Les genres de l'Imaginaire© dépendent sûrement moins des textes eux mêmes, que de la façon dont on les lit. Ainsi Zoo City de Lauren Beukes, toujours traduit par Laurent Philibert-Caillat [Pour en savoir +], pour l'éditeur Eclipse, a tout d'une uchronie. Dans un premier temps
Ce pli, sur la grande nappe de l'Imaginaire©, se singularise par ce qu'on appelle un « point de divergence ». Autrement dit une date à partir de laquelle un évènement historique a radicalement changé la réalité à venir. Transformant l'après de ce point dit de « divergence », en un monde totalement différent de celui dans lequel le lecteur vit. Si l'uchronie envisage l'Histoire comme son spectre d'investigation privilégié, elle élargira petit à petit son champ d'action. Pour en venir à utiliser des faits appartenant à la fiction, provoquant la mise en abyme d'un Kal-El atterrissant en URSS, plutôt qu'à Smallville.
Zoo City n'utilise d'ailleurs pas un « point de divergence » historique, pour faire basculer le monde dont il éclairera un pan, pendant presque 350 pages.
À partir de 1986, semble-t-il, la réalité que nous partagions en commun devient un monde de fantasy. En effet la magie n'y ressort plus du domaine de l'Imaginaire©, mais bien de la vie de tous les jours. Et pour certains, plus que d'autres ; bien qu'elle soit admise par tous.
Esthétique de la fusion romanesque portée à son point d'incandescence le plus élevé, Zoo City prend l'apparence, durant la plus grande partie de son intrigue, d'un roman policier, alors même qu'il se déroule dans une Johannesbourg de fantasy.
Et comble du mimétisme, Zoo City est lui-même un roman «animalé ». Pour le coup avec un faucon maltais, qui en plus d'être une sorte d'animal, est aussi un roman. Je m'explique.
Dans Zoo City, les criminels vivent avec un animal de compagnie (qu'ils ne choisissent pas). Symbole de leur crime certes, mais dont ils doivent s'occuper, car la vie dudit animal, est liée à la leur. En outre, il leur confère une forme de pouvoir magique. Mais Zoo City est aussi, non pas en vertu d'un crime, mais de la technique utilisée par Lauren Beukes, un roman lié à celui de Dashiell Hammett (intitulé justement Le Faucon maltais).
D'où ma facétie d'en faire un roman «animalé ».
Cependant, je ne peux m'étendre ici sur ce qui lit les deux œuvres, sans risquer d'amoindrir considérablement le plaisir de lecture que Zoo City ne manquera pas de produire.
Si en filigrane transparait, comme dans Moxyland [Pour en savoir +] d'ailleurs, le spectre de l'apartheid. Renforcé ici aussi, par l'implantation géographie de son intrigue. Zoo City montre, une nouvelle fois, que Lauren Beukes sait rendre très vivants et crédibles les mondes qu'elle développe, tout aussi fictifs qu'ils soient. Tout comme ses personnages, dont paradoxalement, son héroïne sera la plus secrète d'entre tous.
Or donc Zoo City est pour le dire rapidement, dans la plus grande partie de son déroulement une enquête dans un Johannesbourg de fantasy, qui ne s'empêche pas pour autant de donner son point de vue sur certains événements, plus ou moins récents, que l'Afrique a connus. Tout comme Zinzi Decembre, son héroïne, agit comme un révélateur auprès des autres personnages, Zoo City parle le l'Afrique de notre plan de réalité.
Avant que sa dernière partie, du moins celle que je considère comme telle, renoue avec une fantasy beaucoup plus explicite. Et la manière dont c'est fait, transforme ce plutôt très agréable roman, en un très très bon moment de lecture. L'épilogue, assure par sa justesse, de faire de Zoo City, l'une de mes meilleures lectures 2018. Année qui n'a pourtant pas été chiche en la matière.
Indéniablement il y a entre Moxyland et Zoo City une sacrée montée en puissance. Ce dernier, s'il garde tout ce qui distinguait le premier ouvrage de la romancière sud-africaine, en l'amplifiant, il y ajoute une intrigue et des personnages plus fouillés. Sans en troubler la clarté.
