La Prisonnière du diable, de Mireille Calmel, récit sous l'emprise immédiate du suspense et du soupçon, verse lentement mais irrémédiablement, au cours de ses 416 pages, dans un imaginaire de Fantasy. Et ceci, malgré son émargement dans la catégorie des « romans historiques ».
« Mai 1494, en Égypte. Une roue de pierre tourne, gardée par un ordre secret. Elle transmet la Volonté de Dieu.
Juin 1494, à Utelle, sur les hauteurs de Nice ; Hersande règne sur le sanctuaire de Notre-Dame. Elle reçoit enfin le billet délivré par la roue. »
Placé sous les auspices d'une distribution principalement féminine, La Prisonnière du diable a tous les atours d'un roman « post-#MeToo », ou, à tout le moins, ceux d'une affirmation féministe.
Mais il faut parfois se méfier des apparences (tout en reconnaissant que l'autrice oriente à sa guise sa création).
Certes, on ne peut pas totalement évacuer le Zeitgeist dès lors qu'il est question de créer, d'inventer, mais ce serait oublier que le Moyen Age a aussi été une période de promotion de la femme. Aussi incroyable que cela puisse paraître.
Ainsi, c'est à partir du Moyen Age, période de l'histoire de l'Europe qui s’étend du Ve siècle à la fin du XVe siècle, que le consentement de l'épouse devait être aussi nécessaire, et avoir la même valeur que celui de l'époux.
Je cite les propos de Jacques Le Goff (1924-2014), éminent médiéviste, qui enfonce le clou : « Thomas d'Aquin est le premier à affirmer que la femme est l'égale de l'homme. Pour lui, cela se voit au fait que Dieu a créé Eve à partir d'une côte d'Adam. En effet, s'Il avait créé Eve à partir d'un morceau de crâne d'Adam, cela aurait voulu dire que la femme était supérieure à l'homme, et s'Il l'avait créée à partir d'un morceau d'orteil, cela aurait voulu dire qu'elle était inférieure à l'homme. Or, comme Il l'a créée à partir d'une côte, qui se situe au milieu du corps, cela prouve que la femme est l'égale de l'homme ».
Cela dit l'historien reconnait bien volontiers que pour les clercs, « la femme reste un danger, une terreur ».
Ce qu'utilisera à bon escient Mireille Calmel, dans son roman.
Progressant à pas de loupe prudents, puis vers des pans d'epicness to the max, La Prisonnière du diable gardera néanmoins quelques secrets, et ne dévoilera pas tous les attributs de son intrigue.
Rien de rédhibitoire cependant. D'autant que l'implicite nimbe avec plus ou moins d'intensité l'histoire et les personnages (souvent plus tordus que des ceps de vigne) dudit roman, d'un bout à l'autre. Au moins n’est-on pas pris par surprise sur ce plan-là.
Ce qui me fait dire que si d’aventure La Prisonnière du diable devait connaitre une suite, j’en serais.
En attendant ce roman se suffit toutefois à lui-même ; à condition donc d’être enclin à accepter de ne pas tout savoir.
Or donc, j'ai pour le coup lu un très bon roman de Fantasy, que la commercialisation dans la catégorie« romans historiques » risque d’invisibilisée aux yeux des amateurs du genre.
Ce qui serait bien dommage.
« Mai 1494, en Égypte. Une roue de pierre tourne, gardée par un ordre secret. Elle transmet la Volonté de Dieu.
Juin 1494, à Utelle, sur les hauteurs de Nice ; Hersande règne sur le sanctuaire de Notre-Dame. Elle reçoit enfin le billet délivré par la roue. »
Placé sous les auspices d'une distribution principalement féminine, La Prisonnière du diable a tous les atours d'un roman « post-#MeToo », ou, à tout le moins, ceux d'une affirmation féministe.
Mais il faut parfois se méfier des apparences (tout en reconnaissant que l'autrice oriente à sa guise sa création).
Certes, on ne peut pas totalement évacuer le Zeitgeist dès lors qu'il est question de créer, d'inventer, mais ce serait oublier que le Moyen Age a aussi été une période de promotion de la femme. Aussi incroyable que cela puisse paraître.
Ainsi, c'est à partir du Moyen Age, période de l'histoire de l'Europe qui s’étend du Ve siècle à la fin du XVe siècle, que le consentement de l'épouse devait être aussi nécessaire, et avoir la même valeur que celui de l'époux.
Je cite les propos de Jacques Le Goff (1924-2014), éminent médiéviste, qui enfonce le clou : « Thomas d'Aquin est le premier à affirmer que la femme est l'égale de l'homme. Pour lui, cela se voit au fait que Dieu a créé Eve à partir d'une côte d'Adam. En effet, s'Il avait créé Eve à partir d'un morceau de crâne d'Adam, cela aurait voulu dire que la femme était supérieure à l'homme, et s'Il l'avait créée à partir d'un morceau d'orteil, cela aurait voulu dire qu'elle était inférieure à l'homme. Or, comme Il l'a créée à partir d'une côte, qui se situe au milieu du corps, cela prouve que la femme est l'égale de l'homme ».
Cela dit l'historien reconnait bien volontiers que pour les clercs, « la femme reste un danger, une terreur ».
Ce qu'utilisera à bon escient Mireille Calmel, dans son roman.
Progressant à pas de loupe prudents, puis vers des pans d'epicness to the max, La Prisonnière du diable gardera néanmoins quelques secrets, et ne dévoilera pas tous les attributs de son intrigue.
Rien de rédhibitoire cependant. D'autant que l'implicite nimbe avec plus ou moins d'intensité l'histoire et les personnages (souvent plus tordus que des ceps de vigne) dudit roman, d'un bout à l'autre. Au moins n’est-on pas pris par surprise sur ce plan-là.
Ce qui me fait dire que si d’aventure La Prisonnière du diable devait connaitre une suite, j’en serais.
En attendant ce roman se suffit toutefois à lui-même ; à condition donc d’être enclin à accepter de ne pas tout savoir.
Or donc, j'ai pour le coup lu un très bon roman de Fantasy, que la commercialisation dans la catégorie« romans historiques » risque d’invisibilisée aux yeux des amateurs du genre.
Ce qui serait bien dommage.
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