La science-fiction (Sf), qui naît avec le roman de Mary Shelley Frankenstein ou le Prométhée moderne (1818) du moins selon moi, est parfois considérée comme une littérature à thèmes, d'aucuns la voient ou la réduisent d'ailleurs à une panoplie.
Ce sont des histoires dans lesquelles il y a des sociétés futures et/ou des extraterrestres, des guerres stellaires, des robots, du space opera, etc.
Pour tenter de cerner le genre en tant que littérature, on pourrait dire de la Sf qu'elle propose une explication rationnelle aux merveilles qu'elle décrit.
Pour tenter de cerner le genre en tant que littérature, on pourrait dire de la Sf qu'elle propose une explication rationnelle aux merveilles qu'elle décrit.
Mais la science-fiction c'est aussi un imaginaire qui se construit par accumulations et enrichissements successifs, comme nous le verrons.
Chaque nouvel auteur bâtit sur les acquis des précédents.
Chaque nouvel auteur bâtit sur les acquis des précédents.
L'une des clés quand on veut écrire de la science-fiction disait Philip K. Dick, c'est de poser une prémisse qui l'isole complètement de notre monde à nous, coupure qui doit être réalisée à la fois au niveau de la lecture et de l'écriture.
Pourquoi Mary Shelley est-elle la mère de la science-fiction ?
Je rappelle dès à présent, que dans sa préface de 1818 Mary Shelley souligne la probabilité conjecturale de son roman compte tenu des connaissances scientifiques de l'époque. Ensuite, le roman Frankenstein est né, en partie, d'une discussion entre Mary Shelley & George Byron au sujet d'une expérience retentissante réalisée par Erasme Darwin au cours de laquelle il aurait réussi à donner vie à un fragment de matière inanimée conservée dans une éprouvette. Le laboratoire d'Ingolstadt apparaît comme à la point du progrès pour l'époque. En outre, la création de la vie n'est-ce pas le premier "mythe bioéthique" par excellence ? Du reste le roman met en scène une science toute nouvelle : l’électrochimie. Et pour finir la jeune romancière tient, dans la préface citée supra, à se démarquer des récits surnaturels de la littérature gothique :
Gardons aussi à l'esprit que la jeune romancière écrira un autre roman de science-fiction : Le Dernier homme (The Last man - 1826). |
Si Mary Shelley peut être considérée comme la mère de la science-fiction, c'est outre-Atlantique que le terme va apparaître pour la première fois, et plus précisément dans l'éditorial d'un pulp magazine (Pour en savoir +) créé par Hugo Gernsback Science Wonder Stories.
Dans cet éditorial (1929) Gernsback déclare : « C'est moi qui ai donné naissance au mouvement de science-fiction en Amérique en 1908, dans mon premier magazine Modern Electrics » (Source Jacques Sadoul - Une histoire de la science-fiction - Tome 1).
Gernsback avait dans un premier temps (1923) utilisé le terme « scientific fiction », puis l'année suivante celui de « scientifiction » pour finalement choisir science-fiction.
Ou peut-être que l'usage l'a fait pour lui.
Pour le dire vite, on peut tracer une chronologie succincte et schématique des débuts de la S-F ; une chronologie qui va de Mary Shelley à Hugo Gernsback en passant par le triumvirat Poe-Verne-Wells.
Toujours selon Sadoul, Edgar Rice Burroughs (ERB) quant à lui, ouvre une troisième voie C'est aussi mon avis, même si mon analyse diffère de celle de Sadoul :
Contrairement à ses contemporains Garett P. Serviss (voir infra) ou encore George A. England (Darkness and dawn - 1912) qui adaptent à la Sf populaire le style d'auteurs consacrés comme Vernes ou Wells, ERB invente à partir des romans historiques de Walter Scott (Pour en savoir +), ce qui deviendra un sous-genre de la science-fiction, en transformant les romans d'aventures historique en romans d'aventures interplanétaires sous la forme du planet opera.
