C’est « le début d’une belle amitié », pour citer la fin de Casablanca…
Rodrigo Fresán, né en Argentine , <la même année que les X-Men>, est un « lecteur qui écrit », nous dit-il. Et qui voit toute son œuvre comme une grande maison, avec autant de pièces. Ses romans sont donc des mises en pièces, qui pour être lus demandent d’être ouverts, pour y pénétrer.
Le passé n’est jamais simple.
Éclairée par l’ombre de James Matthew Barrie, « Les jardins de Kensington » est la biographie confession de Peter Hook, auteur de nombreux et populaires romans « jeunesse », qui s’entretient, le livre durant, avec l’interprète de son jeune héros -d’encre et de papier- Jim Yang.
L’occasion pour lui de dresser la biographie de celui qui se révélera un modèle, et d’établir ce qu’ont en commun l’ère victorienne et les swinging sixties. L’une a en effet inventé l’enfance, et l’autre lui a donné une nouvelle jeunesse. Et sa propre autobiographie.
« L’écrivain est un super héros qui n’aurait pas de super pouvoirs… si ce n’est celui de modifier la réalité. » Rodrigo Fresán
Roman hypnagogique, « Les jardins de Kensington » lui a été inspiré par un documentaire télévisé où apparaissaient, déguisés en cow-boys, J.M. Barrie, G.K. Chesterton et G.B. Shaw, est bâti comme un palais de mémoire (© Matteo Ricci). Où cette dernière serait le play-back de nos vies.
La musique joue d’ailleurs un rôle très important dans ce récit.
Le père de Peter Hook < Sebastian « Darjeeling » Compton-Lowe > y est le leader d’un groupe musical des années soixante : The Beaten (alias) The Beaten Victorians (alias) The Victorians. Qui se serait voulu le double inversé des Beatles.
Foisonnant, encyclopédique, titillé par la littérature de listes, le name dropping, « Les jardins de Kensington » se révèle aussi un quasi thriller. Usant du temps comme Jim Yang le fait avec sa chronocyclette®, Peter Hook ménage son suspense au compte-gouttes. Et défie les paradoxes.
Ruptures aléatoires avec le pacte réaliste, digressions, déviations, collages ; « Les jardins de Kensington » produit un léger vertige cognitif ; dont les références, si elles jouent bien un rôle, ne sont pas essentielles.
D’autant qu’il est difficile d’en mesurer l’impact.
Non, « Les jardins de Kensington » est une sorte de moteur immobile.
Autrement dit, la cause de son propre mouvement.
Aussi, inutile d’être docteur ès Beatles, cartographe du Pays imaginaire©, ou même lecteur de romans « jeunesse », ni d’acheter un plan de Londres pour s'y perdre.
Rodrigo Fresán avoue dans une note de bas de page <qui pour le coup se trouve en fin d'ouvrage> , n’être jamais allé à Kensington Gardens.
Car « Les jardins de Kensington » est d’abord (seulement ?) un récit imaginaire.
Mais ne le sont-ils pas tous !?
C’est en tout cas le début d’une belle amitié mon cher Rodrigo !
(À suivre ....)
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• Cette freaktion a été traduite par Isabelle Gugnon
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