« Mon nom est Caroll Shelby, et je fais des voitures de course *», une formule dont on ne sait pas si elle s'inspire ou si elle a inspiré John Ford (aucun lien de parenté avec le constructeur automobile). Mais ce dont on peut en revanche être sûr, c'est qu'à l'instar de son glorieux aîné, James Mangold préfère filmer la légende.
Qu'au besoin il façonne.
Le Mans 66 c'est pour le dire vite, une bromance à 300 km/h, un film qui plutôt que de ressembler à une longue (2h30) publicité, cherche à capter une époque. Celle, romantique dixit Mangold, où il était encore possible à un maverick de défier le « Système ».
Mise à part (à mon avis) deux insères de voix-off redondants, et la leçon de Ford à son personnel au tout début, qu'on dirait tournée dans un petit atelier mécanique, Le Man 66 est captivant de bout en bout.
Christian Bale et Matt Damon, qui partagent le même amour pour la AC COBRA (justement créée par Shelby dans les années 1960) en même temps que l’affiche, y sont excellents.
Surtout Christian Bale d'ailleurs, dont on s'aperçoit de la justesse du jeu en voyant une photo du véritable Ken Miles, juste avant le générique de fin. Époustouflant.
Matt Damon n'est cependant pas en reste dans son rôle de texan, pris entre son amitié pour Miles et les dollars de l'entreprise Ford.
On peut aussi voir Le Mans 66 comme une métaphore (avec de vrais bouts de western dedans) des rapports de force qu'entretient James Mangold face aux studios.
Ken Miles est donc un maverick, un pilote-mécanicien moins corporate que pouvait l'être par exemple McLaren, l'un des pilotes de la Ford n°2.
Et en refusant de devenir une « marque », en sautant d'un genre à l'autre, Mangold enfile lui aussi la panoplie du franc-tireur dans le milieu du cinéma.
À une époque où les films sont trop souvent des placements de produit, à la saturation sensorielle exacerbé. Du moins si l’on en croit les interviews du réalisateur.
On ne peut pas passer outre non plus, la leçon de Ford « le second » à Carroll Shelby, lui expliquant doctement que ce n'est pas Truman qui a gagné la guerre, mais les usines Ford. Alors qu'il s'adresse justement à un ancien combattant. Un Shelby à qui on confie une mission et beaucoup d'argent.
Bref, toutes ressemblances avec un James Mangold face au « Système », ne sauraient être totalement fortuites.
Au final ce film de sport (mécanique), est aussi un élégant coup de polish à des archétypes bien connus, que James Mangold proroge bien au-delà de leur date de péremption.
À voir !
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* « Mon nom est John Ford, et je fais des westerns »
Pour ceux que cela intéresse, jusqu'au 23 février 2020, il y a une expo très intéressante sur le film, le tournage, avec l'AC Cobra au musée de l'ACO au Mans.
RépondreSupprimerJ'habite trop loin, sinon j'y serais sûrement allé.
SupprimerEn tout cas merci pour l'info.