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Articles

Affichage des articles du février, 2020

Les Joyaux de la couronne martienne [Poul Anderson / Jean-Paul Gratias]

Le « roman à énigme » a souvent, pour ne pas dire toujours, un aspect ludique. Lequel propose aux lecteurs d’entrer en concurrence avec l’auteur, devenant lui aussi un enquêteur, à l’égal du héros. À tel point, et il ne sera pas le seul, que dès 1928, S.S. Van Dine (alias W illard H untington W right), créateur du détective Philo Vance , en établit des règles strictes.  Une sorte de code de bonne conduite, et de fair play à l’égard desdits lecteurs. Dont la première d'entre elles qui édicte que « Le lecteur et le détective doivent avoir des chances égales de résoudre le problème. Tous les indices doivent être pleinement énoncés et décrits en détails. ».             Membre éminent des Baker Street Irregulars ® , une société d’admirateurs du détective inventé par Sir A rthur C onan D oyle, le romancier P oul A nderson ne pouvait pas ne pas s’essayer à une aventure de Sherlock Holmes . Personnage qui par ailleurs et au travers de son univers, parcours peu ou prou l’œuvre d’

L'Homme qui vit l'avenir du Reich [John Brunner / Frederica Boschetti]

J ohn B runner (1934-1995), était, je crois, l'auteur d'une science-fiction d'avant-garde (et je crois qu'il l'est encore). Membre éminent de la New Wave™, cette vague de Sf expérimentale que surfaient alors des gens comme B allard, A ldiss, D isch ou M oorcock ; dont la revue New Worlds en était le spot emblématique. Donc, B runner, connu pour sa tétralogie intitulée « Le Choc du futur », savait aussi écrire des choses plus légères.  Non, sans rire.             Entre 1977 et 1992, il a ainsi écrit un cycle informel de neuf nouvelles, dont quatre ont été traduites en France , mettant en scène messieurs Secrett et Scrivener .  Leur titre respectif commençait, en anglais, invariablement par « The Man who .... », et elles racontaient, à chaque fois, par l'intermédiaire de M. Secrett une étrange histoire à l'attention de M. Scrivener .   De celles qui n'auraient pas juré dans une saison de la Quatrième Dimension © .             La plus singuli

Black Man [Richard Morgan / Cédric Perdereau]

Publié après la maintenant très célèbre « trilogie Takeshi Kovacs », et juste avant le premier roman de son cycle de Fantasy , Black Man verra bientôt son univers de fiction s'enrichir, en France , d'une second opus intitulé Thin Air . Commercialisé aux U.S.A sous le titre de Thirteen , Black Man s'intéresse justement à Carl Marsalis , un humain génétiquement modifié, ressortissant à la Variante 13™. Plus péjorativement appelés les « trifouillés ».              Si R ichard M organ reprend ici l'idée d'une sorte de super-soldat à la Kovacs , son nouveau personnage, Carl Marsalis , au patronyme transparent, et qui prendrait volontiers les traits d' I dris E lba selon l'auteur lui-même, en est un modèle plus « biopunk ». Catégorie qui caractérise l'un des nombreux sous-genres de la science-fiction et qui pour le coup, donne la priorité à la génétique, aux biotechnologies et aux drogues.   Sous des extrapolations qui anticipent nos travers et les

Diagramme du vide [Stephen Baxter / Pierre-Paul Durastanti]

L'excellent moment que j'ai passé en compagnie du roman de D erek K ünsken [ Pour en savoir + ] continue de faire son chemin. Notamment cette allusion de l'auteur dans un entretien ; où il déclare qu'une partie de son inspiration pour Le Magicien quantique ,  lui est venue à la lecture d'une nouvelle de S tephen B axter. Où il aurait été question d'un « homme quantique ».              Je me suis donc replonger dans la soixante-dixième mouture de la revue Bifrost , consacrée à l'auteur britannique, en quête d'indices.  Et comme la lettre volée éponyme d' E dgar A llan P oe, la nouvelle en question se trouve bel et bien au sommaire dudit numéro de la revue éditée par Le Bélial' . Bien en évidence et traduite par P ierre- P aul D urastanti.  Diagramme du vide , puisque tel est son titre, appartient au cycle des Xeelees , et ne fait absolument pas son âge. Publiée pour la première fois il y a 30 ans elle procure encore un sacré vertige cogniti

