Accéder au contenu principal

'71 [Yann Demange / Jack O'Connell]

Nous sommes en 1971, et la capitale de l'Irlande du Nord est littéralement déchirée par « les Troubles ».
Cependant, la guerre civiles entre protestants et catholique n'est qu'un village Potemkine™ pour le scénariste Gregory Burke et le réalisateur Yann Demange .
En effet, « '71 » est un survival urbain ; violent, viscéral et absurde ; plutôt qu'un film historique ou social.
« La situation était confuse »

            Cinéma de l’efficacité et du ressenti, le survival est aussi surtout le résultat d'une formule :
Unité d'action : sauver sa peau coûte que coûte. 
Unité de lieu : ville, quartier, appartement 
Unité de temps : quelques heures ; jusqu'à épuisement des personnages. 
Les Troubles donc, euphémisme anglais qui rappellera celui de « pacification », qu'utilisait le gouvernement français en parlant de la guerre d'Algérie, ne servent que de contexte disais-je ; le scénario prenant bien soin de renvoyer toutes les parties en présence dans une même abjection de violence et d’amateurisme.  
            Gary Hook fait figure d'exception, jeune militaire fraîchement débarqué de ses  « classes », avec son contingent. Ignorant de ce dans quoi il met les pieds.
Un personnage que la caméra film de manière quasi « behavioriste ». 
Gary Hook est ainsi abordés de l’extérieur. À travers l’exposé objectif de son comportement et de ses actes, et non pas, au moyen de considérations psychologisantes ou subjectives.
Le contraste est saisissant avec les autres personnages qui utilisent, d'abord envers eux-mêmes, les « ruses de la raison ».      
            Ramassé, le film file ses 1 heure 30, montre en main, et fait sienne la philosophie de Thomas Hobbes : « L'homme est un loup pour l'homme ». Une formule qui dit bien ce qui attend les personnages et les spectateurs.
Si l'Irlande du Nord du début des années 1970 est surtout une toile de fond, Yann Demange y apporte un soin, que renforce l’esthétique documentaire, convaincant et crédible. En parlant de village Potemkine™ je voulais donc surtout faire passer que l'idée n'était de faire une reconstitution historique. Et que  « '71 » est d'abord un film d'action. Dans le sens péjoratif que lui donnent ceux qui n'en regardent pas.

            Cependant « '71 » n'est pas un film décérébré, on voit bien que Burke et Demange ont réfléchi à la question. Les seconds rôles y trouvent d'ailleurs toute la crédibilité nécessaire pour tirer ce film vers le haut du panier.
Simplement, tout cet appareillage intellectuel se situe sous la ligne de flottaison, il sous-tend la course contre la montre, contre la mort de  Gary Hook. Il ne tient pas le rôle principal.    

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

The Words

... The Words ( Les Mots ) est un film qui avait tout pour me séduire : le roman en tant qu'élément principal, des acteurs que j'aime bien ; D ennis Q uaid, J eremy I rons, J . K . S immons et B radley C ooper. Éléments supplémentaire l'histoire se révèle être une histoire dans l'hisitoire. Ou plus exactement un roman à propos de l'écriture d'un roman, écrit par un autre ; entre fiction et réalité.  Je m'explique. Clay Hammon fait une lecture public de son dernier livre The Words dans lequel un jeune auteur, Rory Jansen , en mal de reconnaissance tente vaille que vaille de placer son roman chez différents éditeurs. Cet homme vit avec une très belle jeune femme et il est entouré d'une famille aimante. Finalement il va se construire une vie somme toute agréable mais loin de ce qu'il envisageait. Au cours de sa lune de miel, à Paris , son épouse va lui offrir une vieille serviette en cuir découverte chez un antiquaire, pour dit-elle qu'

Nebula-9 : The Final Frontier

... Nebula-9 est une série télévisée qui a connu une brève carrière télévisuelle. Annulée il y a dix ans après 12 épisodes loin de faire l'unanimité : un mélodrame bidon et un jeu d'acteurs sans vie entendait-on très souvent alors. Un destin un peu comparable à Firefly la série de J oss W hedon, sauf que cette dernière bénéficiait si mes souvenirs sont bons, de jugements plus louangeurs. Il n'en demeure pas moins que ces deux séries de science-fiction (parmi d'autres telle Farscape ) naviguaient dans le sillage ouvert par Star Trek dés les années 60 celui du space opera . Le space opera est un terme alors légèrement connoté en mauvaise part lorsqu'il est proposé, en 1941 par l'écrivain de science-fiction W ilson T ucker, pour une catégorie de récits de S-F nés sous les couvertures bariolées des pulps des années 30. Les pulps dont l'une des particularités était la périodicité ce qui allait entraîner "une capacité de tradition" ( M ich

Juste cause [Sean Connery / Laurence Fishburne / Ed Harris / Kate Capshaw]

« Juste Cause 1995 » est un film qui cache admirablement son jeu.             Paul Armstrong , professeur à l'université de Harvard (MA), est abordé par une vieille dame qui lui remet une lettre. Elle vient de la part de son petit-fils, Bobby Earl , accusé du meurtre d'une enfant de 11 ans, et qui attend dans le « couloir de la mort » en Floride . Ce dernier sollicite l'aide du professeur, un farouche opposant à la peine capitale.   Dès le départ, « Juste Cause 1995 » joue sur les contradictions. Ainsi, Tanny Brown , « le pire flic anti-noir des Everglades », dixit la grand-mère de Bobby Earl , à l'origine de l'arrestation, est lui-même un africain-américain. Ceci étant, tout le film jouera à remettre en cause certains a priori , tout en déconstruisant ce que semblait proposer l'incipit du film d' A rne G limcher. La déconstruction en question est ici à entendre en tant que la mise en scène des contradictions de situations dont l'évidence paraît pour