Daniel, un analyste de Langley, vient d’être affecté en Allemagne, à la station de la CIA de Berlin. Il doit alors découvrir une taupe : un membre de l’équipe a fourni des informations à un lanceur d’alerte connu sous le nom de Thomas Shaw. Guidé par le vétéran Hector DeJean, Daniel plonge dans le monde des agents de terrain où les dangers sont aussi nombreux que les compromis moraux qu’il faut faire.
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• On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs …
…. Si Berlin a été longtemps le symbole de l’affrontement Est-Ouest autrement dit, celui d’un monde « bipolaire », 25 ans après la chute de son Mur les enjeux ont changé et la ville n’occupe plus qu’une partie congrue dans l’imaginaire des amateurs de récits d’espionnage.
La première saison de la série télévisée Berlin Station – prévue en 10 épisodes - replace au centre de l’échiquier la métropole allemande d’une manière assez astucieuse.
En effet, reprenant les codes que tout amateur d’histoires d’espionnage connaît bien (de John le Carré à James Bond en passant par la série télévisée Mission Impossible pour le dire vite) : une agence de la C.I.A., des filatures, des agents doubles, des codes secrets mais à l’ancienne etc., la série d’Olen Steinhauer s’inspire toutefois de l’actualité et en particulier des « lanceurs d’alerte ».
Si au siècle dernier il s’agissait de traquer les taupes du bloc soviétique, Daniel Miller (Richard Armitage) lui traque aujourd’hui l’agent qui renseigne une journaliste du Berliner Zeitung à la manière d’un Edward Snowden.
À la différence près que l’agent en question est, pense-t-il encore en fonction.
L’antenne berlinoise de la C.I.A. semble particulièrement visée, et il y est donc affecté, mais sans que les agents sur place ne connaissent sa véritable mission.
• … je vois bien les œufs cassés mais où est l’omette ?*
.… Loin d’un espionnage high-tech (certaines techniques d’écoute ou de « cryptage » font plus penser à la débrouillardise d'un McGyver qu’aux hackers de Michael Mann) qui fait sens, ce premier épisode adopte la perspective des agents de terrain qui payent les pots cassés des révélations desdits lanceurs d’alerte (un point de vue qui m’intéresse en cela qu’il va à l’encontre de la doxa), et signifie clairement une certaine nostalgie du bon vieux temps où l’ennemi était clairement identifié.
Pas d’effets pyrotechniques ou de courses-poursuites (ou alors en vélo), Berlin Station tient plutôt d’Ipcress, danger immédiat, la désinvolture de Michael Caine en moins.
Si ce premier épisode ne sort pas du lot des dernières productions télévisées que j’ai pu voir récemment - générique soigné, réalisation au diapason de ce qu'on est en droit d'attendre aujourd'hui à la télévision - la distribution et Richard Armitage en tête (vu dans l'excellente série MI-5 ou encore Strike Back, pas mal non plus), est très convaincante.
D'autant que l'ambiance « guerre froide » joliment remise au goût du jour fait son petit effet.
Cependant, deux particularités si je puis dire, peuvent faire la différence (en plus du point de vue pas très politiquement correct ou réactionnaire c'est selon, des conséquences sur la vie des agents de terrain).
Premièrement, l’identité de la taupe est dévoilée assez rapidement (mais pas trop quand même) et surtout, toute l’enquête de Daniel Miller à Berlin est un flashback dont on connaît l’issue dès les premières minutes.
Un dénouement (?) très efficace car certains des personnages, entrevus rapidement sans qu’on sache quel(s) rôle(s) ils y jouent, occupent une place loin d’être anodine dans cette histoire. Mais quelle(s) place(s) ?
.... À partir de là il va falloir faire des prouesses en terme d’écriture pour suffisamment captiver ceux qui tenteront l’aventure de suivre les dix épisodes. Et choisir de sacrifier dès le départ ces deux sources d’énergie dramatique, laisse espérer qu’Olen Steinhauser a d’autres atouts dans sa manche. Ou pas.
À voir !
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* Panaït Istrati
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