•••• Jamais cela ne m’avait frappé autant, avant de regarder la première saison de Goliath, une série télévisée de 8 épisodes. Mais depuis au moins la création de David E. Kelley & Jonathan Shapiro, je regarde les séries télévisées judiciaires d’un autre œil ; lesquelles ne semblent pas avoir finalement de différence de nature avec la fantasy mais tout au plus, de degré.
« Expecto Patronum ! »
Certes, il s’agit ici d’une fantasy urbaine et contemporaine, mais dans laquelle les articles de loi, les recours, la jurisprudence, etc., que se jettent aux visages les avocats des parties adverses n’ont rien à envier aux formules magiques de tel ou tel magicien. Il faut voir, dans Goliath justement, Billy McBride (alias Billy Bob Thornton) circonvenir le juge Roston Keller (dans le deuxième épisode) à coup de « précédents » et d’articles de loi comme autant d’abracadabras performatifs*.
La parenté est ici encore renforcée, en ce que le véritable adversaire de McBride, est une sorte de quasimodo maléfique, un reclus qui inspire la peur à ses propres troupes, et sur qui court les légendes les plus folles. Doué d’une forme moderne d’omniprésence, il est sûrement ce qui se rapproche le plus d’un Sauron 2.0.
Réunissant un groupe hétéroclite de réprouvés, Billy MCBride, sorte de chevalier moderne déchu, et bien entendu hanté par une « faute », la mystique chrétienne est aussi omniprésente que Cooperman, devra aussi se coltiner un chemin de croix durant lequel ne lui sera épargné ni le reniement, pas plus que la traîtrise, bref toute une quincaillerie dont je vous laisse découvrir le résultat.
Toute une symbolique vient encore renforcer l’impression que Goliath est une série de fantasy : le parchemin (ou ce qui en tient lieu à l’ère informatique), les grottes, un « trésor », pour ne citer que les plus évidents.
C’est assez bluffant.
À tel point que le dénouement de cette première saison tient lui aussi du tour de magie.
•••• Si c’est plutôt bien joué, le scénario perd singulièrement de son intérêt vers les derniers épisodes.
En effet, à trop réduire les preuves matérielles du « David », le verdict perd de son impact. À croire que tout était déjà écrit.
[À suivre ....]
____________ * Le « performatif » (Cf. Austin) c’est l’utilisation de verbes qui réalisent l’action au moment où ils l’énoncent. « To perform » peut se traduire par : « accomplir », « exécuter ». Il ne s’agit pas de transmettre une information, de décrire, mais de faire quelque chose : « je le jure ! »
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