C'est Liam Neeson, 70 ans au compteur, qui apporte ce projet, sous la forme d'un scénario écrit par William Monahan, au réalisateur Neil Jordan.
Ce dernier qui connait bien Neeson pour l'avoir dirigé quatre fois, a par ailleurs lu et apprécié le roman de John Banville, qui sous le pseudonyme de Benjamin Black a écrit un nouveau roman (La blonde aux yeux noirs) consacré au célèbre détective privé angeleno, créé en 1939 par Raymond Chandler, dont le scénario en question est justement l’adaptation.
Aujourd'hui, Philip Marlowe risque d'apparaître comme une caricature du détective privé, d'autant que le film de Jordan met en scène tous les stéréotypes du (mauvais) genre dit du « film noir ». Alors que ce personnage est plutôt un archétype, en ce sens qu'il a, avec notamment le Sam Spade de Dashiell Hammett, imprimé dans l'imaginaire collectif, surtout grâce au cinéma, ce qu'est un privé digne de ce nom.
Archétypes, (mauvais) genre, cinéma, c'est exactement de ça dont parle
« Marlowe ».
Fin des années 1930, Clare Cavendish (Diane Kruger) héritière, et fille d'une célèbre star du cinéma (Jessica Lange) requière les services de Marlowe (Liam Neeson) afin qu'il retrouve son amant supposément mort lors d'une rencontre fortuite avec un véhicule « au moteur à combustion interne ».
Ce sera l'occasion pour Neil Jordan d'offrir une intrigue pas si cousu de fil blanc que ça.
La fin, notamment, qu'il a personnellement remaniée par rapport au scénario écrit par Manohan, est pour le coup inattendue. Les presque 2 heures que dure le film propose une reconstitution très convaincante, des seconds rôles intéressants ; je pense notamment à Adewale Akinnuoye-Agbaje dans le rôle de Cédric qui philosophe en citant Alfred Hitchcock, ou a Danny Huston (fils de John) en gérant veule d'un club très privé. Ou dit autrement, « Marlowe » est un film postmoderne, à la dimension ludique évidente (dès les premières images) pour les cinéphiles - qui ne manqueront pas les nombreux clins d’œil très « recognize and enjoy », dont le long-métrage n'est pas avare.
Mais surtout, et c'est aussi son talon d'Achille, « Marlowe » est un film dont l'apparente naïveté est ironique.
Liam Neeson, Jessica Lange, Diane Kruger ou encore Danny Huston, mais aussi et surtout Neil Jordan savent qu'ils jouent et réalise un « classique » sans jamais oublier de susurrer qu'ils sont dans un film.
En effet, « Marlowe » est un « film noir » à la hauteur du Faucon Maltais, avec le risque de décevoir en termes de rythme et de « clichés », les spectateurs qui ignorent tout ou presque du (mauvais) genre dont il se revendique (j'ai par exemple lu une critique qui attribue le rôle du détective du Faucon Maltais à Marlowe).
Et si Neil Jordan utilise le langage de la réalisation, dès les premières images d'un Marlowe regardant pas sa fenêtre, pour signifier la dimension postmoderne de son projet, cette dimension ludique a cependant besoin de spectateurs sinon érudits, à tout le moins curieux.
Et qui surtout n'acceptent pas de brûler les anciennes idoles, à l'aune d'une vison anachronique.
« Marlowe » plaira donc aux amateurs de « films noirs » 1er degré, et aux happy few du troisième degré, mais qui ne considèrent pas la déconstruction comme allant de soi.
Il risque toutefois d'ennuyer la grosse majorité restante.
On y repesant, « Marlowe » est au « film noir », ce que The Lone Ranger [Pour en savoir +] est au western.
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