Si d'après Raymond Chandler, Dashiell Hammett a sorti l'enquête criminelle de l'univers douillet des salons et des mains d'amateurs dilettantes pour la remettre dans la rue, d'autres auteurs ont depuis décidé de pasticher l'Âge d'or® du whodunit anglais.
« Les folles enquêtes de Magritte et Georgette » ressortit à ce courant du roman policier qu'on appelle désormais des « cosy mysteries ».
Ce premier tome, qui devrait être suivi par d'autres, met en scène René Magritte et son épouse, Georgette, dans les rôles de deux détectives amateurs. La série s'inscrit également dans cette veine de polars où des individus historiques deviennent des détectives.
Comme le terme générique de « cosy mystery » le laisse penser, ces romans se déroulent dans une société relativement policée, la violence y est certes présente mais adoucie, et si le criminel en est un, les circonstances qui l'ont poussait à le devenir équilibre les torts.
La particularité de « Nom d'une pipe » de Nadine Monfils tient à ce que l'autrice connaît et aime Magritte. Ainsi tout ce qui a attrait à sa personne, et à son entourage est véridique. La romancière pousse ainsi la méticulosité jusqu'à faire se rencontrer Magritte et Jacques Brel (une rencontre qui pour le coup n'a pas eu lieu) en imaginant un dialogue entre les deux célèbres Belges, à partir de propos qu'ils ont véritablement tenus. Mais séparément.
Le roman est également émaillé de belgicimes : menneke, zieverer, etc. et où tel le chapeau « boule » remplace le chapeau melon hexagonal.
Ce premier tome se lit avec plaisir, mais sans ce « décalage » auquel je m'attendais. J'escomptais qu'avec Magritte, ses enquêtes auraient la singularité de ses tableaux. Mais Nadine Monfils a concocté a contrario un histoire où, semble-t-il, c'est le René Magritte privé et non pas son univers pictural qui est mis en avant. Quand bien même de nombreuses allusions à ses tableaux parsèment le roman.
Mais d'une manière générale Nadine Monfils veut donner un image juste de ce couple, où finalement, comme dans la veine des « cosy mysteries » dans lesquels cette histoire s'inscrit, un conformisme « petit bourgeois » règne en maître des us & coutumes.
Rien de rédhibitoire cependant, ce premier tome des folles enquêtes de Magritte et Georgette est bien ce qu'il prétend être. Et en sus, une très belle couverture signée François Roca.
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