Forme qui évoluera vers celle du space opera ; là où l'action se déroulait sur une autre planète dans le planet opera elle se déroulera sur plusieurs planètes et dans l'espace entre, si je puis dire dans le space opera.
Ainsi l'un des thèmes de la Sf, le planet opera, est-il l'invention d'Edgar Rice Burroughs avec son célèbre Cycle de Mars.
Une invention, ou plus précisément une innovation (Pour en savoir +) qui apparaît dans un pulp magazine intitulé All-Story magazine (Pour en savoir +) au début de l'année 1912 et dont la version complété sera le premier roman de ce que l'on appelle aujourd'hui le Cycle de Mars.
Dans cet éditorial (1929) Gernsback déclare : « C'est moi qui ai donné naissance au mouvement de science-fiction en Amérique en 1908, dans mon premier magazine Modern Electrics » (Source Jacques Sadoul - Une histoire de la science-fiction - Tome 1).
Gernsback avait dans un premier temps (1923) utilisé le terme « scientific fiction », puis l'année suivante celui de « scientifiction » pour finalement choisir science-fiction.
Ou peut-être que l'usage l'a fait pour lui.
Pour le dire vite, on peut tracer une chronologie succincte et schématique des débuts de la S-F ; une chronologie qui va de Mary Shelley à Hugo Gernsback en passant par le triumvirat Poe-Verne-Wells.
Toujours selon Sadoul, Edgar Rice Burroughs (ERB) quant à lui, ouvre une troisième voie C'est aussi mon avis, même si mon analyse diffère de celle de Sadoul :
Contrairement à ses contemporains Garett P. Serviss (voir infra) ou encore George A. England (Darkness and dawn - 1912) qui adaptent à la Sf populaire le style d'auteurs consacrés comme Vernes ou Wells, ERB invente à partir des romans historiques de Walter Scott (Pour en savoir +), ce qui deviendra un sous-genre de la science-fiction, en transformant les romans d'aventures historique en romans d'aventures interplanétaires sous la forme du planet opera.
Forme qui évoluera vers celle du space opera ; là où l'action se déroulait sur une autre planète dans le planet opera elle se déroulera sur plusieurs planètes et dans l'espace entre, si je puis dire dans le space opera.
Ainsi l'un des thèmes de la Sf, le planet opera, est-il l'invention d'Edgar Rice Burroughs avec son célèbre Cycle de Mars.
Une invention, ou plus précisément une innovation (Pour en savoir +) qui apparaît dans un pulp magazine intitulé All-Story magazine (Pour en savoir +) au début de l'année 1912 et dont la version complété sera le premier roman de ce que l'on appelle aujourd'hui le Cycle de Mars.
Cependant, Burroughs n'est pas le premier à s'intéresser à la planète Mars, ni à proposer des voyages spatiaux.
Avant lui, H.G. Wells en inversant les prétentions hégémoniques de ses contemporains, décrit avec La Guerre des mondes (1898) l'invasion, et une tentative de colonisation de la Terre par des Marsiens.
Toutefois, Garrett P. Serviss mécontent de la fin du roman de Wells si je puis dire et, imprégné de l'imaginaire impérialiste comme Burroughs, envoie la même année que Wells, une expédition régler leur sort aux Marsiens sur leur propre sol, avec rien de moins que Thomas Edison & Lord Kelvin dans les rangs.
L'aventure est racontée sous forme de feuilleton dans un journal de Boston sous le titre d'Edison's Conquest Mars. Serviss y est le narrateur, car bien évidemment il était de cette expédition.
L'aventure est racontée sous forme de feuilleton dans un journal de Boston sous le titre d'Edison's Conquest Mars. Serviss y est le narrateur, car bien évidemment il était de cette expédition.
Je me demande d'ailleurs si ce feuilleton ne jouait pas avec la réalité et les lecteurs comme l'avait fait l'article de Poe intitulé Le Canard au ballon ?
En tout cas Burroughs introduira son aventure martienne à l'aide d'un narrateur supposée attester de la véracité de l'aventure.
