Accéder au contenu principal

POWER MAN (Collection Hachette) n°14


Luke Cage est l'exemple même du super-héros du XXI° siècle. 
C'est un dur à cuire et ses ennemis sont à son image. Mercenaires à ses débuts, il est devenu membre des New Avengers
Dans cet ouvrage, Luke s'apprête à retrouver ses racines au cours d'une missions qui le renvoie dans les rues qui l'on vu grandir. 

Cet ouvrage recueille certaines des plus grandes aventures de Power Man, et explique comment ce personnage est devenu une icône : Avengers, Défenseurs, Héros à louer

Ce volume contient New Avengers : Luke Cage 1 à 3 et Power Man and Irons Fist 50 à 53 

.... « Sweet Christmas! » 

 …. Luke Cage est inventé par Archie Goodwin, John Romita Sr. et George Tuska en 1972 pour l’éditeur étasunien Marvel dans la foulée de l’apparition du courant cinématographique connu sous le nom de blaxploitation - dont on peut dire que Sweet Sweetback’s Baadasssss Song (1971) de Melvin Van Peebles est le carbone 14 (même si plusieurs films peuvent sans ambages revendiquer un rôle de précurseur : Le Casse de l’Oncle Tom par exemple). Quelques années plus tard, son futur collègue Iron Fist, surfera lui aussi sur un sous-genre cinématographique, celui des chopsocky (autrement dit les films d’arts martiaux).
Artima Color Marvel Superstar : POWER MAN n°1/1981
…. Luke Cage est semble-t-il un personnage qui a fait l’objet de quelques controverses au pays de l’Oncle Sam. Principalement en tant qu’il était une caricature d’Africain-Américain, mais aussi au travers de son passé de délinquant ; sous-entendu : la seule manière d’introduire un personnage Noir dans une BD de super-héros est d’en faire un ex-taulard. Voir le cas du Faucon alias Sam Wilson

Outre le fait que dans « ex-taulard » le terme important est le préfixe « ex », il ne faut pas oublier que le premier personnage Noir d’envergure chez l’éditeur est un roi (certes africain) qui s’appelle T’Challa (Pour en savoir +). 
Si je reviens sur cet aspect de Luke Cage c’est après avoir lu les pages de rédactionnel qui complète (de manière fort intéressante) le quatorzième numéro de la collection LE MEILLEUR DES SUPER-HÉROS MARVEL où l’aspect polémique du personnage est abordé. 

En ce qui me concerne, je n’ai jamais eu de problème avec la couleur de peau des personnages de mes lectures (ni avec celle de mes contemporains). Et je n'en ai toujours pas.
Lorsque, dans les années 1970 après avoir regardé à la télévision la série Les Bannis, je saisissais mes deux Colts pour enfourcher mon cheval c’est Jemal Davis (alias Otis Young) que j’incarnais fièrement. Mon personnage favoris dans la bande dessinée Teddy Ted c’était l’Apache un type taciturne tout vêtu de noir, souvent en train de sculpter un morceau de bois avec son couteau. 
Et qui comme son nom l'indiquait, était un Indien
Et la sagesse de Kwai Chang Caine, ainsi que son aisance à rester debout face à quelques brutes épaisses qui lui chercher des noises, me faisait regretter de ne pas être né en Chine pour devenir moi aussi un moine Shaolin

Sans oublier l’un de mes personnages favoris de tous ceux que j’ai rencontrés dans STRANGE, sans que je puisse l’expliquer autrement que pas un coup de foudre, n’est autre que le Rôdeur.
Jemal Davis & Earl Corey
Ainsi, lire dans les pages de Super Black American Pop Culture and Black Superheroes écrit par Adifulu Nama que le personnage d’Everett K. Ross dans la série Black Panther était là pour permettre aux lecteurs Blancs de s’identifier à un protagoniste récurrent dans un casting essentiellement composé d’Africains ou d’Afro-américains, est quelque chose qui ne me serait pas venu à l’esprit avant que je ne le lise. 

Bref le communautarisme de l’imaginaire est un trait de caractère qui m’est totalement étranger. 
Il ne viendrait pas non plus à l’esprit de demander son passeport à un scénariste. 

