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Tarzan - Détective de la jungle (01)


par Edgar Rice Burroughs

... C'était une journée splendide. Une brise légère tempérait la chaleur du soleil tropical. La paix régnait dans la tribu depuis des semaines et aucun ennemi n'avait pénétré dans les limites du territoire. Pour une intelligence de singe, c'était là une preuve suffisante que l'avenir serait identique au passé.

... Les guetteurs - l'habitude en était devenue une coutume de l'espèce - relâchaient leur surveillance ou désertaient leur poste, selon leur humeur. La tribu s'était dispersée de tous côtés à la recherche de nourriture.
... On aurait pu croire Numa, Sabor et Sheeta à tous jamais disparus de la surface du globe. Les guenons et leurs petits déambulaient sans aucune protection à travers la jungle inquiétante, tandis que les mâles affamés exploraient les frontières.

... C'est ainsi que Teeka et Gazan, son petit, chassaient à l'extrême limite sud du territoire sans aucun mâle adulte à proximité.
... Pourtant plus loin au sud une sinistre figure parcourait la forêt : un énorme singe que rendait furieux la solitude et la défaite. Un semaine auparavant, il avait disputé la royauté d'une tribu éloignée. Maintenant vaincu, encore meurtri, il parcourait les grands espaces en hors-la-loi.


... Plus tard il retournerait peut-être chez les siens pour se soumettre à la volonté de la brute velue qu'il avait tenté de détrôner ; mais pour le moment il n'osait pas car il avait cherché à s'emparer non seulement de la couronne, mais aussi des épouses de son seigneur et maître. Il fallait attendre que la nouvelle lune apportât l'oubli à celui qu'il avait offensé. Aussi Toog, menaçant, terrible et dévoré de haine, parcourait-il une jungle hostile.

... C'est dans cet état d'esprit que Toog rencontra soudain une jeune femelle qui cherchait seule sa nourriture - une femelle inconnue, souple, forte et belle au-delà de toute expression. Toog retint sa respiration et se rejeta vivement sur le côté de la piste, où le feuillage dense de la végétation tropicale l'abrita des regards de Teeka tout en lui permettant de se repaître les yeux de sa beauté
... Mais son regard ne restait pas fixé sur Teeka ; il errait aussi sur les alentours à la recherche des autres membres de la tribu, surtout des mâles. Quand on convoite une femelle d'une autre communauté on doit prendre en considération les féroces gardiens énormes et velus qui s'éloignent rarement et qui savent combattre un étranger à mort pour protéger la compagne ou le rejeton d'un congénère, tout comme ils le feraient pour les leurs.

... Toog n'aperçut aucun autre singe que cette inconnue et le petit qui jouait à ses côté. Ses yeux cruels et injectés de sang se plissaient quand il posait son regard sur les charmes de la mère. Quand au petit, un seul coup d'une des grosses pattes de Toog sur sa nuque fluette l'empêcherait de donner l'alarme.

... Toog était un mâle robuste et puissant et ressemblait beaucoup à Taug, le compagnon de Teeka. Tous deux étaient jeunes, étonnamment musclés, dotés de crocs pointus, et ils étaient aussi féroces l'un que l'autre. Si Toog avait été de sa tribu, Teeka lui aurait aussi bien cédée quand le temps des amours était arrivé, mais à présent qu'elle appartenait à Taug aucun autre mâle ne pouvait la revendiquer sans se mesurer auparavant avec lui.

... Et même alors, Teeka aurait son mot à dire. Si elle ne favorisait pas le nouveau prétendant, elle pourrait se ranger du côté de son compagnon légitime pour l'aider à décourager les avances de l'autre, et son aide serait alors bien précieuse car, bien qu'ayant des crocs plus petits que ceux d'un mâle, elle savait s'en servir avec une grande efficacité.


... Pour le moment Teeka était profondément absorbée par la fascinante chasse aux abeilles. Elle ne se rendait pas compte combien Gazan et elle s'étaient éloignés de la tribu et son sens du danger n'était pas aussi éveillé qu'il aurait dû l'être.

... Enfin convaincu qu'il n'y avait personne d'autres que ce petit et sa mère dans les environs, Toog se faufila souplement vers eux. Teeka lui tournait le dos lorsqu'il se précipita sur elle : mais elle avait enfin senti sa présence et elle se retourna pour faire face au mâle étranger.

... Toog s'arrêta à quelques pas d'elle. Sa colère s'évanouit devant les charmes séduisants de l'inconnue. Il émit quelques bruits conciliants - une espèce de claquement de ses larges lèvres épaisses - mais Teeka montra les crocs en grognant.

... Le petit Gazan se mit à courir vers sa mère mais celle-ci lui fit comprendre de s'en aller, d'un sec "kreeg-ah" qui lui enjoignait de grimper rapidement sur le faîte d'un arbre. Il était évident que Teeka n'était pas séduite par son nouveau soupirant. Toog changea donc de méthode. Il gonfla sa vaste poitrine, la martela de ses deux poings endurcis et se pavana devant elle.


... - "Je suis Toog" déclara-t-il pompeusement. "Regarde mes crocs de combat. Regarde mes bras musclés et mes jambes puissantes. Je pourrais, d'une seule morsure, abattre votre mâle le plus fort. A moi tout seul, j'ai tué Sheeta. Je suis Toog, et Toog te veut !"

... Puis il attendit de voir l'effet de ses paroles. Il n'eut pas longtemps à attendre : Teeka se détourna avec une rapidité surprenante pour son grand poids, et détala dans la direction opposée. Avec un grognement de colère, Toog se lança à sa poursuite. Mais la femelle, plus petite et plus légère, était trop rapide pour lui. Il la poursuivit quelques mètres et, l'écume à la bouche, il s'arrêta pour marteler le sol de ses gros poings.

... Du haut de l'arbre, le petit Gazan le vit et devina sa déconfiture. Se pensant naïvement hors d'atteinte de ce grand mâle, Gazan lança une insulte humiliante à celui qui troublait leur tranquillité.


... Toog leva les yeux. Teeka s'était immobilisé à quelques mètres car elle ne voulait pas trop s'éloigner de son petit. Toog le compris très vite et résolut aussitôt d'en tirer parti. Il remarqua que l'arbre dans lequel s'était réfugié le jeune singe était isolé et que Gazan ne pourrait pas en atteindre un autre sans revenir d'abord au sol. Il allait pouvoir s'emparer de la mère grâce à l'amour qu'elle portait à son petit.







À suivre .....

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