Manifestement Damon Lindelof n'a pas fait sienne la maxime hollywoodienne bien connue : « Si vous avez un message à envoyer, utilisez Western Union© ».
Dans une lettre ouverte, probablement destinée à prévenir les réactions négatives des fans les plus dévots de la maxi-série de bande dessinée publiée par DC Comics™ entre 1986 et 1987, le créateur de la série télévisée écrivait : « Ces numéros sont un terrain sacré et ils ne seront ni repensés, ni recréés, ni reproduits, ni rebootés. Ils seront toutefois remixés. ». Lindelof précisait également qu'il ne s'agirait pas d'une suite. Mais plutôt d'un « Nouveau Testament » là où Watchmen, la bande dessinée original, en serait « l'Ancien Testament ».
Toutefois, l’impression tenace qui me reste après en avoir regardé le premier épisode a surtout la forme d’une question (sic).
Pourquoi Damon Lindelof a-t-il tant tenu à raccrocher son propre projet à la bande dessinée d’Alan Moore et de Dave Gibbons ?
Alors même que ce premier épisode aurait pu en faire l’économie. Et y gagner bien plus d’intérêt.
S’appuyant sur un prologue très fort, et méconnu de l’Histoire étasunienne ; qui par ailleurs n’apparaissait pas dans la maxi-série originale.
Empruntant le chemin de l’uchronie ; genre qui n’est pas plus la propriété d’Alan Moore que de quiconque. Plus d’autres éléments que je ne citerai pas pour ne pas trop déflorer l’intrigue ; ce premier épisode avait tout pour être original.
Surtout que les liens dudit épisode avec la bande dessinée sont tout à fait anecdotiques et (pour l'instant du moins ) très accessoires.
Je trouve même qu’ils en parasitent la réception.
Du moins pour ceux qui, évidemment, connaissent la bande dessinée.
Si certains clins d’œil, car il ne s’agit pour l’instant que de ça, risquent (heureusement) de passer inaperçus, le dernier parvient, malgré lui (?), à dédramatiser une scène symboliquement très forte.
Et si dans la BD, du fait même d’en être une, la planche dont s’inspire justement cette scène était particulièrement saisissante ; elle est devenue tout ce qu’il y a de plus banale en terme de réalisation télévisuelle.
La réalisation est d'ailleurs à mes yeux, une des plus flagrantes faiblesses de « It’s summer and we’re running out of ice / c’est l’été et nous sommes à court de glace ».
Car là où la bande dessinée de Moore et Gibbons se singularisait par un énorme travail sur la forme, et reste encore dans ce domaine une référence, l’épisode en question - réalisé par Nicole Kassell - est d’une platitude presque embarrassante.
Un autre sujet de gêne a été pour moi, outre certaines facilités scénaristiques, le personnage du « Panda », et plus précisément dans la scène dite de « l’article 4. »
Difficile en effet d’imaginer qu’on puisse croire , avec toute la meilleure volonté de suspendre son incrédulité, à un tel déguisement. Toute la solennité du moment a bêtement volé en éclat.
Cela dit même dans des scènes plus anecdotiques, à force de citer pour le seul plaisir de le faire, on s’y perd : Rorschach est ainsi mangé à toutes les sauces, et sur un autre terrain, le 7ème de Cavalerie, régiment emblématique de ce qu'on nomme avec pudeur la « Conquête de l'Ouest » et du tristement massacre de Wounded Knee devient le 7ème de « Kavalerie », alors que les forces de police régulières reprennent les codes couleurs des uniformes dudit régiment.
Mais c'est pourtant là que se trouve une grande partie de l’intérêt de ce premier épisode (et pourquoi pas de la série ?).
Ainsi Damon Lindelof a-t-il clairement désigné la source de son prologue : un article de Ta-Nehisi Coates, paru dans la revue américaine The Atlantic.
Intitulé « The Case for répartions », et traduit en français sous le titre sans équivoque de « Le Procès de l'Amérique », il s'agit d'un long réquisitoire de, je cite, « deux cent cinquante ans d’esclavage, quatre-vingt-dix ans de lois Jim Crow (les lois ségrégationnistes du Sud), soixante ans de séparation et trente-cinq ans de discriminations ».
Autrement dit, si on prend en compte cette introduction, on se trouve à des années-lumières d'une chasse à l'easter eggs.
De là à croire que les références sont un écran de fumée, comme avait pu l'être l'invasion orchestrée par Ozymandias dans la BD, pour ici fédérer un public plus large sur un sujet contemporain plus grave, il n'y a qu'un pas à franchir.
Autrement dit, damon Lindelof n'a visiblement pas l'intention d'utiliser Western Union© pour envoyer son message.
Reste qu' en l’état, dommage d’avoir voulu faire de cette série une suite, ou quelque soit le nom qu'on veut bien lui donner (il a même été question dans la lettre ouverte déjà citée d'un remixe) à Watchmen la BD, alors qu’avec tout ce qui lui est étranger Damon Lindelof tenait une série déjà intéressante.
Et qui n’aurait pas souffert de la comparaison.
Toutefois je reste confiant, sachant que dans un entretien donné au site Deadline.com, Damon Lindelof a évoqué, certes en des termes confus, la possibilité que les neuf épisodes prévus ne connaissent pas forcément de suite.