 …. En ce qui concerne le passé de délinquant de Luke Cage, outre qu’il est aussi un stéréotype (notamment influencé par la blaxploitation), et que la culture de masse n’a jamais fait mystère d’avoir recours massivement à ce type de raccourci scénaristique (pour le meilleurs et pour le pire) ; consciemment ou inconsciemment du reste ; c’est oublier que la Maison des Idées, certainement dans le but de se démarquer de ses concurrents a favorisé - au moins dans ses débuts - des personnages en marge, des outsiders, des outcasts.
FF #01/Panini
Spider-Man est, dans sa première aventure, un jeune homme qui par son inaction, son irresponsabilité, favorise les conditions qui vont mener au meurtre de son oncle. 
Les Quatre Fantastiques volent une technologie gouvernementale pour être les premiers à aller dans l’espace avant les communistes. 
Captain Marvel est un espion extraterrestre. Sans parler des X-Men, dont la lutte a été interprétée comme une allégorie entre la perspective de Martin Luther King et celle de Malcom X (et de façon plus visible : une minorité en but à la suspicion de la société). Et je pourrais en énumérer d'autres.

Alors certes ils n’ont pas fait de prison comme Luke Cage

Toutefois c’est oublier que son parcours est exemplaire, et que malgré les vicissitudes de la vie, il revient dans le « droit chemin » (rappelez-vous le préfixe) et monte une entreprise de « Héros à louer ». 

Luke Cage c’est de mon point de vue, la personnification du rêve américain, et l’expression très accomplie d’une valeur américaine par excellence : l’esprit d’entreprise. 
Un self-made-man selon Ralph Waldo Emerson (Pour en savoir +) qui met ses super-pouvoirs au service du plus grand nombre. 

Et contrairement à ce que dit la quatrième de couverture (voir supra), je ne vois pas Cage comme un mercenaire, mais comme un chef d’entreprise. 

Du reste Luke Cage, tout héros Noir stéréotypé qu'il est dans les années 1970, est un personnage à qui Marvel donne une série à son nom. Si l'idée de toucher de nouveaux lecteurs (et d'augmenter les bénéfices) n'est pas absente de l'équation, il fallait aussi une certaine dose de courage pour le faire à l'époque. 

Au-delà de ce constat, penser que tous les Noirs sont des repris de justice en puissance en lisant les aventures de Luke Cage c’est déjà présenter une configuration intellectuelle (si je puis dire) qui n’a certainement pas besoin de ça pour stigmatiser tel ou tel groupe d’individus. 

On peut d’ailleurs légitimement se demander pourquoi les mêmes qui voient en Luke Cage un mauvais stéréotype ne pensent pas que tous les Noirs peuvent être de brillants rédacteurs en chef de quotidien en voyant l’exemple de Robbie Robertson du DAILY BUGGLE ? 

Imagine-t-on que tout ou partie des lecteurs d’Amazing Spider-Man #129 puissent penser que tous les anciens combattants de la guerre du Vietnam sont des Punisher en devenir ? 

Si c’est le cas il me semble que le problème se situe dans l’esprit de ceux qui le pensent plutôt que dans l’imagination des scénaristes.

…. « En direct de la rue .. » (Jonathan Fisher) 

 .... Dans cette aventure en trois numéros, Luke Cage s’attaque à un réseau de trafique de drogue dans la ville de Philadelphie, un retour au source pour ce seigneur de la jungle urbaine, insensibles aux balles et à la force prodigieuse. 

Selon un entretien accordé au magazine en ligne Newsarama en janvier 2010, soit quelques mois avant la sortie, cette mini-série aurait dû compter un numéro de plus. 
Si l’ensemble tient plutôt bien ses promesses en terme de divertissement, il apparaît évident que dès l'arrêt de la suspension volontaire d’incrédulité, quelques subplots (sous-intrigues) sont passées à l’as comme on dit ; et qu’au moins deux personnages font de la figuration, ce qui n’était je crois pas prévu et que la fin, aussi satisfaisante soit-elle tombe un peu abruptement. 

