Accéder au contenu principal

Rouge est la nuit [Tetsuya Honda / Dominique & Frank Sylvain]

Roman policier 100% règlement-règlement, « Rouge est la nuit » ressemble à s'y méprendre à prendre un coup de couteau dans les reins quand on s'y attend le moins.
Si l'épigraphe de la première partie ne laisse guère de place à la surprise : « Une femme à qui on a crevé les yeux, à qui on a tranché la gorge, du sang frais qui jaillit.
Et toi, veux-tu voir ça en vrai ? », la suite prouvera le contraire. 
            Traduit par Dominique & Frank Sylvain, les deux fondateurs de la maison d'édition l'Atelier Akatombo™ qui le publie, ce livre est le premier d'une série consacrée à la lieutenante Reiko Himekawa de la police de Tokyo.
Une carrière placée sous le signe d'un traumatisme, que cette enquête ne risque pas d'apaiser.
Autrement plus dépaysant que le 36, Quai des Orfèvres®, le Département de la Police Métropolitaine de Tokyo® partage néanmoins avec son homologue parisien d'être au sommet de la chaîne alimentaire policière. Un prestige qui exacerbe la lutte de territoire qui se joue à chaque enquête.
Celle de « Rouge est la nuit » ne fera pas beaucoup de prisonniers.
            Tetsuya Honda y révélera ses penchants pour la crudité des situations, réminiscence de ses débuts en littérature via, nous dit-on les romans d'horreur. 
Premier polar à l'intrigue aussi poisseuse que solide « Rouge est la nuit » a tout d'un roman programmatique dont la mécanique de précision n'empêche ni l'émotion ni l'épaisseur psychologique. Difficile de croire en effet que les prochaines enquêtes dévolues à la lieutenante Reiko Himekawa ne prendront pas, elles aussi, les voies du malaise. 
            Forcément sélectif, l'aversion que ne manquera pas de susciter l'enquête de la DPMT®, ne doit pas masquer l'instantané d'une société dont les singularités, tout en étant notoires, ne laissent pas de captiver. 
Subtile, n'en déplaise aux allures d’abattoirs que prennent certains (rares) chapitres, « Rouge est la nuit » a été pour moi une découverte très enthousiasmante.                           
Seul roman de Tesuya Honda au nombre de mes lectures, il ne le restera pas longtemps.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Triple frontière [Mark Boal / J.C. Chandor]

En même temps qu'un tournage qui devait débuter en 2011, sous la direction de K athryn B igelow, Triple frontière se verra lié à une tripotée d'acteurs bankables : S ean P enn, J avier B ardem, D enzel W ashington. Et même T om H anks. À ce moment-là, le titre est devenu Sleeping dogs , et d'autres noms circulent ( C hanning T atum ou encore T om H ardy). Durant cette période de valses-hésitations, outre M ark B oal au scénario, la seule constante restera le lieu où devrait se dérouler l'action. La « triple frontière » du titre est une enclave aux confins du Paraguay , du Brésil et de l' Argentine , devenue zone de libre-échange et symbole d'une mondialisation productiviste à fort dynamisme économique. Le barrage d' Itaipu qui y a été construit entre 1975 et 1982, le plus grand du monde, produirait 75 % de l’électricité consommé au Brésil et au Paraguay . Ce territoire a même sa propre langue, le « Portugnol », une langue de confluence, mélange d

The Words

... The Words ( Les Mots ) est un film qui avait tout pour me séduire : le roman en tant qu'élément principal, des acteurs que j'aime bien ; D ennis Q uaid, J eremy I rons, J . K . S immons et B radley C ooper. Éléments supplémentaire l'histoire se révèle être une histoire dans l'hisitoire. Ou plus exactement un roman à propos de l'écriture d'un roman, écrit par un autre ; entre fiction et réalité.  Je m'explique. Clay Hammon fait une lecture public de son dernier livre The Words dans lequel un jeune auteur, Rory Jansen , en mal de reconnaissance tente vaille que vaille de placer son roman chez différents éditeurs. Cet homme vit avec une très belle jeune femme et il est entouré d'une famille aimante. Finalement il va se construire une vie somme toute agréable mais loin de ce qu'il envisageait. Au cours de sa lune de miel, à Paris , son épouse va lui offrir une vieille serviette en cuir découverte chez un antiquaire, pour dit-elle qu'

Big Wednesday (John Milius)

Une anecdote circule au sujet du film de J ohn M ilius, alors qu'ils s’apprêtaient à sortir leur film respectif ( La Guerre des Etoiles , Rencontre du Troisième Type et Big Wednesday ) G eorge L ucas, S teven S pielberg et J ohn M ilius  auraient fait un pacte : les bénéfices de leur film seront mis en commun et partagés en trois. Un sacré coup de chance pour M ilius dont le film fit un flop contrairement aux deux autres. Un vrai surfeur ne doit pas se laisser prendre au piège de la célébrité  Un vrai surfeur ne doit pas se sentir couper des siens. Il ne doit pas courir derrière les dollars, ni gagner toutes les compétitions. [..] M idget F arrelly champion du monde de surf 1964  ... Big Wednesday est l'histoire de trois jeunes californiens dont la vie est rythmée par le surf ; on les découvre en pleine adolescence au cours de l'été 1962, et nous les suivrons jusqu'à un certain mercredi de l'été 1974.   L'origine du surf se perd dans la nuit des