Tout cela présage bien de ma très prochaine lecture, le troisième roman de Lauren Beukes, intitulé Les Lumineuses. Elle y délaisse semble-t-il Johannesbourg, pour Chicago.
Ce pli, sur la grande nappe de l'Imaginaire©, se singularise par ce qu'on appelle un « point de divergence ». Autrement dit une date à partir de laquelle un évènement historique a radicalement changé la réalité à venir. Transformant l'après de ce point dit de « divergence », en un monde totalement différent de celui dans lequel le lecteur vit. Si l'uchronie envisage l'Histoire comme son spectre d'investigation privilégié, elle élargira petit à petit son champ d'action. Pour en venir à utiliser des faits appartenant à la fiction, provoquant la mise en abyme d'un Kal-El atterrissant en URSS, plutôt qu'à Smallville.
Zoo City n'utilise d'ailleurs pas un « point de divergence » historique, pour faire basculer le monde dont il éclairera un pan, pendant presque 350 pages.
À partir de 1986, semble-t-il, la réalité que nous partagions en commun devient un monde de fantasy. En effet la magie n'y ressort plus du domaine de l'Imaginaire©, mais bien de la vie de tous les jours. Et pour certains, plus que d'autres ; bien qu'elle soit admise par tous.
Esthétique de la fusion romanesque portée à son point d'incandescence le plus élevé, Zoo City prend l'apparence, durant la plus grande partie de son intrigue, d'un roman policier, alors même qu'il se déroule dans une Johannesbourg de fantasy.
Et comble du mimétisme, Zoo City est lui-même un roman «animalé ». Pour le coup avec un faucon maltais, qui en plus d'être une sorte d'animal, est aussi un roman. Je m'explique.
Dans Zoo City, les criminels vivent avec un animal de compagnie (qu'ils ne choisissent pas). Symbole de leur crime certes, mais dont ils doivent s'occuper, car la vie dudit animal, est liée à la leur. En outre, il leur confère une forme de pouvoir magique. Mais Zoo City est aussi, non pas en vertu d'un crime, mais de la technique utilisée par Lauren Beukes, un roman lié à celui de Dashiell Hammett (intitulé justement Le Faucon maltais).
D'où ma facétie d'en faire un roman «animalé ».
Cependant, je ne peux m'étendre ici sur ce qui lit les deux œuvres, sans risquer d'amoindrir considérablement le plaisir de lecture que Zoo City ne manquera pas de produire.
Si en filigrane transparait, comme dans Moxyland [Pour en savoir +] d'ailleurs, le spectre de l'apartheid. Renforcé ici aussi, par l'implantation géographie de son intrigue. Zoo City montre, une nouvelle fois, que Lauren Beukes sait rendre très vivants et crédibles les mondes qu'elle développe, tout aussi fictifs qu'ils soient. Tout comme ses personnages, dont paradoxalement, son héroïne sera la plus secrète d'entre tous.
Or donc Zoo City est pour le dire rapidement, dans la plus grande partie de son déroulement une enquête dans un Johannesbourg de fantasy, qui ne s'empêche pas pour autant de donner son point de vue sur certains événements, plus ou moins récents, que l'Afrique a connus. Tout comme Zinzi Decembre, son héroïne, agit comme un révélateur auprès des autres personnages, Zoo City parle le l'Afrique de notre plan de réalité.
Avant que sa dernière partie, du moins celle que je considère comme telle, renoue avec une fantasy beaucoup plus explicite. Et la manière dont c'est fait, transforme ce plutôt très agréable roman, en un très très bon moment de lecture. L'épilogue, assure par sa justesse, de faire de Zoo City, l'une de mes meilleures lectures 2018. Année qui n'a pourtant pas été chiche en la matière.
Indéniablement il y a entre Moxyland et Zoo City une sacrée montée en puissance. Ce dernier, s'il garde tout ce qui distinguait le premier ouvrage de la romancière sud-africaine, en l'amplifiant, il y ajoute une intrigue et des personnages plus fouillés. Sans en troubler la clarté.
Tout cela présage bien de ma très prochaine lecture, le troisième roman de Lauren Beukes, intitulé Les Lumineuses. Elle y délaisse semble-t-il Johannesbourg, pour Chicago.
(À suivre ....)
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