Accéder au contenu principal

Semiosis [Sue Burke / Florence Bury / Manchu]

Ancienne journaliste, nouvelliste et traductrice, « Semiosis » est cependant le premier roman de Sue Burke (inspiré d’ailleurs d’une de ses propres nouvelles).
            Il s’agit d’un planet opera générationnel qui mêle habilement les figures narratives du roman d’aventure à la H.R. Haggard ou à la façon d’un E.R. Burroughs, de ceux qu’on pourrait qualifier superficiellement de « colonialiste », avec toutefois une sensibilité propre à l’autrice, et une maïeutique écologique.
Pour se faire Sue Burke invente un personnage original autour duquel tournent par ailleurs les presque 450 pages du roman. Et qui inspire le titre -peut-être- un poil sibyllin.
            Robinsonnade de l’espace, « monde perdu », et bien entendu altérité d'un « premier contact », puisqu’il s’agit du sous-titre de « Semiosis », le roman de Sue Burke construit une aventure humaine sur 107 ans et sept chapitres.
Car les colons Terriens ont un projet politique en arrivant sur cette planète ; qu’ils baptiseront de manière programmatique Pax.
Mais rien ne se passera tout à fait comme prévu.

            Là où ses pairs auraient développé leurs idées sur un cycle interminable, Sue Burke restreint sont propos autour d’un groupe tout aussi restreint, dont les velléités de découvertes restent circonscrites à une vallée. Enfin pas tout à fait, mais je ne voudrais pas trop en révéler.
On pourrait y voir un manque d’ambition, mais l’autrice donne tous les indices nécessaires (et convaincantes) aux limites de son utopie, ou de sa dystopie, selon l’idiosyncrasie des lecteurs et des lectrices qui tenteront de se plonger dans ce roman. Et transforme ce manque d'audace supposé en un projet viable et captivant.
            Tentative que pour ma part je ne peux qu’encourager.
« Semiosis » est en effet un roman reader-friendly, puisque s’y plonger revient exactement à la même chose qu’atterrir sur la planète Pax, en même temps que les colons. Les découvertes s’y font au rythme des personnages, lesquels n’en connaissent pas plus que nous. Et la diversité intellectuelle des unes et des autres rend les explications didactiques naturellement indispensables.
« Semiosis » ne nécessite cependant pas de compétences scientifiques particulières, sinon la curiosité. Qui pour le coup sera très joliment récompensée !
Commercialisé sous une magnifique couverture de Manchu par Albin Michel Imaginaire™, au prix de 24,90 euros, il a été traduit par Florence Bury.
Également disponible en version numérique au prix de 12,99 €.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

The Words

... The Words ( Les Mots ) est un film qui avait tout pour me séduire : le roman en tant qu'élément principal, des acteurs que j'aime bien ; D ennis Q uaid, J eremy I rons, J . K . S immons et B radley C ooper. Éléments supplémentaire l'histoire se révèle être une histoire dans l'hisitoire. Ou plus exactement un roman à propos de l'écriture d'un roman, écrit par un autre ; entre fiction et réalité.  Je m'explique. Clay Hammon fait une lecture public de son dernier livre The Words dans lequel un jeune auteur, Rory Jansen , en mal de reconnaissance tente vaille que vaille de placer son roman chez différents éditeurs. Cet homme vit avec une très belle jeune femme et il est entouré d'une famille aimante. Finalement il va se construire une vie somme toute agréable mais loin de ce qu'il envisageait. Au cours de sa lune de miel, à Paris , son épouse va lui offrir une vieille serviette en cuir découverte chez un antiquaire, pour dit-elle qu'

Nebula-9 : The Final Frontier

... Nebula-9 est une série télévisée qui a connu une brève carrière télévisuelle. Annulée il y a dix ans après 12 épisodes loin de faire l'unanimité : un mélodrame bidon et un jeu d'acteurs sans vie entendait-on très souvent alors. Un destin un peu comparable à Firefly la série de J oss W hedon, sauf que cette dernière bénéficiait si mes souvenirs sont bons, de jugements plus louangeurs. Il n'en demeure pas moins que ces deux séries de science-fiction (parmi d'autres telle Farscape ) naviguaient dans le sillage ouvert par Star Trek dés les années 60 celui du space opera . Le space opera est un terme alors légèrement connoté en mauvaise part lorsqu'il est proposé, en 1941 par l'écrivain de science-fiction W ilson T ucker, pour une catégorie de récits de S-F nés sous les couvertures bariolées des pulps des années 30. Les pulps dont l'une des particularités était la périodicité ce qui allait entraîner "une capacité de tradition" ( M ich

Juste cause [Sean Connery / Laurence Fishburne / Ed Harris / Kate Capshaw]

« Juste Cause 1995 » est un film qui cache admirablement son jeu.             Paul Armstrong , professeur à l'université de Harvard (MA), est abordé par une vieille dame qui lui remet une lettre. Elle vient de la part de son petit-fils, Bobby Earl , accusé du meurtre d'une enfant de 11 ans, et qui attend dans le « couloir de la mort » en Floride . Ce dernier sollicite l'aide du professeur, un farouche opposant à la peine capitale.   Dès le départ, « Juste Cause 1995 » joue sur les contradictions. Ainsi, Tanny Brown , « le pire flic anti-noir des Everglades », dixit la grand-mère de Bobby Earl , à l'origine de l'arrestation, est lui-même un africain-américain. Ceci étant, tout le film jouera à remettre en cause certains a priori , tout en déconstruisant ce que semblait proposer l'incipit du film d' A rne G limcher. La déconstruction en question est ici à entendre en tant que la mise en scène des contradictions de situations dont l'évidence paraît pour