L'ouvrage d'Ed Piksor, premier tome d'une histoire dessinée du Hip Hop, est aussi chaleureux qu'un rapport de médecin légiste.
.... Documentée, factuelle, du moins autant que je puisse en juger, la période allant des seventies à 1981 ressemble plus à une fastidieuse énumération qu'à une bédé.
Là où certains utilisèrent une écriture comportementaliste i.e factuelle, en faisant de cette contrainte un puissant générateur de diégèse autant que le révélateur d'une époque, et un instantané de ses us & coutumes (ce à quoi je m'attendais avec cet album), voire réussissant des effets cinématographiques saisissants ; La position du tireur couché de Manchette pour ne pas le citer. Là où d'autres prônaient la technique dite de « l'Iceberg », et dont les romans n'étaient que la partie émergée ; Hemingway.
Ed Piskor, dont l'idole revendiquée est Rob Liefeld, ceci expliquant sûrement cela, se contente d'empiler les faits sans fil conducteur, sinon la linéarité du temps qui passe. Un carburant bien insuffisant, à mon goût, en terme de storytelling.
Riche d'une théorie d'individus et de faits tout aussi froidement décrits, d'où mon rapprochement avec deux styles littéraires (supra) qui ont su dépasser leurs propres contraintes behavioristes pour raconter et surtout incarner leur(s) histoire(s) ; au contraire de ce premier tome des 3 qui forment donc l'histoire du Hip Hop vu par Piskor. Au final un rien lassant.
Ed Piksor aurait été bien inspiré d'injecter dans son récit, dans sa façon de raconter, certaines des techniques qui ont fait le Hip Hop : le flow, le scratch, les boucles de samples ; même son trait un poil naïf, mais non dénué d'un certain charme, pêche à la longue par ses cadrages bien trop sages, manière de cases anthropométriques par trop répétitives.
.... Biberonné adolescent à l'émission de télévision de Sidney H.I.P H.O.P, au mitan des années Reagan, et dernièrement enchanté par la série télévisée Get Down, je me faisais une joie de replonger dans l'histoire de cette culture innovante. La déconvenue que m'a procurée la lecture de ce premier tome (qui restera certainement le seul que je lirai) n'en est que plus forte. D'autant que l'éditeur, PAPA GUÉDÉ, a fait du beau travail.
Album remixé par Kool Hugo "syntax" Erhard. Re-remixé par Funky Mic Smadja. Masterisé par Gilles "Heavy Bass" Poussin. Featuring Jean-Michel Dupont. Éditions PAPA GUÉDÉ
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• En supplément, un entretient qu'Ed Piskor a accordé à l’hebdomadaire Les Inrockuptibles, trouvé à la bibliothèque le même jour où j'ai emprunté cet album. Ça ne s'invente pas.
Structurellement, Anne-Claire Norot, la journaliste y fait un distingo entre récits de super-héros et romans graphiques ; mélangeant allégrement un genre et un format dans une question où le sous-texte est d'une bêtise sans nom.
Ed Piskor ne voulant sûrement pas être en reste sur ce terrain, fait des gens « qui n'aiment pas le rap des racistes qui ne veulent pas voir de Noirs sur les pages d'une BD ».
Un essentialisme tout à fait dans l'air du temps, aussi bête que réducteur.
Heureusement que j'ai lu cette interview après avoir lu l'album de Piskor.
.... Documentée, factuelle, du moins autant que je puisse en juger, la période allant des seventies à 1981 ressemble plus à une fastidieuse énumération qu'à une bédé.
Là où certains utilisèrent une écriture comportementaliste i.e factuelle, en faisant de cette contrainte un puissant générateur de diégèse autant que le révélateur d'une époque, et un instantané de ses us & coutumes (ce à quoi je m'attendais avec cet album), voire réussissant des effets cinématographiques saisissants ; La position du tireur couché de Manchette pour ne pas le citer. Là où d'autres prônaient la technique dite de « l'Iceberg », et dont les romans n'étaient que la partie émergée ; Hemingway.
Ed Piskor, dont l'idole revendiquée est Rob Liefeld, ceci expliquant sûrement cela, se contente d'empiler les faits sans fil conducteur, sinon la linéarité du temps qui passe. Un carburant bien insuffisant, à mon goût, en terme de storytelling.
Riche d'une théorie d'individus et de faits tout aussi froidement décrits, d'où mon rapprochement avec deux styles littéraires (supra) qui ont su dépasser leurs propres contraintes behavioristes pour raconter et surtout incarner leur(s) histoire(s) ; au contraire de ce premier tome des 3 qui forment donc l'histoire du Hip Hop vu par Piskor. Au final un rien lassant.
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Piskor, au fait de l'histoire du comic book, sait aussi copier les pavés de texte des 70' |
.... Biberonné adolescent à l'émission de télévision de Sidney H.I.P H.O.P, au mitan des années Reagan, et dernièrement enchanté par la série télévisée Get Down, je me faisais une joie de replonger dans l'histoire de cette culture innovante. La déconvenue que m'a procurée la lecture de ce premier tome (qui restera certainement le seul que je lirai) n'en est que plus forte. D'autant que l'éditeur, PAPA GUÉDÉ, a fait du beau travail.
Album remixé par Kool Hugo "syntax" Erhard. Re-remixé par Funky Mic Smadja. Masterisé par Gilles "Heavy Bass" Poussin. Featuring Jean-Michel Dupont. Éditions PAPA GUÉDÉ
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• En supplément, un entretient qu'Ed Piskor a accordé à l’hebdomadaire Les Inrockuptibles, trouvé à la bibliothèque le même jour où j'ai emprunté cet album. Ça ne s'invente pas.
Structurellement, Anne-Claire Norot, la journaliste y fait un distingo entre récits de super-héros et romans graphiques ; mélangeant allégrement un genre et un format dans une question où le sous-texte est d'une bêtise sans nom.
Ed Piskor ne voulant sûrement pas être en reste sur ce terrain, fait des gens « qui n'aiment pas le rap des racistes qui ne veulent pas voir de Noirs sur les pages d'une BD ».
Heureusement que j'ai lu cette interview après avoir lu l'album de Piskor.
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