.... Henry Steeger l’un des plus éminents éditeurs de pulp magazines avait l'habitude de dire, au début du XXe siècle, que la durée de vie d'une couverture à la devanture d'un kiosque n'était que de six secondes, c'est dire si le talent de l'artiste pour accrocher le regard du lecteur était primordial.
Ce ne sera donc pas une surprise si je dis que c’est la couverture de Des Hommes de peu de foi qui a attiré mon regard, et pour tout dire qui m’a incité à lire le roman de Nickolas Butler (Editions Autrement).
En plus de la citation en quatrième de couverture : « Les héros sont toujours gouvernés par le cœur, les lâches par le cerveau. Ne l’oublie jamais. »
Une couverture qui n’a pas été faite spécialement pour ce livre cela dit, il s’agit d’une illustration – intitulé We, Too, Have a Job to Do - datant de 1944, peinte par le grand artiste américain Norman Rockwell (1894 - 1978), pour un calendrier des Boys Scouts of America ; une organisation pour laquelle il a peint les calendriers de 1925 à 1976 (sauf en 1928 et 1930).
…. Si de l’aveu même de Nickolas Butler les deux personnages principaux du roman sont Nelson Doughty et Jonathan Quick – que l’on retrouve successivement en 1962, en 1996 puis en 2019 – ce avec quoi je suis tout à fait d’accord ; la place que prend la mère de Nelson puis Rachel la femme du fils de Quick, et surtout le portrait qu’en fait Butler sont d’une finesse et d’une force qui les placent ex aequo avec les deux protagonistes masculins. Dorothy Doughty dont le portrait se dessine en creux au travers surtout du regard de son fils est un joli tour de force, puis Rachel dont je ne peux rien dire sans être susceptible de gâcher la lecture de ce roman, expriment avec beaucoup de force ce qui me semble l’une des idées-forces du récit.
Deux beaux portraits de femmes, qui battent en brèche l’idée de plus en plus prégnante (me semble-t-il) que certains personnages : les Noirs, les femmes, voire les Indiens américains, etc. ne pourraient être écrits respectivement que par des Africains-Américains, des femmes, des Amérindiens, etc.
Une idée qui montre selon moi, une forme de mépris pour des hommes et des femmes qui n’auraient le droit de faire de la fiction que parce qu’ils connaissent le réel et non parce qu’ils maîtrisent en artiste la narration et la forme littéraire (ou cinématographique ou celui de l’art séquentiel de la BD).
Une sorte de communautarisme de l’imaginaire sur fond de political correctness.
L’autre idée-force, c’est bien entendu la difficulté de vivre avec des valeurs dans le monde d’aujourd’hui. Voire la question même d’en avoir.
Et puis tout au long du récit plane (bien évidemment ai-je envie de dire) l’idée de « régénération par la violence » mis en évidence par l’historien Richard Slotkin lors de sa prodigieuse & roborative étude de la Frontière (l’Enéide américaine) et de son influence sur l’américanité (si je puis dire), où la nature fonctionne comme un agent de régénération qui permet à l’homme de se retrouver et de découvrir le sens du devoir social. Et où, par une série d’actes violents il parvient à une forme de régénération voire d’auto-création.
Reste un dernier personnage tout aussi important à mes yeux, véritable centre de gravité du roman : le camp scout de Chippewa dans le nord de l’Etat du Wisconsin, un lieu à la puissance évocatrice certaine, et à partir duquel s’articulent les trois parties qui le composent, et qui donne à l’auteur l’occasion d’écrire de très belles pages sur la nature.
Des Hommes de peu de foi, dont le titre original est The Hearts of Men à paraître aux U.S.A. l’an prochain, est traduit par Mireille Vignol, laquelle propose une note très intéressante sur son travail en fin de volume où l’on apprend par exemple qu’elle traduisait alors que l’auteur était encore en train de travailler et de retravailler son opus.
…. Nickolas Butler a écrit ici un roman très touchant, qui m’a captivé de bout en bout – je l’ai terminé très vite, trop vite – et le cas échéant qui incite, sans didactisme, à la réflexion.
Un très beau roman d’évasion sur une certaine idée de l’Amérique et sur ce qu’elle devient.
Et même si comparaison n’est pas raison, Des Hommes de peu de foi m’a fait repenser – par bien des aspects - à la magnifique novella de Stephen King intitulée Le Corps.
