Si le Docteur Strange est l’un des premiers pensionnaires de la Maison des Idées, il n’a pas, à l’instar de ses coreligionnaires du début des années 1960, le même parcours aventureux.
Il était plutôt d'ailleurs ces vingt dernières années, l’homme des mini-séries, ou le membre plus ou moins éminent d’un des différents groupes de super-héros de la Marvel. Mais pas celui dont le seul nom suffisait à lancer un titre au long cours. Nonobstant un curriculum vitae peu épais à titre individuel, toutes choses égales par ailleurs, celles et ceux qui s’en sont occupés l’ont fait en utilisant ses ressources au maximum.
Il a même fût un temps, porté une sorte de masque comme le commun des super-héros, sans pour autant que cela y change grand chose.
Ceci pour dire, qu’on semblait bien avoir été au bout de ce qu’il était possible de faire afin d’attirer les lecteurs auprès d’un personnage très loin d’avoir finalement, la place à laquelle il aurait dû prétendre.
En reprenant le personnage le scénariste Jason Aaron tente un retour aux sources, et pousse le concept d’affordance dans ses derniers retranchements.
Ce concept, que j’emploie ici dans le cadre de l’ergonomie créative est la capacité d’un personnage à suggérer sa propre utilisation. En l’occurrence, Stephen Strange est un docteur, donnons lui donc les prérogatives qui vont avec ce titre - quand bien même est-il diplômé d’une école de sorcellerie - en lui faisant faire par exemple, des consultations.
Une idée que l’on trouve au demeurant dès le premier épisode de ses aventures (Strange Tales #110) en 1963, où il ausculte les rêves et les cauchemars d’un patient.
Toutefois, Jason Aaron pousse encore plus loin l’analogie mise en œuvre par Stan Lee & Steve Ditko, puisqu’il nous apprend que notre âme est colonisée (à notre insu car cela se joue sur le plan ectoplasmique) par des « parasites d’ordre mystique » et des « bactéries interdimensionnelles », voire des « dévoreurs d’âmes ».
Et c’est là qu’intervient le docteur Strange, qui dès lors fait honneur à son titre.
L’affordance vous disais-je ! [-_ô]
Toujours en communication directe avec le genius loci de la Maison des Idées, Jason Aaron opère une habile variation de la citation attribuée (de façon apocryphe) à l’oncle de Peter Parker : « with great power there must also come … great responsability ! » (Amazing Fantasy #15), datant de 1962.
Ce qui donne en l’espèce, qu’il y a « un prix à payer pour jeter un sort ».
Fort de ces bases, dont on ne peut pas dire qu’elles trahissent le personnage ni l’esprit corporate (du moins celui qui résidait au début des sixties), Aaron et son dessinateur Chris Bachalo, nous invitent à lire les cinq épisodes qui composent le premier recueil d’une nouvelle ère intitulé : Les Voies de l’étrange.
Malheureusement le résultat n’a pas été à la hauteur de mes espérances.
Si le Docteur Strange est très occupé durant ces 5 numéros, l’impression qu’il ne se passe pas grand-chose est pourtant celle que je garde après en avoir terminé avec ma lecture.
Strange brasse de l'air mais en vain.
En outre, le scénariste ajoute au folklore qui entoure le personnage deux nouveaux éléments tellement originaux et incontournables que n’importe qui, connaissant un tant soit peu le personnage, se demande comment il a pu ne pas les connaître jusqu’à maintenant. Cherchez l'erreur !
Mettre Chris Bachalo, dont les dessins très travaillés voire baroques, sur une série de ce type est a priori, une bonne idée.
Sauf que je trouve qu’il donne un air bien trop juvénile à ses personnages.
En effet, je n’ai pu m’empêcher d’imaginer que Stephen Strange –sous le crayon de Bachalo - était un enfant de 8 huit ans affublé d’une fausse moustache, jouant à être le Docteur Strange. Shocking !!!
Et l’ensemble de la distribution, que l’on aperçoit au fil des planches, semble tout autant s’être échappé de la cour de récréation d’une école primaire que le personnage principal.
Une impression qui ne facilite pas l’immersion dans un récit plutôt orienté vers un surnaturel à la Lovecraft. Cela dit, Bachalo arrive aussi à installer une atmosphère d’inquiétante étrangeté très réussie.
Mais le résultat final apparaît comme le mariage de la carpe et du lapin. Un peu bancal.
C’est d’ailleurs l’impression qui me reste.
Les Voies de l’étrange est à mon avis, un recueil bancal, pas franchement mauvais, mais qui ne m’a pas non plus donné envie de continuer la lecture de la série et d'en savoir plus. Dommage, avec des auteurs de ce calibre et un tel personnage, je m'attendais à grimper aux rideaux.
_______________
100% MARVEL : DOCTEUR STRANGE t.1 : Les Voies de l'étrange
Auteurs : Jason Aaron & Chris Bachalo
Traduction de Nicole Duclos
Lettrage : ELLETI
128 pages / 14,95 €
« Le Docteur Strange est le Sorcier Suprême : il gère les affaires magiques de la Terre et de toute la dimension. C'est un travail auquel il est habitué mais il y a une des leçons de son Maître qu'il n'a pas retenu : la magie a un prix et si on ne le paye pas régulièrement, les conséquences peuvent être terribles. »
(Contient les épisodes U.S Doctor Strange (2016) 1-5, inédits). Sortie le 12 octobre 2016
Il était plutôt d'ailleurs ces vingt dernières années, l’homme des mini-séries, ou le membre plus ou moins éminent d’un des différents groupes de super-héros de la Marvel. Mais pas celui dont le seul nom suffisait à lancer un titre au long cours. Nonobstant un curriculum vitae peu épais à titre individuel, toutes choses égales par ailleurs, celles et ceux qui s’en sont occupés l’ont fait en utilisant ses ressources au maximum.
