BURNING FIELDS
_____________ Dana Atkinson, une enquêtrice de l’armée renvoyée pour manquement à l’honneur, est rappelée au Moyen-Orient quand un groupe de techniciens américains spécialisés dans l’exploitation du pétrole disparaît dans des circonstances étranges. Suite à une série d’incidents sur le site de forage, Dana et l’enquêteur iraquien avec lequel elle doit collaborer font une découverte inimaginable. Auteur(s) : Michael Moreci & Tim Daniel, Colin Lorimer Traduction : Benjamin Viette (MAKMA) Adaptation : Run Éditeur : Ankama |
En effet, un tueur en série sévit à Kirkouk, et une enquêtrice est diligentée sur place.
La bonne nouvelle, c’est que rien ne va se passer comme on s’y attend.
Une couverture "alternative" de Riley Rosmmo |
Si j’ai beaucoup aimé sa façon de dessiner, c’est son storytelling qui m’a le plus estomaqué. Efficace, très lisible - d’autant qu’une grande partie du récit se déroule de nuit ou dans des endroits sombres- son découpage s’adapte avec souplesse aux informations qui nous sont communiquées. Le résultat se traduit par un rythme de lecture ajusté au récit. Et d'une ergonomie très agréable.
Joanna Lafuente n’est pas pour rien non plus dans le plaisir que j’ai pris à lire ce recueil.
Ses choix de colorisation sont en parfaite adéquation avec la tonalité du scénario. Aucun faux pas, ce qui n'était pas couru d'avance compte tenu des impératifs d'ambiance et des principaux lieux où se déroule l'intrigue, ne laissant finalement pas beaucoup de marge.
Une fort jolie astuce, que je vois d’ailleurs pour la première fois, probablement due au lettreur Jim Campbell, se propose de signaler les phylactères en langues étrangères de manière très intuitive :
Ou ceux où les protagonistes parlent à voix basse en jouant sur l'intensité du lettrage :
Dans les deux exemples proposés on peut aussi remarquer le travail sur le placement des bulles, un aspect bien trop souvent négligé de mon point de vue, et pourtant essentiel.
Vous l’aurez compris, lire Burning Fields a été l’occasion de passer un excellent moment. J’avais déjà eu un avant-goût du talent des deux scénaristes en lisant Roche Limit (Pour en savoir +), et ce deuxième essai brillamment transformé, m’encline à devoir dès à présent suivre de près leur travail.
Tout comme celui du dessinateur Colin Lorimer.
En plus des 8 numéros publiés aux U.S.A. par l'éditeur Boom Studios!, compilés ici, Ankama propose quelques couvertures dites « alternatives », notamment celles de Riley Rossmo (qui valent d’être vues).
Et je n'oublie ni le travail de Lafuente, ni celui de Campbell.
___________
* Le traducteur opte d’utiliser « milice » pour traduire « private military company » (PMC) alors que justement mercenaires aurait bien mieux fait l’affaire. Au sujet de la traduction il y a aussi un « culte » qui aurait je trouve, bénéficié d’être remplacé par « secte », ainsi qu'une méconnaissance de la hiérarchie militaire :
• Inspecteur des travaux finis
En feuilletant rapidement mon exemplaire (avant de m'y plonger sérieusement) je me suis en effet posé quelques questions :
« Un ancien sergent de la Marine » peut-on lire.
Plutôt rompu aux arcanes du divertissement de masse, je me suis dit que c'était plutôt rare de mettre en avant un marin (militaire) dans une bande dessinée. Surtout que le peu que j'en avais vu, aller mettre en scène des durs-à-cuire au Moyen-Orient.
Qui plus est dans la Marine française, il n'y a pas de sergent, on parle de second-maître.
En bas de la même page une case a fini de me convaincre de jeter un œil sur cette page en V.O. :
« T'es plu mon capitaine, Kendrick ».
En effet il est impossible d'être à la fois sergent et capitaine, qui sont deux grades différents de l'armée.
À partir de là je me suis dit que le marin en question était très certainement un « marine » (ce que je soupçonnais d’emblée eu égard aux stéréotypes de la culture de masse) et que le terme traduit en français par « capitaine » devait être l'équivalent du terme "commandant", non pas le grade mais dans le sens de celui qui commande (quel que soit son grade).
Et effectivement Kendrick, le personnage de la BD est un Staff Sergeant - l'équivalent à peu de chose près de sergent-chef en France - du corps des Marines. Car la Marine, aux U.S.A, s'appelle la « Navy ».
Et le terme traduit dans l'histoire par « capitaine » est «C.O» c'est-à-dire, vraisemblablement «commissioned officer» autrement dit une fonction et pas un grade.
Dans l'armée, en France, commandant est autant un grade qu'une fonction. Ainsi peut-on être sergent-chef et être celui qui commande une petite unité (de l'ordre du « groupe »), mais on peut aussi être du grade de capitaine et commander une « compagnie ».
Et si dans le football par exemple capitaine est une fonction, ce n'est pas le cas dans l'armée.
Dana Atkinson, la jeune femme, aurait dû dire : « T'es plus mon commandant », même si ce n'est pas très utilisé comme cela. On dit plutôt « T'es plus mon supérieur ».
Ça ne gêne pas la compréhension, mais quiconque s'y connait un peu se demandera si le reste de la traduction est aussi approximatif.
Mais, comme je le dis souvent il est assez facile (plus facile en tout cas) de se pointer une fois le boulot terminé et de ramener sa science comme je le fais ici.
Néanmoins je suis sûr qu'une relecture sérieuse aurait pu alerter n'importe qui. Ne serait que sur l'appartenance à la Marine et la confusion au niveau des grades, même sans avoir la V.O sous les yeux. Et j'en parle en connaissance de cause.
Cela étant dit, je vous propose quelques pages de cet excellent Burning Fields pour terminer :
Commentaires
Enregistrer un commentaire