Ce ne sera donc pas une surprise si je dis que c’est la couverture de Des Hommes de peu de foi qui a attiré mon regard, et pour tout dire qui m’a incité à lire le roman de Nickolas Butler (Editions Autrement).
En plus de la citation en quatrième de couverture : « Les héros sont toujours gouvernés par le cœur, les lâches par le cerveau. Ne l’oublie jamais. »
Une couverture qui n’a pas été faite spécialement pour ce livre cela dit, il s’agit d’une illustration – intitulé We, Too, Have a Job to Do - datant de 1944, peinte par le grand artiste américain Norman Rockwell (1894 - 1978), pour un calendrier des Boys Scouts of America ; une organisation pour laquelle il a peint les calendriers de 1925 à 1976 (sauf en 1928 et 1930).
…. Si de l’aveu même de Nickolas Butler les deux personnages principaux du roman sont Nelson Doughty et Jonathan Quick – que l’on retrouve successivement en 1962, en 1996 puis en 2019 – ce avec quoi je suis tout à fait d’accord ; la place que prend la mère de Nelson puis Rachel la femme du fils de Quick, et surtout le portrait qu’en fait Butler sont d’une finesse et d’une force qui les placent ex aequo avec les deux protagonistes masculins. Dorothy Doughty dont le portrait se dessine en creux au travers surtout du regard de son fils est un joli tour de force, puis Rachel dont je ne peux rien dire sans être susceptible de gâcher la lecture de ce roman, expriment avec beaucoup de force ce qui me semble l’une des idées-forces du récit.
Deux beaux portraits de femmes, qui battent en brèche l’idée de plus en plus prégnante (me semble-t-il) que certains personnages : les Noirs, les femmes, voire les Indiens américains, etc. ne pourraient être écrits respectivement que par des Africains-Américains, des femmes, des Amérindiens, etc.
Une idée qui montre selon moi, une forme de mépris pour des hommes et des femmes qui n’auraient le droit de faire de la fiction que parce qu’ils connaissent le réel et non parce qu’ils maîtrisent en artiste la narration et la forme littéraire (ou cinématographique ou celui de l’art séquentiel de la BD).
Une sorte de communautarisme de l’imaginaire sur fond de political correctness.
L’autre idée-force, c’est bien entendu la difficulté de vivre avec des valeurs dans le monde d’aujourd’hui. Voire la question même d’en avoir.
« La patrouille scoute est un compromis entre le modèle militaire (dont Baden-Powell exclut rigoureusement le drill, c’est-à-dire l’exercice intensif, l’aspect militariste), le modèle tribal, les leçons des gangs de rue et certains traits de la vie des collèges britanniques : l’autogouvernement, la prise de responsabilité progressive, et, par voie de conséquence, une primauté de l’aîné sur le cadet, contrebalancée par la coéducation au sein du groupe des pairs »
Christian Guérin
Et puis tout au long du récit plane (bien évidemment ai-je envie de dire) l’idée de « régénération par la violence » mis en évidence par l’historien Richard Slotkin lors de sa prodigieuse & roborative étude de la Frontière (l’Enéide américaine) et de son influence sur l’américanité (si je puis dire), où la nature fonctionne comme un agent de régénération qui permet à l’homme de se retrouver et de découvrir le sens du devoir social. Et où, par une série d’actes violents il parvient à une forme de régénération voire d’auto-création.
Reste un dernier personnage tout aussi important à mes yeux, véritable centre de gravité du roman : le camp scout de Chippewa dans le nord de l’Etat du Wisconsin, un lieu à la puissance évocatrice certaine, et à partir duquel s’articulent les trois parties qui le composent, et qui donne à l’auteur l’occasion d’écrire de très belles pages sur la nature.
Des Hommes de peu de foi, dont le titre original est The Hearts of Men à paraître aux U.S.A. l’an prochain, est traduit par Mireille Vignol, laquelle propose une note très intéressante sur son travail en fin de volume où l’on apprend par exemple qu’elle traduisait alors que l’auteur était encore en train de travailler et de retravailler son opus.
…. Nickolas Butler a écrit ici un roman très touchant, qui m’a captivé de bout en bout – je l’ai terminé très vite, trop vite – et le cas échéant qui incite, sans didactisme, à la réflexion.
Un très beau roman d’évasion sur une certaine idée de l’Amérique et sur ce qu’elle devient.
Et même si comparaison n’est pas raison, Des Hommes de peu de foi m’a fait repenser – par bien des aspects - à la magnifique novella de Stephen King intitulée Le Corps.
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