Le Magicien quantique [Derek Künsken / Gilles Goullet / Manchu]

Début du XXVI ème siècle, Belisarius Arjona , un homo quantus , surnommé le « magicien », est contacté par un commanditaire pour une arnaque tellement énorme qu’elle nécessite l’aide d’une équipe de spécialistes retaillés.  « Tu auras besoin d’au moins un Boeski, un Jim Brown, une Miss Daisy, un Leon Spinks et de deux Jethros.  Sans oublier la meilleure Ella Fitzgerald jamais vue ! »   Rusty Ryan               Le Rat Pack™ en question s’inspire du prototype en la matière, celui inventé par G eorge A llan E ngland (1877-1936) dans son roman The Flying Legion publié en 1920.  Où un inventeur, milliardaire, et ancien combattant de la « Grande Guerre » y recrutait des ex-militaires, condamnés à l’inaction et à l’ennui comme lui, pour dérober la Pierre Noire de la Mecque . Ce gang aux spécialités complémentaires inaugurait ainsi ce qui deviendra un classique de la culture de masse : des compagnons de Doc Savage aux équipes de Mission : Impossible , en passant par les sept sa

Le Temps fut [Ian McDonald / Gilles Goullet / Aurélien Police]

Une histoire c'est comme l'instantané de quelque chose de plus vaste que ce qu'il fige. Son cadrage ne dit rien de ce qui s'est passé avant ou de ce qui arrivera. Il s'intéresse par la force des choses à l'une ou l'autre, mais pas à la totalité de ces choses. Toutefois, celles qui forment l'arrière-plan et celles, plus floues, qui ne font que passer ; ajoutent implicitement à ce que dit cet éclat de temps. La photographie en prose que nous propose ici I an M c D onald, si elle est plus longue qu'une nouvelle, est cependant plus courte qu'un roman. Comme n'importe quelle photographie, une histoire ne peut pas tout dire. M c D onald dépasse cette contrainte pour en faire un choix, lequel fera justement la particularité de son texte. Philadelphie, octobre 1943 Spitalfields , de nos jours ; Emmet Leigh , bouquiniste, déniche un recueil de poèmes contenant une lettre manuscrite.             Le vingt-troisième tome de la collection Une Heur

À Couteaux tirés [Rian Johnson / Daniel Craig / Ana de Armas]

À couteaux tirés emprunte sa distribution « Quatre étoiles » aux nombreux « whodunit » cinématographiques qui adaptent les romans d’ A gatha C hristie, et son ton caricatural à ceux qui pastichent la célèbre « Reine du crime » . Pas si parodique qu' Un cadavre au dessert , le film de R ian J ohnson ne rivalise néanmoins pas avec le très sérieux de Gosford Park . Ceci étant exprimé, À couteaux tirés est un film en 3 actes :  • le « kilafé » proprement dit • L’interversion • et la mise en abyme (ou le trou dans le donut ) Si R ian J ohnson a volontiers situé son intrigue dans une Amérique contemporaine, d'autres y ont vu une « satire de l'Amérique trumpiste ». Rien que ça !? Pour ma part j'y ai surtout vu un Cluedo™ qui avait un peu honte de « n’être que lui-même et chercherait à justifier son existence par un intérêt supplémentaire : d’ordre esthétique, sociologique, moral, psychologique, politique, érotique… bref par quelque valeur intrinsèque au genr

Mage de bataille [Peter A. Flannery / Patrice Louinet]

On s'accorde généralement pour dire que la « Fantasy », en tant que genre littéraire, est née, au mitan des années 1960, de la prise de conscience par l'édition étasunienne, qu'en donnant une étiquette à un genre de littérature qui s’inspirerait des succès alors récents de J . R . R . T olkien & R . E . Howard (en poche), elle pourrait en réitérer le succès.  Un pari que l’on sait aujourd’hui largement gagné. À un point tel, que lire de la Fantasy de nos jours, s'apparente parfois au travail de l'historien, vu la multiplicité des « sous-genres ». Rien d’étonnant donc, que soit apparu ce que justement en Histoire on appelle des « chrononymes ».              Le chrononyme, qui n’appartient pas contre toute attente au folklore du genre, est comme vous le savez peut-être, « une expression, simple ou complexe, servant à désigner en propre une portion de temps que la communauté sociale appréhende, singularise, associe à des actes censés lui donner une cohérenc

