Si vous connaissez vos classiques, vous devez savoir que l’industrie de la bande dessinée U.S. est plutôt du genre à faire des prisonniers.
Peu (ou pas ?) de personnages, de séries (voire de concepts) qui ne fassent l’objet d’un rebaunch (sic) un jour ou l’autre. Où les deux. Sans parler des interminables séries à suivre.
Et si la Doom Patrol n’a jamais eu la popularité suffisante pour faire partie de ces dernières, elle a souvent fait partie des prisonniers.
D’ailleurs pas plus tard que ce mois-ci une « nouvelle » Doom Patrol a vu le jour sous la houlette du label nouvellement créé chez la Distingué Concurrence : « Young Animal », chapeauté le chanteur & scénariste Gerard Way (l’excellente Umbrella Academy, série qui peut prétendre à être une sorte de Doom Patrol bis).
Label qui, s’il ne dépend pas de Vertigo, la collection qu'adorait la Génération X™, est quand même sensé faire pousser la moustache de ses lecteurs.
Mais revenons à nos moutons.
Inventée au début des années 1960 – peu avant les X-Men de la Maison des Idées™ d’en face, série avec laquelle elle partage quelques affinités troublantes, pour une raison qui s’explique d’ailleurs assez bien – la Doom Patrol d’Arnold Drake & Bruno Premiani donc réinvente l’improbable rencontre d’un parapluie et d’une machine à coudre du texte sur une table de dissection.
En l’occurrence des super-héros qui ne veulent pas en être, blessés de la vie (sic) et qui affrontent des super-villains tous plus bizarres les uns que les autres. Même dans le paysage de fantasy qu’est souvent la bande dessinée mainstream d’outre-Atlantique. Autrement dit, celle qui met en vedette des super-héros.
Or donc, la Doom Patrol connaîtra plusieurs incarnations, dont l’une des plus mémorables est certainement celle de Grant Morrison, qu’il entame en 1989, et où l’auteur écossais pousse dans ses derniers retranchements les idées de l'équipe originale avec beaucoup de brio et de talent.
L’une de ses meilleures prestations à mes yeux, sinon la meilleure. Mais que je classe après l'originale de Drake et Premiani.
L’équipe dont je veux vous parler ici, est ultérieure à celle de Morrison puisqu’elle commence en 2001. Et elle durera un bref run de 22 numéros.
Son scénariste, John Arcudi (très connu aujourd’hui pour avoir travaillé pendant plusieurs années sur le Mignolaverse™), prend, dans une certaine mesure, le contre-pied de l’approche morrisonienne ; en emmenant sa version sur le terrain de l’humour et de la comédie plutôt que sur celui de l’adrénaline et de la pathologie mentale (oui c’est un peu vite résumé mais c’est comme ça !). Version que le « Yul Brynner des comics » avait patiemment cartographiée dans sa propre version.
À l’orée du vingt-et-unième siècle les super-héros, du moins certains d’entre eux, ont intégré la league des propriétaires côtés en bourse à l’instar des équipes de sport américain (avant de devenir des groupes paramilitaires financés par le gouvernement étasunien à l'instar, par exemple, des Ultimates). Et la protection de la veuve et de l’orphelin, est devenue une conséquence (non prioritaire) d’un projet commercial dont ils sont les simples employés.
Ce qu’ils étaient déjà, mais sans le savoir, depuis leur arrivée dans les pages des illustrés d’avant-guerre (mais de manière extra-diégètique s’entend).
Le hasard faisant bien les choses, Robotman mais il préfère qu’on l’appelle Cliff, retombé dans l’anonymat fait justement l’objet d’une attention médiatique certes passagères, comme tout ce qui concerne ce secteur de l'infotainment, que l’on qualifie trop souvent (et abusivement) d’information, mais suffisante pour se faire repérer et recruter par un entrepreneur du nom de Thayer Jost. Pour coacher son équipe en passe de devenir connue, sous le nom de Jostice Inc. (sic).
L’entrepreneur profite de l’occasion pour racheter à Cliff Steele le nom « Doom Patrol™ » et rebaptise ainsi sa propre équipe. Malinx le lynx !
Son background, il est quand même l’un des membres fondateurs de l’équipe originelle, fait que Cliff réalise des miracles, et amène cette équipe de bras cassés à un niveau de coopération et d’efficacité que personne ne pensait lui voir atteindre.
L’azimut humoristique de la série de John Arcudi & Tan Eng Huat aux dessins, à la manière de la Ligue de Justice Internationale de Giffen & DeMatteis, n’empêche pas de prendre des chemins de traverse métafictionnels ; où je ne serais pas surpris de découvrir que Cliff Steele alias Robotman est en fait l’alter ego des scénaristes embauchés par les majors du secteur de la BD d’outre-Atlantique qui, en plus de vendre leur force de production, vendent – sous le régime du work for hire (le travail dit de commande) – tout ce qu’ils produisent : idées comme personnages, à leur employeur.
Alors en voiture Simone, c’est toi qui conduit, c’est moi qui klaxonne !
Les cinq premiers numéros sont un plutôt chouette compromis entre action débridée, judicieuse utilisation de certains super-pouvoirs fort peu spectaculaires, et déjà certains indices laissant entendre que la vérité est ailleurs. Le tout digéré par John Arcudi grâce à l'absorption matutinale de quelques clowns de premiers choix.
Et dessinés avec professionnalisme par Tan Eng Huat, vu depuis sur X-Men Legacy par exemple.
Bref, aucune raison de se plaindre !
Peu (ou pas ?) de personnages, de séries (voire de concepts) qui ne fassent l’objet d’un rebaunch (sic) un jour ou l’autre. Où les deux. Sans parler des interminables séries à suivre.