Faut-il dès lors oublier cette histoire, et ne pas la lire ? 

Pas du tout, John Arcudi n’a pas à rougir de son scénario et c’est d’autant plus méritoire de l’avoir mener à terme dans des conditions qui n’ont pas du être de tout repos et de manière aussi convaincante. 
D’autant que le recueil proposé par Hachette complète son sommaire avec quatre autres aventures, mais cette fois-ci de Power Man & Iron Fist, parues aux U.S.A. à la fin des années 1970, et publiées quatre plus tard dans l’Hexagone

Ces 4 épisodes ont fait l'objet d'une nouvelle traduction et d'un nouveau lettrage (respectivement par Benjamin Viette & Cyril Bouquet de MAKMA); c'est donc "presque" de l'inédit.
Artima Colors SuperStar 04/1982
.... C’est le premier recueil que j’achète dans cette collection, mais l'impression que j'ai, plus le prix somme toute raisonnable dans la gamme de ce genre de produit (12,99 €), en fait un achat que je ne regrette pas. 

Et une collection sur laquelle je vais dorénavant me pencher.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Triple frontière [Mark Boal / J.C. Chandor]

En même temps qu'un tournage qui devait débuter en 2011, sous la direction de K athryn B igelow, Triple frontière se verra lié à une tripotée d'acteurs bankables : S ean P enn, J avier B ardem, D enzel W ashington. Et même T om H anks. À ce moment-là, le titre est devenu Sleeping dogs , et d'autres noms circulent ( C hanning T atum ou encore T om H ardy). Durant cette période de valses-hésitations, outre M ark B oal au scénario, la seule constante restera le lieu où devrait se dérouler l'action. La « triple frontière » du titre est une enclave aux confins du Paraguay , du Brésil et de l' Argentine , devenue zone de libre-échange et symbole d'une mondialisation productiviste à fort dynamisme économique. Le barrage d' Itaipu qui y a été construit entre 1975 et 1982, le plus grand du monde, produirait 75 % de l’électricité consommé au Brésil et au Paraguay . Ce territoire a même sa propre langue, le « Portugnol », une langue de confluence, mélange d

The Words

... The Words ( Les Mots ) est un film qui avait tout pour me séduire : le roman en tant qu'élément principal, des acteurs que j'aime bien ; D ennis Q uaid, J eremy I rons, J . K . S immons et B radley C ooper. Éléments supplémentaire l'histoire se révèle être une histoire dans l'hisitoire. Ou plus exactement un roman à propos de l'écriture d'un roman, écrit par un autre ; entre fiction et réalité.  Je m'explique. Clay Hammon fait une lecture public de son dernier livre The Words dans lequel un jeune auteur, Rory Jansen , en mal de reconnaissance tente vaille que vaille de placer son roman chez différents éditeurs. Cet homme vit avec une très belle jeune femme et il est entouré d'une famille aimante. Finalement il va se construire une vie somme toute agréable mais loin de ce qu'il envisageait. Au cours de sa lune de miel, à Paris , son épouse va lui offrir une vieille serviette en cuir découverte chez un antiquaire, pour dit-elle qu'

Wheelman [Frank Grillo / Jeremy Rush]

En partie produit, et surtout entièrement cornaqué par War Party™, la société de production de J oe C arnahan & de F rank G rillo, et magistralement interprété par ce dernier ; « Wheelman 2017 » repose sur la règle des 3 unités du théâtre dit classique :  • Unité temps : Une nuit.  • Unité d'action : Une attaque à main armée ne se déroule pas comme prévue.  • Unité de lieu : Une BMW E46  Autrement dit, 98% du film se déroule dans une voiture avec seulement F rank G rillo au volant et à l’écran. Son personnage n'interagit avec l'extérieur quasiment que via un téléphone portable.              Tourné à Boston en seulement 19 jours, pour un budget légèrement supérieur à 5 millions de dollars, « Wheelman » est, au moment des comptes, une péloche dégraissée et bien relevée.  D'entrée de jeu les premières minutes donnent le ton : « l'homme au volant » du titre a été embauché pour être chauffeur lors d'un braquage à main armée. Divorcé, sa fille adolescente, d