Accéder au contenu principal

Lazare en guerre [Jamie Sawyer/Florence Bury]

Quinze ans sous l'uniforme, et 15 années supplémentaires à barouder dans les jungles d'asphalte de métropoles inhospitalières, réécrivent forcément nos scripts mentaux exécutables.
Sinon, comment expliquer que je puisse trouver attractive une série romanesque de SF militaire ?

Trois romans et une novella plus tard, « Lazare en guerre » gagne même ses galons de science-fiction militariste. Shocking!

GAME OF DRONES

•••• S'inspirant d'une des facettes les plus médiatiques de la stratégie contre-terroriste étasunienne, Jamie Sawyer invente un nouveau type de personnage. Lequel peut toutefois être rattaché sans forcer, à quelques ascendants glorieux. Tel Edward Anglesey (in Jupiter et les Centaures de Poul Anderson), appartenant au même domaine de l'Imaginaire que le sien. Ou même le John Carter d'Edgar Rice Burroughs.
Volontairement ou non, il s'approprie ce faisant, l'un des reproches le plus souvent exprimé à l'encontre des personnages héroïques, et en retourne la force souvent vindicative, pour en faire l'aspect le plus intéressant de son épopée martiale.
Quand bien même Lazare et son commando ont-ils plus de vies qu'on en prête communément aux chats, l'auteur réussi le tour de force de nous intéresser à chaque mission, et à chacun d'entre eux.
2279 : La race humaine a migré dans les étoiles, en emportant avec elle les différents qui ont rendu certaines parties de sa planète d'origine quasi invivables. Divisée en deux factions rivales, elle fera toutefois la douloureuse expérience d'apprendre que la destruction n'est pas l'apanage de sa seule espèce.  

« Lazare en guerre » donne à voir ce futur au travers des yeux de Conrad Harris, un membre de ce qui deviendra la Légion Lazare.

     Doté d'une écriture très visuelle, Jamie Sawyer dont L'Artefact -le premier tome de la série- était le premier roman, est aussi un feuilletoniste accompli. Chaque chapitre se termine invariablement, en donnant une furieuse envie d'enchaîner sur le suivant.
Sawyer sait tout aussi bien capter et retranscrire, avec beaucoup de justesse, l'esprit de corps (sans jeu de mots) qui soude les membres de son commando les uns aux autres. Si la Légion Lazare croit en ce qu'elle fait, il apparaît qu'elle met surtout un point d'honneur à se tirer du pétrin dans laquelle on la plonge ; et que l'entraide et la survie des autres comptent -au final- bien plus que les ordres.
      Soutenu par l'écho de tout ce qui peuple le mégatexte de la SF depuis même avant qu'elle ne porte ce nom, « Lazare en guerre » gagne encore en intensité grâce à lui. Ainsi les Krells seront-ils visualisés par chaque lecteur (et pas forcément de la même façon) sans que Jamie Sawyer ne ralentisse le rythme avec de laborieuses descriptions. « Show, don't tell! » est probablement tatoué sur ses méninges.

Jouant également avec les stéréotypes, pas toujours avec bonheur ceci dit (Cf. le Directoire), il impose un rythme auquel il est très difficile de résister. La preuve, j'ai lu les trois tomes, et la novella (à lire entre le deuxième et le troisième tome), sans jamais avoir, ne serait-ce que l'idée, de m'arrêter entre chacun d'entre eux.
Si chaque titre est programmatique, Sawyer sait aussi déjouer nos pronostiques. 

•••• Bénéficiant des magnifiques couverture de Pierre Bourgerie, les trois romans, et la novella sus-citée, de Jamie Sawyer, apportent un moment de lecteur qu'on ne risque pas de regretter.

À condition d'aimer se distraire avec des choses qu'on ne voudrait pas forcément rencontrer dans sa vie quotidienne. « Lazare en guerre » peut, comme je l'ai dit, être qualifiée de science-fiction militariste, dans la mesure où tous les problèmes ou presque, sont confrontés à une solution armée. Ce qui ne veut pas dire que l'institution y est exempte de défauts.  
Mais en aucun cas il n'est question d'interroger l'action militaire en elle-même, et si les héros sont des soldats, ils sont d'abord au service d'une histoire. Celle que nous raconte Jamie Sawyer. Dont je doute cependant qu'elle donne à quiconque l'envie d'en découdre les armes à la main.

Et si d'aventure ça devait arriver, le problème serait plus sûrement à chercher du côté des lecteurs que du côté de la lecture. 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Triple frontière [Mark Boal / J.C. Chandor]

En même temps qu'un tournage qui devait débuter en 2011, sous la direction de K athryn B igelow, Triple frontière se verra lié à une tripotée d'acteurs bankables : S ean P enn, J avier B ardem, D enzel W ashington. Et même T om H anks. À ce moment-là, le titre est devenu Sleeping dogs , et d'autres noms circulent ( C hanning T atum ou encore T om H ardy). Durant cette période de valses-hésitations, outre M ark B oal au scénario, la seule constante restera le lieu où devrait se dérouler l'action. La « triple frontière » du titre est une enclave aux confins du Paraguay , du Brésil et de l' Argentine , devenue zone de libre-échange et symbole d'une mondialisation productiviste à fort dynamisme économique. Le barrage d' Itaipu qui y a été construit entre 1975 et 1982, le plus grand du monde, produirait 75 % de l’électricité consommé au Brésil et au Paraguay . Ce territoire a même sa propre langue, le « Portugnol », une langue de confluence, mélange d

The Words

... The Words ( Les Mots ) est un film qui avait tout pour me séduire : le roman en tant qu'élément principal, des acteurs que j'aime bien ; D ennis Q uaid, J eremy I rons, J . K . S immons et B radley C ooper. Éléments supplémentaire l'histoire se révèle être une histoire dans l'hisitoire. Ou plus exactement un roman à propos de l'écriture d'un roman, écrit par un autre ; entre fiction et réalité.  Je m'explique. Clay Hammon fait une lecture public de son dernier livre The Words dans lequel un jeune auteur, Rory Jansen , en mal de reconnaissance tente vaille que vaille de placer son roman chez différents éditeurs. Cet homme vit avec une très belle jeune femme et il est entouré d'une famille aimante. Finalement il va se construire une vie somme toute agréable mais loin de ce qu'il envisageait. Au cours de sa lune de miel, à Paris , son épouse va lui offrir une vieille serviette en cuir découverte chez un antiquaire, pour dit-elle qu'

Big Wednesday (John Milius)

Une anecdote circule au sujet du film de J ohn M ilius, alors qu'ils s’apprêtaient à sortir leur film respectif ( La Guerre des Etoiles , Rencontre du Troisième Type et Big Wednesday ) G eorge L ucas, S teven S pielberg et J ohn M ilius  auraient fait un pacte : les bénéfices de leur film seront mis en commun et partagés en trois. Un sacré coup de chance pour M ilius dont le film fit un flop contrairement aux deux autres. Un vrai surfeur ne doit pas se laisser prendre au piège de la célébrité  Un vrai surfeur ne doit pas se sentir couper des siens. Il ne doit pas courir derrière les dollars, ni gagner toutes les compétitions. [..] M idget F arrelly champion du monde de surf 1964  ... Big Wednesday est l'histoire de trois jeunes californiens dont la vie est rythmée par le surf ; on les découvre en pleine adolescence au cours de l'été 1962, et nous les suivrons jusqu'à un certain mercredi de l'été 1974.   L'origine du surf se perd dans la nuit des