Un peu à l'image de la maxi-série originale et ses 12 numéros.
Wait & see ....
Dans une lettre ouverte, probablement destinée à prévenir les réactions négatives des fans les plus dévots de la maxi-série de bande dessinée publiée par DC Comics™ entre 1986 et 1987, le créateur de la série télévisée écrivait : « Ces numéros sont un terrain sacré et ils ne seront ni repensés, ni recréés, ni reproduits, ni rebootés. Ils seront toutefois remixés. ». Lindelof précisait également qu'il ne s'agirait pas d'une suite. Mais plutôt d'un « Nouveau Testament » là où Watchmen, la bande dessinée original, en serait « l'Ancien Testament ».
Un code couleur d'uniforme qui n'a rien d'anodin |
Pourquoi Damon Lindelof a-t-il tant tenu à raccrocher son propre projet à la bande dessinée d’Alan Moore et de Dave Gibbons ?
Alors même que ce premier épisode aurait pu en faire l’économie. Et y gagner bien plus d’intérêt.
S’appuyant sur un prologue très fort, et méconnu de l’Histoire étasunienne ; qui par ailleurs n’apparaissait pas dans la maxi-série originale.
Empruntant le chemin de l’uchronie ; genre qui n’est pas plus la propriété d’Alan Moore que de quiconque. Plus d’autres éléments que je ne citerai pas pour ne pas trop déflorer l’intrigue ; ce premier épisode avait tout pour être original.
Surtout que les liens dudit épisode avec la bande dessinée sont tout à fait anecdotiques et (pour l'instant du moins ) très accessoires.
Je trouve même qu’ils en parasitent la réception.
Du moins pour ceux qui, évidemment, connaissent la bande dessinée.
Si certains clins d’œil, car il ne s’agit pour l’instant que de ça, risquent (heureusement) de passer inaperçus, le dernier parvient, malgré lui (?), à dédramatiser une scène symboliquement très forte.
Et si dans la BD, du fait même d’en être une, la planche dont s’inspire justement cette scène était particulièrement saisissante ; elle est devenue tout ce qu’il y a de plus banale en terme de réalisation télévisuelle.
La réalisation est d'ailleurs à mes yeux, une des plus flagrantes faiblesses de « It’s summer and we’re running out of ice / c’est l’été et nous sommes à court de glace ».
Car là où la bande dessinée de Moore et Gibbons se singularisait par un énorme travail sur la forme, et reste encore dans ce domaine une référence, l’épisode en question - réalisé par Nicole Kassell - est d’une platitude presque embarrassante.
Difficile en effet d’imaginer qu’on puisse croire , avec toute la meilleure volonté de suspendre son incrédulité, à un tel déguisement. Toute la solennité du moment a bêtement volé en éclat.
Cela dit même dans des scènes plus anecdotiques, à force de citer pour le seul plaisir de le faire, on s’y perd : Rorschach est ainsi mangé à toutes les sauces, et sur un autre terrain, le 7ème de Cavalerie, régiment emblématique de ce qu'on nomme avec pudeur la « Conquête de l'Ouest » et du tristement massacre de Wounded Knee devient le 7ème de « Kavalerie », alors que les forces de police régulières reprennent les codes couleurs des uniformes dudit régiment.
Mais c'est pourtant là que se trouve une grande partie de l’intérêt de ce premier épisode (et pourquoi pas de la série ?).
Ainsi Damon Lindelof a-t-il clairement désigné la source de son prologue : un article de Ta-Nehisi Coates, paru dans la revue américaine The Atlantic.
Intitulé « The Case for répartions », et traduit en français sous le titre sans équivoque de « Le Procès de l'Amérique », il s'agit d'un long réquisitoire de, je cite, « deux cent cinquante ans d’esclavage, quatre-vingt-dix ans de lois Jim Crow (les lois ségrégationnistes du Sud), soixante ans de séparation et trente-cinq ans de discriminations ».
Autrement dit, si on prend en compte cette introduction, on se trouve à des années-lumières d'une chasse à l'easter eggs.
De là à croire que les références sont un écran de fumée, comme avait pu l'être l'invasion orchestrée par Ozymandias dans la BD, pour ici fédérer un public plus large sur un sujet contemporain plus grave, il n'y a qu'un pas à franchir.
Autrement dit, damon Lindelof n'a visiblement pas l'intention d'utiliser Western Union© pour envoyer son message.
Reste qu' en l’état, dommage d’avoir voulu faire de cette série une suite, ou quelque soit le nom qu'on veut bien lui donner (il a même été question dans la lettre ouverte déjà citée d'un remixe) à Watchmen la BD, alors qu’avec tout ce qui lui est étranger Damon Lindelof tenait une série déjà intéressante.
Et qui n’aurait pas souffert de la comparaison.
Toutefois je reste confiant, sachant que dans un entretien donné au site Deadline.com, Damon Lindelof a évoqué, certes en des termes confus, la possibilité que les neuf épisodes prévus ne connaissent pas forcément de suite.
Un peu à l'image de la maxi-série originale et ses 12 numéros.
Wait & see ....
(À suivre .....)
Mon site préféré pour regarder des films est https://voirfilmstreaming.tv/ Je l’aime bien, je vous conseille de le regarder vous-même, c’est vraiment cool dans tous les sens du terme
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