La planète Mars est à l'époque, sous les feux de l'actualité grâce à l’hypothèse, développée à partir de 1894 par Percival Lowell à propos des canaux martiens. Lowell était persuadé que les Martiens luttaient contre l’assèchement de leur planète, thème repris par Burroughs par ailleurs.
La théorie de Lowell n'a pas été qu'un simple feu de paille puisqu'en 1908 paraissait encore un ouvrage sur le sujet du même Lowell.
La première histoire de Burroughs avec John Carter et Barsoom (alias Mars) paraît elle, en 1912.
Pour mémoire Hugo Gernsback publie Ralph 124C 41+ (Pour en savoir +) l'année précédente
Pour mémoire Hugo Gernsback publie Ralph 124C 41+ (Pour en savoir +) l'année précédente
Frank Frazetta |
Or donc, le planet opera est-il un genre subalterne de la science-fiction éminemment américain en tant qu'il s'enracine dans l'un des mythes fondateurs du Nouveau monde : la Frontière (Pour en savoir +).
Il extrapole de l'imaginaire impérial des U.S.A, conjugué avec une innovation également américaine.
La politique d'expansion vers l'Ouest, de l'achat de la Louisiane en 1803 au traité Adams-Onis avec l'Espagne en 1819 s'accompagne des premières manifestations impériales vis-à-vis des « peuples premiers », poussés toujours plus loin, et incarnées (entre 1829 et 1837) par la politique du président Andrew Jackson.
Du reste la fin du 19ème siècle marque pour les U.S.A les premières velléités impériales au travers d'une idéologie, la "destinée manifeste", dans laquelle la vertu intrinsèque des institutions américaines fait de leur expansion une ardente obligation sanctifiée divinement.
Dieu n'est jamais loin lorsqu'il s'agit des U.S.A. [-_ô]
Si le premier homme dans l'espace est sans nul doute Youri Gagarine, le premier homme de l'espace est quant à lui Samuel Finley Breese Morse l'inventeur du télégraphe ; l’innovation (Pour en savoir +) dont je vous parlais précédemment, et qui gomma les frontières des Etats.
Vers le milieu du XIXème siècle, la Frontière s'étendait jusqu'au Pacifique et un réseau rudimentaire de chemin de fer permettait d'assurer le déplacements des gens et des marchandises à travers le continent.
Toutefois l'information ne pouvait se propager qu'à la vitesse d'un train soit à peu près 55 Km/H.
L'invention du télégraphe en 1840 allait changer les choses.
Le lendemain même du jour où Morse réalisa sa première démonstration publique connue, un journal, le Baltimore Patriot, donna à ses lecteurs des informations, grâce au télégraphe, sur une action décidée par la chambre des Représentants.
L'article se concluait par ces mots : « C'est véritablement l'annihilation de l'espace », il ne croyait pas si bien dire.
Edgar Rice Burroughs saura s'en souvenir lorsqu'en 1911 il « transmettra » sans autre forme de procès le corps de John Carter d'une caverne sise en plein cœur du pays apache jusqu'au sol de Barsoom, annihilant lui aussi l'espace.
On peut s'étonner que Burroughs n'ait pas inventé un astronef pour son héros, d'aucuns ont peut-être même envisagé les aventures de l'ex-soldat sudiste comme une aimable fantasy, vu l'absence dudit astronef.
Ce serait oublier un peu vite que l'importance du voyage proprement dit est un phénomène relativement tardif dans l'histoire de la science-fiction, n'oublions pas que Burroughs écrit ce qui deviendra La Princesse de Mars en 1911-1912.
Ainsi Demèter Ioakimidis cite-t-il l'exemple d'une scène du roman Les Premiers hommes dans la Lune de Wells (1901) qui dit-il reflète indirectement le peu d’intérêt que les auteurs et donc les personnages, accordent à la phase du voyage dans l'espace : au moment de partir à bord de la sphère de cavorite qui l’emmènera jusqu'à notre satellite, le narrateur emporte deux vieux magazines qui traînent dans un coin, afin d'avoir quelque chose à faire durant la « traversée ».
