…. Avant que l’éditeur américain Dark Horse ne lance la série The End League, le scénariste de ladite série – Rick Remender - en proposait l’argumentaire suivant sur le site Newsarama : « Pour moi, The End League est un projet où je peux faire tout ce que j'ai toujours voulu faire avec des super-héros. Une fusion du Seigneur des Anneaux et de The Dark Knight Returns.
The End League End suit une équipe composée des dernières surhommes, sous la forme d’archétypes familiers, alors qu’ils se lancent dans un voyage désespéré et périlleux dans un monde dominé par le mal, dans l'espoir de trouver l’artefact qui peut sauver leur monde : le marteau de Thor. »
Le résultat, sous la forme de neuf numéros publiés de décembre 2007 à novembre 2009 aux U.S.A., reprend effectivement le canevas de la quête (devenue sous une forme ou une autre un standard de la fiction) dans une ambiance très sombre ; et si Rick Remender parle d’archétypes familiers j’utiliserai pour ma part plutôt le terme de pastiches.
Compte tenu de l’impact que connaissent les films de super-héros ces dernières années, pratiquement n’importe qui peut deviner de quels personnages s’inspirent les pastiches d’Astonishman, de Codename Black, de Soldier American, de The Prairie Ghost, de Blur Girl, ou d’Arachnakid.
Pour d’autres c’est peut-être un peu plus difficile, mais en tout état de cause connaître les sources – au moins des principaux protagonistes - ajoutent indéniablement au plaisir de la lecture, puisque vous vous y attendiez, Rick Remender s’ingénie à développer ses pastiches dans des directions qu’il veut surprenantes, à tout le moins différents de leur modèle.
C’est d’ailleurs en partie sur cela que repose sa série.
Matt Broome |
…. Il y a de fortes probabilités pour que si nous vivions dans une société où des personnages de la stature de Superman, ou de Galactus, étaient non pas des créatures imaginaires mais nos contemporains, nous devrions sans nul doute vivre en permanence avec un casque de chantier vissé sur la tête, et probablement vêtus d’une armure.
C’est en tout cas l’idée que développe le scénariste dans sa série en la poussant un cran au-dessus, avec pour résultat que la Terre est devenue un champ de ruine.
En effet, en 1962 un terrible accident a dévasté la planète et a augmenté considérablement le nombre d’individus détenteur de « super-pouvoirs ».
Plusieurs années après il ne reste plus qu’un petit noyau d’entre eux qui œuvre pour le bien de l’humanité, le reste de ces « méta-humains » sont devenus qui des tyrans, qui des criminels (oui je sais, la frontière entre ces deux catégories n’est pas facile à estimer).
The End League raconte les péripéties que devra affronter l’équipe éponyme pour mettre la main sur Mjöllnir, seul capable de retourner la situation en leur faveur, et permettre à l’humanité de reprendre un nouveau départ.
Eric Canete |
…. The End League est une série qui mérite non seulement d’être lue jusqu’au bout, mais surtout, qui à l’instar de ce que propose son épilogue, d’en recommencer la lecture une fois celle-ci terminée.
Et ce n’est pas forcément l’envie que donnent les premiers numéros.
Si les sept premiers numéros ne sont pas dénués d’intérêt en termes d’action pyrotechniques ou de lecture au « deuxième degré » ; cette série de fantasy qui ne dit pas son nom (eh oui), ne passe la seconde qu’au cours de son huitième numéro, et ne met les gaz qu’au moment de son chant du cygne où une bonne dose de dilemmes moraux piment – enfin – sérieusement son propos.
Andy MacDonald |
Et c’est là que rétrospectivement une seconde lecture donne un souffle nouveau à ce qui se déroule précédemment, ainsi qu’une nouvelle perspective à certains dialogues.
Il apparaît aussi que savoir dans quoi se jettent les « héros » devient dès lors très amusant.
En tout cas bien plus que de ne pas le savoir.
Je ne vous cache pas toutefois que Rick Remender utilise quelques unes de ses fixettes préférées.
Ceux qui connaissent sa série Fear Agent par exemple ou encore Black Science, voire son run sur Uncanny X-Force sauront à quoi s’attendre en listant mes exemples.
Du reste, il ne serait pas étonnant également que The End League ne devait pas se terminer aussi rapidement.
Bref, il me semble que Remender complique un peu inutilement son histoire au départ en vue de développements ultérieurs qui, par la force des choses comme on dit, ne viendront jamais.
Néanmoins rien de rédhibitoire, Rick Remender fait preuve d’assez d’astuce et de métier pour clore son histoire de manière plutôt satisfaisante, et la fin programmée et très certainement précipitée de son projet, nous a de mon point de vue, rendu service en accélérant le cours des choses.
Même si pour le dire franchement The End League mériterait – à l’aune de mes goûts en tout cas - une édition revue et corrigée pour en faire une mini-série un peu plus ramassée, un peu plus concise ; et ce qu’elle perdrait en pagination elle le regagnerait selon moi en impact.
Cela dit, tout un chacun peut assez facilement faire lors de la relecture que je propose - sans trop se triturer les méninges - ce travail d’édition, et n’en mémoriser que la substantifique moelle.
À la décharge du scénariste il semble que la série a connu quelques aléas indépendants de sa volonté.
En effet trois dessinateurs et autant de coloristes se succèdent au fil des neuf numéros qui paraissent sur presque deux ans. Ce qui n’est jamais bon signe.
Si Matt Broome et Eric Canete font à leur manière et c’est là que le bât blesse justement, du bon travail ; je préfère néanmoins celui d’Andy MacDonald (dessins) et de Matthew Wilson (couleurs) qui n’arrivent malheureusement que sur le neuvième et dernier numéro.
Publiée en France sous la forme de deux recueils chez l'éditeur Akileos à des prix qui à l’époque m’avaient fait renoncer à les lire (un premier tome de même pas 100 planches d’histoire pour 14 €) la série est désormais aussi disponible en occasion à des prix tout ce qu’il y a d’intéressants même si j’ai pour le coup, choisi la V.O à des prix encore plus vils.
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