« Tranchecaille » de Patrick Pécherot se déroule en 1917, pendant ce qu'on a appelé « l'offensive Nivelle ». Vraie-fausse enquête policière, ce roman paru en 2008 est le portrait en creux de la « Der des Ders ».
Le soldat Antoine Jonas, condamné à mort pour l'exemple, sera le révélateur, au travers des témoignages de ses camarades de tranchée, de sa permission parisienne, des actes de son avocat le capitaine Duparc, de l'idée que Patrick Pécherot se fait de la « Grande Guerre ».
S'inspirant des peintures qui paraissaient dans l'hebdomadaire L'Illustration, Pécherot écrit un roman noir dans la lignée de ce que Jean Amila (Le Boucher des Hurlus) ou Didier Daeninckx (La Der des Ders) ont pu faire en leur temps.
Très vivant, son récit restitue un parler populaire plus vrai que nature. Il rend compte de la fatigue des hommes du front. De l'arrière où la paranoïa, le ressentiment, la honte parfois rendent la vue des combattants presque intolérable.
La reconstitution a posteriori de l'enquête en forme de puzzle, chaque chapitre - court - est dédié à un témoignage, sous une forme ou une autre, rend la lecture de « Tranchecaille » particulièrement attractive.
Je citais, pour donner une idée à ceux qui les avaient lus deux romans Le Boucher des Hurlus et La Der des Ders, eh bien « Tranchecaille » est de la même trempe.
Rien de vraiment surprenant lorsqu'on connait un peu le parcours de l'auteur. Moins prévisible toutefois, le talent de Patrick Pécherot n'a pas à rougir de celui de ses prestigieux devanciers.
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