Et si la Doom Patrol n’a jamais eu la popularité suffisante pour faire partie de ces dernières, elle a souvent fait partie des prisonniers.
D’ailleurs pas plus tard que ce mois-ci une « nouvelle » Doom Patrol a vu le jour sous la houlette du label nouvellement créé chez la Distingué Concurrence : « Young Animal », chapeauté le chanteur & scénariste Gerard Way (l’excellente Umbrella Academy, série qui peut prétendre à être une sorte de Doom Patrol bis).
Label qui, s’il ne dépend pas de Vertigo, la collection qu'adorait la Génération X™, est quand même sensé faire pousser la moustache de ses lecteurs.
Mais revenons à nos moutons.
Inventée au début des années 1960 – peu avant les X-Men de la Maison des Idées™ d’en face, série avec laquelle elle partage quelques affinités troublantes, pour une raison qui s’explique d’ailleurs assez bien – la Doom Patrol d’Arnold Drake & Bruno Premiani donc réinvente l’improbable rencontre d’un parapluie et d’une machine à coudre du texte sur une table de dissection.
En l’occurrence des super-héros qui ne veulent pas en être, blessés de la vie (sic) et qui affrontent des super-villains tous plus bizarres les uns que les autres. Même dans le paysage de fantasy qu’est souvent la bande dessinée mainstream d’outre-Atlantique. Autrement dit, celle qui met en vedette des super-héros.
Or donc, la Doom Patrol connaîtra plusieurs incarnations, dont l’une des plus mémorables est certainement celle de Grant Morrison, qu’il entame en 1989, et où l’auteur écossais pousse dans ses derniers retranchements les idées de l'équipe originale avec beaucoup de brio et de talent.
L’une de ses meilleures prestations à mes yeux, sinon la meilleure. Mais que je classe après l'originale de Drake et Premiani.
L’équipe dont je veux vous parler ici, est ultérieure à celle de Morrison puisqu’elle commence en 2001. Et elle durera un bref run de 22 numéros.
Son scénariste, John Arcudi (très connu aujourd’hui pour avoir travaillé pendant plusieurs années sur le Mignolaverse™), prend, dans une certaine mesure, le contre-pied de l’approche morrisonienne ; en emmenant sa version sur le terrain de l’humour et de la comédie plutôt que sur celui de l’adrénaline et de la pathologie mentale (oui c’est un peu vite résumé mais c’est comme ça !). Version que le « Yul Brynner des comics » avait patiemment cartographiée dans sa propre version.
À l’orée du vingt-et-unième siècle les super-héros, du moins certains d’entre eux, ont intégré la league des propriétaires côtés en bourse à l’instar des équipes de sport américain (avant de devenir des groupes paramilitaires financés par le gouvernement étasunien à l'instar, par exemple, des Ultimates). Et la protection de la veuve et de l’orphelin, est devenue une conséquence (non prioritaire) d’un projet commercial dont ils sont les simples employés.
Ce qu’ils étaient déjà, mais sans le savoir, depuis leur arrivée dans les pages des illustrés d’avant-guerre (mais de manière extra-diégètique s’entend).
Un peu d'humour ne nuit jamais |
L’entrepreneur profite de l’occasion pour racheter à Cliff Steele le nom « Doom Patrol™ » et rebaptise ainsi sa propre équipe. Malinx le lynx !
Son background, il est quand même l’un des membres fondateurs de l’équipe originelle, fait que Cliff réalise des miracles, et amène cette équipe de bras cassés à un niveau de coopération et d’efficacité que personne ne pensait lui voir atteindre.
Tan Eng Huat ne démérite pas du tout sur ce titre |
Alors en voiture Simone, c’est toi qui conduit, c’est moi qui klaxonne !
Les cinq premiers numéros sont un plutôt chouette compromis entre action débridée, judicieuse utilisation de certains super-pouvoirs fort peu spectaculaires, et déjà certains indices laissant entendre que la vérité est ailleurs. Le tout digéré par John Arcudi grâce à l'absorption matutinale de quelques clowns de premiers choix.
Et dessinés avec professionnalisme par Tan Eng Huat, vu depuis sur X-Men Legacy par exemple.
Bref, aucune raison de se plaindre !
(À suivre …..)
la Doom Patrol a été très maltraitée depuis la fin du run Vertigo, et c'est cette version Arcudi qui surnage du marigot (la version Byrne était atroce) : fun, enlevé, trouvant un ton personnel, ce run est vraiment chouette et il est scandaleux qu'il n'ait jamais fait l'objet d'une réédition en TPB.
RépondreSupprimerOui dommage qu'il n'y ait pas de TPB, ça donnerait sûrement un regain d’intérêt à ces 22 numéros qui le méritent bien (je crois qu'en Italie il y en a eu 2 ?).
Supprimerça pique ma curiosité. Je ne connais pas le run de Morrison (hors un article de Scarce) mais il ne me tente pas - je trouve ce scénariste très surfait. Dommage que la relance du début des années 80 ne soit pas allée loin (elle lorgnait clairement vers des X-Men bis) et qu'il n'y ait pas Néga (mon perso préféré avec Robot-Man).
RépondreSupprimerLe run de Morrison est pourtant excellent, mais cette relance par Arcudi est très bien aussi. Elle joue clairement du côté de l'humour de la JLI de Giffen & DeMatteis sans pour autant négliger le mystère et le twist tordu (sic).
SupprimerTrès recommandable ! [-_ô]
le run de Morrison présente tous les défauts de Morrison (foufou, parfois obscur, avec des références bizarres) mais aussi toutes ses qualités. c'est vraiment un très morceau de choix, un trip dément mais jouissif.
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