L’industriel Bartholomew Bogue règne en maître sur la petite ville de Rose Creek.
Pour mettre fin au despotisme de l’homme d’affaires, les habitants, désespérés, engagent sept hors-la-loi, chasseurs de primes, joueurs et tueurs à gages – Sam Chisolm, Josh Farraday, Goodnight Robicheaux, Jack Horne, Billy Rocks, Vasquez et Red Harvest.
Alors qu’ils se préparent pour ce qui s’annonce comme une confrontation sans pitié, ces sept mercenaires prennent conscience qu’ils se battent pour bien autre chose que l’argent…
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« Je cherche la justice, mais je prendrai la vengeance. »
…. Antoine Fuqua est un réalisateur qui a toute mon attention depuis Training Day, et si Equalizer m’avait laissé sur ma faim, le savoir aux commandes du remake du western homonyme de John Sturges ne pouvait qu'éveiller mon intérêt.
Idem pour Nic Pizzolatto, en charge du scénario, qui a su m’abonner à son travail depuis son roman (Pour en savoir +) ; un scénariste et un showrunner qui a montré qu’il était capable de « recycler » les idées des autres en en faisant quelque chose d’original (la première saison de True Detective), et de captivant sans être aussi original (la seconde).
La brochette d'acteurs, Denzel Washington & Vincent D'Onofrio en tête n'a fait qu'entériner ma décision.
En outre, je ne suis pas de ces amateurs de cinéma qui portent au pinacle tel ou tel film, bien conscient - aujourd’hui - que la machine hollywoodienne recycle depuis longtemps qui un roman (dès Naissance d'une nation en 1915 : Pour en savoir +), qui une histoire « vraie », qui l’un de ses propres films, voire une série télévisée ou deux (ou en sens inverse, puisque Les Sept mercenaires a aussi fait l’objet d’une série télévisée entre 1998 et l’an 2000).
D’autre part j’ai eu la chance de découvrir un bon paquet de films de façon assez naïve, c’est-à-dire sans avoir connaissance de l’aura qu’on leur prêtait. Les Sept samouraïs fait d’ailleurs partie de ceux-là, puisque je l’ai vu il y a déjà quelques années en V.O très très tard dans la nuit, bref un temps où l’idée même de rediffusion était absente de l’idiome de la petite lucarne (et que les magnétoscopes étaient ou à inventer ou bien trop chers).
Je l’ai vu, comme son remake, simplement parce que pour l’un j’aimais les samouraïs et pour l’autres les westerns.
Rien que de très banal et pas cinéphile pour un sou.
Qu’on en fasse aujourd’hui un nouveau remake ne me gène pas plus que ça, ayant toujours la possibilité de ne pas le voir le cas échéant.
Les 7 mercenaires version Y2K
…. Film de son temps, le scénario de Nic Pizzolatto et le long-métrage d’Antoine Fuqua, n’envoient plus les 7 mercenaires aider des péons mexicains, mais les habitants d’une ville de l’Ouest encore sauvage sous la coupe d’un « baron voleur » et de sa clique de vigilants.
Tout un programme vu de l’Amérique d’avant-hier (2007-2008) et d’aujourd’hui.
Incidemment le patron des mercenaires est un Africain-Américain, à l’instar de ce qu’à connu le pays de l’Oncle Sam à partir de janvier 2009 et un beau clin d’œil à la blaxploitation de Jack Arnold, recruté par une femme qui ne donnera pas sa part au chien lorsqu'il s'agira de mettre les mains dans le cambouis (signe des temps aussi).
Sam Chilsom puisque c’est de lui qu’il s’agit, va lui-même s’entourer d’un véritable melting pot d'individus de sac et de cordes, celui qui a fait de ce pays ce qu’il est : un gunslinger d’origine irlandaise, un bandit mexicain mais pas manchot, un sudiste au nom cajun accompagné de son fidèle sidekick et ami asiatique, un trappeur (ultime représentant des border romances à la J. Fenimore Cooper), et (enfin dans le sens où les Amérindiens sont singulièrement absents de la fiction made in U.S.A) un Indien, dont le nom à lui seul est programmatique et ultra-référentiel : Red Harvest.
…. Un patronyme qu’on peut traduire par « moisson rouge », une sorte de métaphore de ce à quoi on peut s’attendre en regardant le film, mais surtout le titre original d’un roman de Dashiell Hammett* qui se déroule dans une ville minière mise en coupe réglée par des criminels, briseurs de grève.
Toutes ressemblances avec Les 7 mercenaires de 2016 n’a sûrement rien de fortuit connaissant Nic Pizzolatto.
Bref un concentré d’Americana qui résume à lui seul la mythologie des Etats-Unis (autrement dit le Far West).
Et encore, chaque personnage pourrait faire l’objet d’une « fiche » bien plus roborative.
…. Mais toutes ces références (qui ne parasitent jamais le film) ne serviraient à rien si le long-métrage ne remplissait pas son contrat qui est – avant tout - de faire passer un bon moment à ceux qui le regardent.
Ce qui a été mon cas, je n’ai pas vu passer ses 2h10.
C’est spectaculaire (la mise en scène de Fuqua lorsqu’il s’agit d’en faire une entreprise de destruction est très immersive, c'est-à-dire 90% de sa durée), amusant et poignant.
Mais la mise en scène sait aussi se faire oublier ou jouer la carte postmoderne (l’arrivée en ville des 7 mercenaires très sergioleonesque par exemple), en accord avec la musique de James Horner qui distille quelques madeleines mélodiques aux moments opportuns.
En définitive Les 7 mercenaires, est à la fois un pur divertissement, et un film que l’on peut aussi regarder en cherchant ce qu’il a à dire sur notre époque, tout en proposant un joli catalogue de références à qui veut bien les voir.
Et bien plus qu'un remake.
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* Je n’irais pas jusqu’à dire que Les Sept samouraïs d’Akira Kurosawa s’inspire aussi du roman de Dashiell Hammett, la situation est par trop universelle, mais on sait que le réalisateur japonais connaissait bien l’œuvre de l'écrivain étasunien.
Pour une fois que les 6 mercenaires (faire-valoirs du 7ème) sont bien campés dans un western bon aloi. Un petit régal avec peu de défauts.
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