n'est pas non plus une totale séparation d'avec les autres., Pas plus qu'elle ne prône l'anarchiste. Elle pensait simplement que l'État devait se contenter de protéger les individus, notamment au travers de la justice, ou de l'armée. 
Et c'était une anti-raciste absolu, puisqu'elle classait le racisme dans le collectivisme. 
Pour elle l'individu vaut uniquement par lui-même est non au travers d'une quelconque essentialisation.
Et c'est là tout le propos d'«Anthem », que l'on peut traduire par Hymne, une nouvelle parue en 1938, disons pour situer le propos ; entre Nous autres, d'Evgueni Zamiatine, et 1984, de George Orwell.
            Pas besoin d'être un vieux briscard de la culture de masse, ni d'être certifié ès dystopies, pour s'apercevoir que l'intrigue d' « Anthem » est cousu de fil blanc.
Toutefois il faut être honnête est restituer ce récit dans son époque d'une part, et au sein même de l’œuvre d'Ayn Rand. 
Si l'histoire vaut par elle-même pour la découverte qu'elle procure ; elle ne contient peut-être pas la totalité des idées que l'on retrouvera au fil de ses (imposant) romans, mais en tout cas leur substantifique moelle.
             Ainsi utilise-t-elle ici ce que l'on appelle la « nostrité », autrement dit en russe on ne s'exprime pas en déclarant : « mon frère et moi sommes allés nous promener. » mais « nous avec mon frère sommes allés nous promener. » 
Dans le monde imaginaire et collectiviste décrit dans sa nouvelle, Ayn Rand efface toute notion d'individualité. Le pronom « Je » a disparu, remplacé par le pronom  « nous ». 
C'est aussi le cas pour « il » et « elle », qui deviennent « ils » et « elles », puisque le narrateur ne peut s'exprimer qu'au pluriel. 
            Or donc, si « Anthem » ne peut décemment pas concourir pour le meilleur récit du mois, la perspective qu'il donne de l’œuvre d'une influente (et en France, souterraine) philosophe américaine, ainsi qu'un brin de curiosité ; pourrait vous convaincre de vous laissez tenter.
À l'occasion.      

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