Écrit par le scénariste Ehren Kruger, « Arlington Road » s'inspirerait notamment de l'attentat perpétré quatre ans avant la sortie du film, par Timothy McVeigh, à Oklahoma City.
Nonobstant cette supposée inspiration, le film de Mark Pellington est surtout une belle mécanique paranoïaque. Pendant presque deux heures il souffle le chaud et le froid sur la personnalité de deux voisins, devenus amis dans des circonstances qui auraient pu être tragiques.
L'un des plus beaux tours de force du film est sûrement le moment où Michael Faraday (Jeff Bridges) explique les tenants et les aboutissants de la mort de sa femme, alors agent du FBI, à ses élèves.
Si jamais vous deviez être la victime du Fusil de Tchekhov™ à ce moment-là comme je l'ai été, difficile de ne pas appliquer la morale de ce désastre, à ce que ce veuf va finir par vivre lui-même. Brillant !
Tim Robbins & Joan Cusak campent de leur côté un couple particulièrement dérangeant, à la limite du Fantastique. Leurs enfants le leur rendent bien aussi.
L'apogée du film, très réussie, est paradoxalement là où le bât risque de blesser le plus cruellement la mécanique bien huilé de l'intrigue.
Je me suis en effet demandé où pouvait être l’intérêt d'un groupe terroriste, ou d'un terroriste en mode « loup solitaire », qui ne revendiquerait pas ses actes via un manifeste quelconque (?).
Reste que ce détail n'en est jamais qu'un, et que « Arlington Road » supporte assez bien cette petite imperfection. Ou du moins qui m'apparaît comme telle.
Si Hope Davis ne démérite pas, c'est clairement le jeu de Robbins, Bridges et Cusak qui porte ce scénario, et nous empêche de trop nous poser de questions.
Notamment sur la machination que semblent révéler quelques plans du film. Et là c'est un peu plus dévastateur que l'absence de revendication.
Au final, je dirais que « Arlington Road » souffre de trop vouloir en faire. Malin, le scénario tend à vouloir l'être bien trop pour sa propre cohérence.
Tant que nous sommes plongés dedans, ça ne pose pas de problème me semble-t-il. La mécanique est bien huilée comme je l'ai dit, et les acteurs nous hypnotisent suffisamment pour qu'on oublie de s'interroger.
Mais une fois revenu à moi, je n'ai pas pu m’empêcher de me dire qu'un peu plus de modestie n'aurait pas nuit.
Toutefois « Arlington Road » reste un très très bon film à l'aune de mes propres goûts.
Les personnages sont saisissants d’authenticité, et surtout le scénario est très retors. Le film de Mark Pellington n'est pas non plus qu'une accumulation d'obstacles qu'il faut passer ou éliminer.
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