La Forêt des Mythagos [Robert Holdstock / E.C.L. Meistermann]

J'ai découvert La Forêt des Mythagos de R obert H oldstock, aux éditions La Découverte ( sic ) , dans la collection « Fictions », au tout début des années 1990, sous le titre de La Forêt des Mythimages . Depuis, ce roman a étendu son univers unique au travers de 4 récits supplémentaires. Aujourd'hui toutefois, la brève présentation de ce que je pense être un « incontournable » de la Fantasy se fera par l' ur -texte par lequel tout a commencé. Autrement dit, la nouvelle publiée à l'origine dans The Magazine of Fantasy & Science Fiction , de septembre 1981. Et repris dans la trois cent quarantième livraison de la revue française Fiction .             Texte de Fantasy disais-je, et même, selon la taxonomie de M ichael S wanwick * , de Hard Fantasy ! La Hard Fantasy occuperait, toujours selon S wanwick, au travers d'un ensemble d’œuvres, une place centrale dans le genre. Tout comme la Hard Science occupe le cœur de la Sf. Elles sont des « œuvres moteu

Olangar : Bans et Barricades [Clément Bouhélier]

Pour celles et ceux qui ont déjà lu les deux premiers tomes d' Olangar : Bans et Barricades , préparez-vous à retourner dans l'un des univers les plus originaux de la Fantasy hexagonale. En effet, un troisième tome, intitulé Olangar : Une Cité en flamme , est d'ores et déjà annoncé, il sera disponible le 7 mai 2020. Toujours chez l'éditeur Critic . Pour les autres, permettez-moi de vous en dire plus sur ce monde.             Avec Olangar , C lément B ouhélier invente, à ma connaissance, en toute modestie, une nouvelle sous-catégorie dans le domaine de la Fantasy . En effet, si l'auteur reprend des stéréotypes bien connus du genre : l'Elfe, le Nain et l'Orc ; il les transpose dans une société en proie à la révolution industrielle. Et surtout, agitée par la « lutte des classes » . Ce qui change tout, et fait de ces deux premiers tomes, ce que j’appellerai une « Fantasy marxienne ». Mais C lément B ouhélier ne se contente pas de donner un angle inédit à

À toi pour toujours, Anna [Kate Wilhelm / Noé Gailard]

Gordon Sills , un graphologue, est embauché par la l'entreprise Draper Fawcett pour retrouver une femme. Celle-ci était liée à un scientifique, disparu dans l'explosion d'une usine.             La présence de l'histoire de K ate W ilhelm (1928 - 2018) au sommaire de la revue Univers 1989 , et son Prix Nebula © dans la catégorie « Nouvelle », en 1988, ne devrait laisser planer aucun doute sur le genre auquel appartient ledit texte. Une quasi certitude qui néanmoins, ne résistera pas à l'expérience de la lecture proprement dite des 17 pages qui la contiennent. K ate W ilhelm elle-même nous avertissait dans une précédente livraison de la revue commercialisée par l'éditeur J'ai Lu™ ;  « Moi, j’écris toujours des récits en porte à faux. Mes deux dernières nouvelles sont en porte à faux : ni l’une ni l’autre ne sont vraiment de la science-fiction ou simplement de la littérature générale. Il n’y a pas moyen de les classer dans une catégorie . » ( in Univers

21 Bridges [Brian Kirk / Chadwick Bosemen]

« Pour des gars comme vous, je suis une cause de mort naturelle » Polar urbain au scénario plus intuitif que complexe, « 21 Bridges  » de B rian K irk propose quasiment les règles du théâtre dit classique : Unité de lieu : L'île de Manhattan Unité de temps : 4 heures Unité d'action : Une course-poursuite Ce qui ne l'empêche pas d'être plus tendu qu'un index sur une queue de détente.             Inspecteur aux méthodes expéditives, qui lui valent de comparaître devant les Affaires internes du NYPD , Andre Davis ( C hadwick B oseman) se retrouve peu après à enquêter sur une fusillade ayant coûtée la vie à plusieurs policiers. Si l'importance de C hadwick B oseman dans ce long-métrage est immédiatement évidente, la réalisation de B rian K irk l'est tout autant.  Surtout lorsque le scénario tient peu ou prou sur un ticket de métro. J'ajouterai au satisfecit le monteur, T im M urell, car sans être de la partie je crois qu'une ré