Accéder au contenu principal

Vegas Mytho


P.23 : Sans me vanter, je crois que j'étais un bon prof. Chaque année, je démarrais sur les chapeaux de roues : Sartre, l'existentialisme et ses ramifications littéraires, de Vian à Camus. Je connaissais mon sujet. J'aimais appliquer ces grandes théories aux personnages de comics.

.. Thomas Hanlon est un ex-professeur, probablement du même genre que celui de John Keating, qui a décidé de tenter la bohème en prenant un grand virage dans le Greenwich Village des années 50, non pas en vivant d'amour et d'eau fraîche mais de la lecture de ses poèmes et d'alcool.
C'est lors d'une lecture publique dans une librairie de Bedford Street qu'il rencontre Sophia Stamatis...


Le plus court chemin d'un point à un autre ?
La ligne de mire !

Miranda Dyson in L'Arithmétique de la Panique

Howard Hughes

Vegas Mytho est un long flashback, mêlant des Dieux de la mythologie grecque, des gangsters de la Mafia, des plombiers du F.B.I, de la drogue, des stars et des starlettes, des milliardaires excentriques et tordus et la Ville du Péché : Las Vegas.


... Si on constate (et déplore pour certains) une américanisation du monde, à  l'inverse, à Las Vegas on recrée sur place le "reste du monde".

Las Vegas a d'abord été un camp de repos pour les voyageurs qui se rendaient en Californie, puis une ville d'éleveurs qui se développa grâce aux subsides que le gouvernement fédéral dépensa pour la construction du barrage Hoover et des bases militaires des environs. Si la ville connue une arrivée massive de joueurs après la seconde guerre mondiale, le véritable essor ne se produisit qu'à la fin des années 70.  

Ce flashback est entrecoupé "d'encarts documentaires" sur la famille Stamatis et quelques unes de ses aventures au cours des siècles passés qui éclairent la situation dans laquelle se trouve impliqué Hanlon. 
L'auteur explique par ailleurs dans la postface de son roman que son modèle était l'American Death Trip de James Ellroy, avec [..] son style sec, haché, coup de poing. Pari réussi, l'ambiance des fifties vue au travers de la Beat Generation, l'aspect hard boiled tout ça est très bien rendu, du moins à l'aune de mes propres fantasmes sur le sujet.

Christophe Lambert ne se presse pas de nous faire rencontrer les Dieux de l'Olympe (du moins sous leur aspect divin), et cette attente participe d'ailleurs au plaisir du lecteur qui sait, lui, qui sont vraiment les Stamatis contrairement à Thomas Hanlon.

Les Mythologies - Alix Ducret
Le Festin nu

P.31 : J'avais très envie d'essayer la mescaline. Burroughs, que j'avais croisé lors d'une soirée donnée par des amis communs, m'en avait dit le plus grand bien.

... Au tout début du roman, peu de temps après sa rencontre avec la belle Sophia, Thomas Hanlon prend de la mescaline, et se retrouve (me semble-t-il) dans l'Interzone ce territoire international & interlope situé sur aucune carte entre Tanger et New York sinon dans le  dédale neuronal de William S. Burroughs sous l'empire du yagé que certains comparent à une bohème entre fiction et réalité.  
William S. Burroughs ! qui dans ses entretiens avec Eric Mottramn explique qu'au travers de Nova Express "je tente de créer une nouvelle mythologie pour l'ère spatiale. [..] Je dois ajouter qu'aucun de mes personnages dans ma mythologie n'est libre. S'ils étaient libres ils ne seraient plus dans le système mythologique c'est à dire de l'action conditionnée".

En lisant cela je me demande jusqu'à quel point Burroughts a influencé Thomas Hanlon car n'oublions pas qu'en 1957, au moment où se déroule les évènements auxquels est mêlé Hanlon,  Burroughs propose Le Festin nu à Maurice Girodias qui a fondé, je vous le donne Émile, les éditions Olympia Press. Cela ne s'invente pas !
Mais ce n'est pas terminé, en 1937 Burroughs a écrit une nouvelle, en collaboration avec Kells Elvins - Twilight Last Gleaming - inspirée du naufrage du Titanic, ceux qui ont lu Vegas Mytho comprendront.

Le Festin nu

Tout cela est fort troublant stupéfiant.

Plus stupéfiant que de voir Mikhaïl Gorbatchev donner une conférence à l'hôtel Mirage de Las Vegas, le 1er mars 1999 en ouverture d'une convention du fast-food ?
Gorbatchev faut-il le préciser, ex-président du Soviet suprême de l'URSS, décoré de l'ordre de Lénine, de la Bannière rouge du prolétariat et prix Nobel de la paix ?

