Au crépuscule des Années folles®, dans une sombre ruelle près de Montparnasse, on découvre un cadavre qui, s’il n’a rien d’exquis, se distingue néanmoins par 14 marques sur son cou, comme autant d’insolites morsures.
Martín Solares donne ici un léger coup de canif dans la jugulaire du réel pour le premier tome de ce qui devrait être une trilogie. Lequel nous introduit dans un Paname ultra-mondain aussi facilement qu’une main rentre dans un gant, et où l’on explore, à la suite de Pierre Le Noir, inspecteur à la Brigade Nocturne de la Police de Paris, une topographie psychogéographique de la capitale hexagonale : « Les créatures nocturnes le savent, chaque rue de Paris a un nom officiel et un nom secret. »
Pierre Le Noir y croisera aussi bien Béla Lugosi, Man Ray, que Simenon ou André Breton, non sans s’être roulé dans la vase de la Seine dont les vertus magiques sont bien connues.
Court roman sous influence surréaliste, « Quatorze crocs » est d’abord un roman d’ambiance, de dérive. Presque onirique, l’enquête de Le Noir y instille dans l’esprit des lecteurs, l’univers des collages de Max Ernst. Une filiation que suggère - de manière un peu brutale - la couverture des éditions Christian Bourgois™.
Premier tome d’une trilogie dont le deuxième Mort dans le jardin de la Lune, paru début juin, s’avèrera indispensable. « Quatorze crocs » est en effet un hors-d’œuvre certes gouteux, mais dont la surnature n’assouvira pas totalement les lecteurs qui s’y seront laissés prendre.
Parti d’un tout indispensable donc, « Quatorze crocs » prophétise une trilogie dont la certification« BSA extra-piste© », comme on disait à l'époque sur les vélodromes, ne fait aucun doute.
À lire les yeux fermés !
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