« L'Art, cependant, est quelque chose qui perçoit la
vérité à travers les émotions. Par conséquent, il ne peut y avoir d’art qui
soit fondé sur l'imagination. »
Ces propos publiés en 1885 (in Shôsetsu Shinzui/La
Quintessence du roman) par monsieur Uchida Fuchian (Cf. Japan SF/Tony Sanchez) qui
donnait une définition de ce que devait être le roman, n’ont heureusement pas
été suivi à la lettre dans l’archipel.
... À l’instar du super-héros, invention propre aux U.S.A. et
qui a enrichi le folklore étasunien dès la fin des années 1930, le robot ou le
cyborg occupent une telle place dans la culture du Japon qu’on n’oublierait
presque qu’ils ne sont pas des inventions japonaises.
Un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni, en
restant passif, permettre qu'un être humain soit exposé au danger.
Isaac Asimov (1er Loi de la robotique)
Si les premiers exemples remontent aux années 1920 (dans la
S-F littéraire) et aux années 1930 dans la bande dessinée japonaise, c’est
après la Seconde guerre mondiale qu’un véritable tsunami de robots et
d’androïdes inondera l’imaginaire nippon.
Ainsi contre toute attente, malgré Nagasaki et Hiroshima, la
technologie américaine n’a pas été diabolisée mais d’une certaine manière "fétichisée".
Pour preuve, le premier héros populaire de la BD nippone
(1952) n’est autre que Tetsuwan Atom autrement dit Astro le petit robot (au
cœur atomique).
Que le cœur du petit robot soit justement une pile atomique
n’est certainement pas un hasard.
Au début des années 1960, apparaît le premier robot géant
(Tetsujin 28 gô) ; L’Homme d’acier n°28 et Astro ouvriront la porte à
toute une ribambelle de robots autonomes, pilotés ou téléguidés, géants ou pas,
à nulle autre pareille dans le monde.
Un déluge de ferblanterie dont le mangaka Naoki Urasawa
extraira un épisode particulier, écrit et dessiné par monsieur Osamu Tezuka (Pour en savoir +), et
qui deviendra PLUTO ; réalisée à l’occasion de l’anniversaire d’Astro.
... Bien
qu’intéressé depuis longtemps par la culture japonaise, ma première rencontre avec
l’imaginaire japonais date du début des années 1970 avec le Roi Léo en dessin
animé, je ne suis pas un lecteur boulimique de manga.
Et en lisant PLUTO, je me suis fait la remarque que même sans
bien connaître la bande dessinée japonaise, ou l’œuvre de monsieur Osamu
Tezuka, l’immersion dans cette aventure a été immédiate et totale.
Commune à la culture occidentale et à celle du pays du
soleil-levant, l’enquête policière, sous la forme dite du whodunit,
c’est-à-dire en bon français : le kilafé, est cela dit un excellent viatique.
À cela s’ajoute la science de monsieur Naoki Urasawa.
Un texte, et a fortiori une bande dessinée utilise un
certain nombre de stratégies qui orientent la lecture.
S’identifier, ressentir de la sympathie ou de l’antipathie,
être mis mal à l’aise est d'abord une affaire de texte.
Néanmoins, l’auteur ne doit pas oublier de créer des
« espaces d’indétermination » afin de laisse une certaine liberté
d’interprétation à ses lecteurs.
La rencontre entre l'inspecteur Gesicht et l’épouse de
Robbie (de Planète interdite ?) le policier robot est un modèle du
genre. Ou les scènes entre North 2 et son maître.
La maîtrise, le tour de main du mangaka sont bluffants.
Son storytelling est d’une efficacité rare : la
rencontre (encore) entre Gesicht et Astro véhicule une telle émotion, sans
recours aux récitatifs, que j’en suis resté comme deux ronds de flan.
Après trois tomes, PLUTO s'annonce comme une série très très prometteuse.
(À suivre ....)
Excellente série de bout en bout. Je suis friand du travail de Naoki Urasawa quand il évolue dans ces atmosphères de thriller enrichie par cette multitude de personnages que l'auteur dépeint avec justesse, aussi bien par le dialogue que par la précision de son dessin.
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