Pour les astronautes de Wells, et la plupart de leurs contemporains, le dépaysement ne commence qu'à l'arrivée.
Tout comme pour John Carter et ses lecteurs.
De plus, les plus « scientifiques » des auteurs utilisaient-ils des explosifs.
Le Gun Club de Jules Verne utilise un canon, tout comme les Marsiens de Wells qui voyage dans des obus tirés des canons gigantesques.
Nonobstant, Garrett P. Serviss utilisera a contrario un astronef conçu pour repousser la gravité, et non pas un canon, dans sa propre aventure martienne qui précède pourtant celle de Burroughs.
APARTÉSi je ne me suis pas trompé en disant que Burroughs propose une nouvelle Frontière (donc bien avant Kennedy [-_ô]) en extrapolant à partir de la théorie de Frederik J. Turner et de la la représentation que Buffalo Bill en offrait au travers de son show, j'en arrive à la conclusion que Dejah Thoris est un avatar de Pocahontas et son peuple, les Martiens rouges sont les Indiens (ou natives). Et c'est là que je pousse la théorie dans ses ultimes retranchements : les Martiens verts, les Tharks, seraient dès lors l'équivalent de la culture africaine sur Barsoom. N'oublions pas que John Carter est attaqué alors qu'il se trouve prisonniers des Tharks, par "une sorte de singe immense, à la peau toute blanche et totalement glabre, à l’exception d’une grande touffe de cheveux ébouriffés au sommet du crâne". Je vous passe les lignes qui comparent "ce singe monstrueux" avec les Martiens verts (les Tharks) en la défaveur de ces derniers et qui ressemblent, somme toute, à ce qu'il faut bien appeler du racisme (dans le sens où l'on fait un usage du mot "race" en vue de comparaison). En outre, plusieurs autres descriptions tendent à faire des Tharks, selon moi, l'équivalent d'une tribu africaine. Ceci étant, et c'est là que je voulais en venir ; d’après moi J'onn J'onz aka le Martian Manhunter et premier nouveau super-héros de l'Âge d'argent (quelque mois avant Barry Allen/Flash) n'est rien de moins que le premier super-héros Africain-Américain de l'histoire de la bande dessinée. Assurément il devait être difficile de créer un super-héros Noir en 1955 (dans les pages de complément du numéro 225 de Detective Comics) plus de dix ans avant T'Challa alias la Panthère Noire de la Maison des Idée. (Pour en savoir +) C'est en tout cas ce à quoi j'en suis arrivée après pas mal de cogitations je dois dire.
En conclusion, il apparaît que la proximité entre la théorie de la Frontière et le space opera via son prédécesseur le planet opera explique pourquoi, pendant longtemps, et parfois encore de nos jours, le space opera ressemble à un western galactique.
Idem pour le voisinage entre space opera (tout support confondu) et film (ou roman, ou BD) de cape et d'épée qui doit beaucoup à Alex Raymond (Pour en savoir +) & au scénariste Don G. Moore, si l'on sait ce que doit Flash Gordon à John Carter (voir l'excellent article de Xavier Fournier dans Comic Box n° 81) et que l'on connait la filiation qu'il y a entre les romans historiques d'aventure de Walter Scott et le sous-genres dit de "cape et d'épée".
Idem pour le voisinage entre space opera (tout support confondu) et film (ou roman, ou BD) de cape et d'épée qui doit beaucoup à Alex Raymond (Pour en savoir +) & au scénariste Don G. Moore, si l'on sait ce que doit Flash Gordon à John Carter (voir l'excellent article de Xavier Fournier dans Comic Box n° 81) et que l'on connait la filiation qu'il y a entre les romans historiques d'aventure de Walter Scott et le sous-genres dit de "cape et d'épée".
Merci pour cet article.
RépondreSupprimerAvec plaisir ! [-_ô]
Supprimer