Il a même fût un temps, porté une sorte de masque comme le commun des super-héros, sans pour autant que cela y change grand chose.
Ceci pour dire, qu’on semblait bien avoir été au bout de ce qu’il était possible de faire afin d’attirer les lecteurs auprès d’un personnage très loin d’avoir finalement, la place à laquelle il aurait dû prétendre.
En reprenant le personnage le scénariste Jason Aaron tente un retour aux sources, et pousse le concept d’affordance dans ses derniers retranchements.
Ce concept, que j’emploie ici dans le cadre de l’ergonomie créative est la capacité d’un personnage à suggérer sa propre utilisation. En l’occurrence, Stephen Strange est un docteur, donnons lui donc les prérogatives qui vont avec ce titre - quand bien même est-il diplômé d’une école de sorcellerie - en lui faisant faire par exemple, des consultations.
Une idée que l’on trouve au demeurant dès le premier épisode de ses aventures (Strange Tales #110) en 1963, où il ausculte les rêves et les cauchemars d’un patient.
Toutefois, Jason Aaron pousse encore plus loin l’analogie mise en œuvre par Stan Lee & Steve Ditko, puisqu’il nous apprend que notre âme est colonisée (à notre insu car cela se joue sur le plan ectoplasmique) par des « parasites d’ordre mystique » et des « bactéries interdimensionnelles », voire des « dévoreurs d’âmes ».
Et c’est là qu’intervient le docteur Strange, qui dès lors fait honneur à son titre.
L’affordance vous disais-je ! [-_ô]
Toujours en communication directe avec le genius loci de la Maison des Idées, Jason Aaron opère une habile variation de la citation attribuée (de façon apocryphe) à l’oncle de Peter Parker : « with great power there must also come … great responsability ! » (Amazing Fantasy #15), datant de 1962.
Ce qui donne en l’espèce, qu’il y a « un prix à payer pour jeter un sort ».
Fort de ces bases, dont on ne peut pas dire qu’elles trahissent le personnage ni l’esprit corporate (du moins celui qui résidait au début des sixties), Aaron et son dessinateur Chris Bachalo, nous invitent à lire les cinq épisodes qui composent le premier recueil d’une nouvelle ère intitulé : Les Voies de l’étrange.
Malheureusement le résultat n’a pas été à la hauteur de mes espérances.
Si le Docteur Strange est très occupé durant ces 5 numéros, l’impression qu’il ne se passe pas grand-chose est pourtant celle que je garde après en avoir terminé avec ma lecture.
Strange brasse de l'air mais en vain.
En outre, le scénariste ajoute au folklore qui entoure le personnage deux nouveaux éléments tellement originaux et incontournables que n’importe qui, connaissant un tant soit peu le personnage, se demande comment il a pu ne pas les connaître jusqu’à maintenant. Cherchez l'erreur !
Mettre Chris Bachalo, dont les dessins très travaillés voire baroques, sur une série de ce type est a priori, une bonne idée.
Sauf que je trouve qu’il donne un air bien trop juvénile à ses personnages.
En effet, je n’ai pu m’empêcher d’imaginer que Stephen Strange –sous le crayon de Bachalo - était un enfant de 8 huit ans affublé d’une fausse moustache, jouant à être le Docteur Strange. Shocking !!!
Et l’ensemble de la distribution, que l’on aperçoit au fil des planches, semble tout autant s’être échappé de la cour de récréation d’une école primaire que le personnage principal.
Une impression qui ne facilite pas l’immersion dans un récit plutôt orienté vers un surnaturel à la Lovecraft. Cela dit, Bachalo arrive aussi à installer une atmosphère d’inquiétante étrangeté très réussie.
Mais le résultat final apparaît comme le mariage de la carpe et du lapin. Un peu bancal.
C’est d’ailleurs l’impression qui me reste.
Les Voies de l’étrange est à mon avis, un recueil bancal, pas franchement mauvais, mais qui ne m’a pas non plus donné envie de continuer la lecture de la série et d'en savoir plus. Dommage, avec des auteurs de ce calibre et un tel personnage, je m'attendais à grimper aux rideaux.
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100% MARVEL : DOCTEUR STRANGE t.1 : Les Voies de l'étrange
Auteurs : Jason Aaron & Chris Bachalo
Traduction de Nicole Duclos
Lettrage : ELLETI
128 pages / 14,95 €
« Le Docteur Strange est le Sorcier Suprême : il gère les affaires magiques de la Terre et de toute la dimension. C'est un travail auquel il est habitué mais il y a une des leçons de son Maître qu'il n'a pas retenu : la magie a un prix et si on ne le paye pas régulièrement, les conséquences peuvent être terribles. »
(Contient les épisodes U.S Doctor Strange (2016) 1-5, inédits). Sortie le 12 octobre 2016
Cet album est merveilleux, tout simplement ! J'attends la suite avec tellement d'impatience ! Savez-vous quand elle sortira ?
RépondreSupprimerNon, je ne sais pas, Panini ne l'a pas encore annoncée.
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