Rien n'est vrai, 
tout est permis,
tout est possible.

W.S. Burroughs

Commentaires

  1. bon, ben je vais patiemment attendre la sortie en poche. j'avais bien aimé La Brèche. Du bon roman d'aventure, bien mené, bien documenté et sans prétention (ce qui, de nos jours, est une qualité qui fait défaut à un grand nombre d'auteur)
    j'espère que l'influence d'un Ellroy n'a pas changé la donne...

    sinon, le Rien n'est vrai, tout est permis, c'est une référence à Hassan i Sabbah, le vieil homme de la montagne, maitre des Hashisheen et figure étonnamment centrale de nombreux cut-ups effectués par Brion Gysin et Burroughs.
    (mais tu le savais peut être... je voudrais pas paraitre pédant...)

    RépondreSupprimer
  2. Tout à fait d'accord avec toi en ce qui concerne La Brèche. J'ai d'ailleurs le même avis pour ses romans suivants.

    Sur l'influence d'Ellroy, je n'ai lu de changement significatif, du moins rien qui n'altère la manière d'écrire de Lambert sur ce roman.

    En ce qui concerne la citation j'en avions eu vent, mais une piqure de rappel ne nuit pas.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

The Words

... The Words ( Les Mots ) est un film qui avait tout pour me séduire : le roman en tant qu'élément principal, des acteurs que j'aime bien ; D ennis Q uaid, J eremy I rons, J . K . S immons et B radley C ooper. Éléments supplémentaire l'histoire se révèle être une histoire dans l'hisitoire. Ou plus exactement un roman à propos de l'écriture d'un roman, écrit par un autre ; entre fiction et réalité.  Je m'explique. Clay Hammon fait une lecture public de son dernier livre The Words dans lequel un jeune auteur, Rory Jansen , en mal de reconnaissance tente vaille que vaille de placer son roman chez différents éditeurs. Cet homme vit avec une très belle jeune femme et il est entouré d'une famille aimante. Finalement il va se construire une vie somme toute agréable mais loin de ce qu'il envisageait. Au cours de sa lune de miel, à Paris , son épouse va lui offrir une vieille serviette en cuir découverte chez un antiquaire, pour dit-elle qu'

Juste cause [Sean Connery / Laurence Fishburne / Ed Harris / Kate Capshaw]

« Juste Cause 1995 » est un film qui cache admirablement son jeu.             Paul Armstrong , professeur à l'université de Harvard (MA), est abordé par une vieille dame qui lui remet une lettre. Elle vient de la part de son petit-fils, Bobby Earl , accusé du meurtre d'une enfant de 11 ans, et qui attend dans le « couloir de la mort » en Floride . Ce dernier sollicite l'aide du professeur, un farouche opposant à la peine capitale.   Dès le départ, « Juste Cause 1995 » joue sur les contradictions. Ainsi, Tanny Brown , « le pire flic anti-noir des Everglades », dixit la grand-mère de Bobby Earl , à l'origine de l'arrestation, est lui-même un africain-américain. Ceci étant, tout le film jouera à remettre en cause certains a priori , tout en déconstruisant ce que semblait proposer l'incipit du film d' A rne G limcher. La déconstruction en question est ici à entendre en tant que la mise en scène des contradictions de situations dont l'évidence paraît pour

Nebula-9 : The Final Frontier

... Nebula-9 est une série télévisée qui a connu une brève carrière télévisuelle. Annulée il y a dix ans après 12 épisodes loin de faire l'unanimité : un mélodrame bidon et un jeu d'acteurs sans vie entendait-on très souvent alors. Un destin un peu comparable à Firefly la série de J oss W hedon, sauf que cette dernière bénéficiait si mes souvenirs sont bons, de jugements plus louangeurs. Il n'en demeure pas moins que ces deux séries de science-fiction (parmi d'autres telle Farscape ) naviguaient dans le sillage ouvert par Star Trek dés les années 60 celui du space opera . Le space opera est un terme alors légèrement connoté en mauvaise part lorsqu'il est proposé, en 1941 par l'écrivain de science-fiction W ilson T ucker, pour une catégorie de récits de S-F nés sous les couvertures bariolées des pulps des années 30. Les pulps dont l'une des particularités était la périodicité ce qui allait entraîner "une capacité de tradition" ( M ich