Accéder au contenu principal

Les âmes perdues (4)

... En dernière extrémité, Linda était retournée dans la maison de Ridge Street espérant sans trop y croire qu'elle retrouverait Bolo. D'après ses calcule, celui-ci était le candidat le plus probable au titre de père de l'enfant qu'elle portait dans son ventre, mais bien des hommes étranges étaient entrés dans sa vie à cette époque ; des hommes dont les yeux semblaient dorés si la lumière était bonne ; des hommes aux soudains sourire sans joie. Quoi qu'il en soit, Bolo était demeuré introuvable, et elle se retrouvait seule - comme elle s'en était doutée. il ne lui restait plus qu'un espoir, celui de s'étendre et de crever.
... Mais il y a mourir et mourir. D'un côté, cette extinction qu'elle appelait chaque soir de ses prières, s'endormir et succomber insidieusement au froid ; de l'autre, cette mort, cette mort qu'elle percevait chaque fois que ses paupières s'alourdissaient sous l'effet de la fatigue. Une mort ne lui apportant ni la dignité dans le trépas ni l'espoir en un Au-delà ; une mort causée par un homme en costume gris dont le visage évoquait tantôt celui d'un saint presque familier, tantôt un mur au plâtre pourrissant.
... La main tendue pour mendier quelques pièces, elle se dirigea vers Times Square. Le flot de piétons était si dense qu'elle se sentait en sécurité pour le moment. Repérant un petit restau, elle commanda des œufs et un café, se débrouillant pour que ses maigres ressources lui permettent de payer l'addition. Le bébé s'agita quand elle se nourrit. Elle le sentit se retourner dans son sommeil, désormais près de se réveiller. Peut-être devrait-elle lutter encore un peu, se dit-elle. Pour le bébé sinon pour elle-même.
... Elle resta à sa table, retournant le problème dans sa tête, jusqu'à ce que les marmonnements du propriétaire la poussent à s'enfuir, rouge de honte.
... On était en fin d'après-midi et le temps ne s'arrangeait pas. Non loin de là, une femme chantait en italien ; quelque aria tragique. Les larmes aux yeux, Linda s'éloigna de la souffrance portée par les notes, prenant une direction au hasard.
... Alors que la foule l'engloutissait, un homme vêtu de gris s'écarta des badauds rassemblés autour de la diva des rues, envoyant son jeune acolyte en reconnaissance afin de ne pas perdre sa proie.
... Marchetti regrettait de s'arracher à ce spectacle. Celui-ci était des plus amusants. La voix de la chanteuse, noyée dans l'alcool depuis belle lurette, ratait sa cible d'un demi-ton essentiel - exemple parfait de perfection impossible -, rendant risible l'œuvre de Verdi tout en étant à deux doigts de la transcendance. Il reviendrait faire un tour dans le coin une fois que la bête aurait été éliminée. Grâce à cette extase ratée, il était plus proche des larmes qu'il ne l'avait été depuis des mois ; et il adorait pleurer.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

The Words

... The Words ( Les Mots ) est un film qui avait tout pour me séduire : le roman en tant qu'élément principal, des acteurs que j'aime bien ; D ennis Q uaid, J eremy I rons, J . K . S immons et B radley C ooper. Éléments supplémentaire l'histoire se révèle être une histoire dans l'hisitoire. Ou plus exactement un roman à propos de l'écriture d'un roman, écrit par un autre ; entre fiction et réalité.  Je m'explique. Clay Hammon fait une lecture public de son dernier livre The Words dans lequel un jeune auteur, Rory Jansen , en mal de reconnaissance tente vaille que vaille de placer son roman chez différents éditeurs. Cet homme vit avec une très belle jeune femme et il est entouré d'une famille aimante. Finalement il va se construire une vie somme toute agréable mais loin de ce qu'il envisageait. Au cours de sa lune de miel, à Paris , son épouse va lui offrir une vieille serviette en cuir découverte chez un antiquaire, pour dit-elle qu'...

Nebula-9 : The Final Frontier

... Nebula-9 est une série télévisée qui a connu une brève carrière télévisuelle. Annulée il y a dix ans après 12 épisodes loin de faire l'unanimité : un mélodrame bidon et un jeu d'acteurs sans vie entendait-on très souvent alors. Un destin un peu comparable à Firefly la série de J oss W hedon, sauf que cette dernière bénéficiait si mes souvenirs sont bons, de jugements plus louangeurs. Il n'en demeure pas moins que ces deux séries de science-fiction (parmi d'autres telle Farscape ) naviguaient dans le sillage ouvert par Star Trek dés les années 60 celui du space opera . Le space opera est un terme alors légèrement connoté en mauvaise part lorsqu'il est proposé, en 1941 par l'écrivain de science-fiction W ilson T ucker, pour une catégorie de récits de S-F nés sous les couvertures bariolées des pulps des années 30. Les pulps dont l'une des particularités était la périodicité ce qui allait entraîner "une capacité de tradition" (...

Le KU KLUX KLAN (3)

... Quelque soit son véritable poids idéologique ou même politique aujourd'hui, le Ku Klux Klan a déteint sur la culture de masse ; qui n'a pas entendu parler de la célèbre marque de cigarettes  Marlboro et des trois "K" présents sur son paquet, d'un homme qui en regarde un autre pendu (dont on ne verrait que les jambes), et sur la troisième image : la silhouette d'un Klansman ...  (liste non-exhaustive) . Marlboro n'est d'ailleurs pas la seule marque de cigarettes à avoir eu droit à des investigations sur la signification du design de son paquet de cigarette, Camel aussi. Dés les débuts du Klan , le bruit court que ces cavaliers "surgis hors de la nuit" sont les fantômes des soldats Confédérés morts au combat, des soldats qui ayant vendu leur âme au Diable sont de retour ici-bas et annoncent l'Apocalypse. Le nom même du groupuscule a longtemps était entendu comme le bruit que fait la culasse d'un fusil lorsqu'on l...