Accéder au contenu principal

Flex mentallo & le Wold Newton

... Ceux qui me lisent savent que j'ai pour l'Exposition mondiale de 1893 une attirance particulière, cependant j'avais le plus grand mal à identifier la nature de la Ville Blanche ; comment cet espace-temps (le Jackson Park & le Midway Plaisance à Chicago entre le le 1er mai 1893 & le 30 octobre 1893) avait-il pu engendrer un tel impact.

C'est paradoxalement en réfléchissant à autre chose (du moins le pensais-je alors) que j'ai eu la révélation de la véritable nature de la Ville Blanche : l'objet de ma pensée n'était alors rien d'autre que le slip léopard de Flex Mentallo...

Cette peau de léopard portée par Eugen Sandow, culturiste qui inspirera Edgar Rice Burroughs ; et qui deviendra un symbole revêtu par tout un lignage d'hommes forts de part le monde dont entre autre, par Charles Atlas inspirateur de Superman et de Flex Mentallo (excusez du peu). Une peau de léopard que l'on retrouve chez Tarzan celui de E. R. Burroughs mais aussi celui de W. S. Burroughs d'une certaine manière. Une peau de léopard donc,  qui se transforme en peau de jaguar et inspire Jorge Luis Borges ... en un mot un artefact wold newtonien, au même titre que l'Exposition mondiale de 1893.

Wold Newton City
... On comprend mieux comment la White City a pu inspirer quelqu'un comme Alan Moore lorsqu'il a fallu construire Millenium City, Moore a un esprit wold newtonnien, tout comme Grant Morrison. Je préciserai dans un prochain billet ce qu'est le Wold Newton (grâce à son découvreur), sachez cependant que l'Univers Wold Newton est tissé de liens et qu'y franchir le Quatrième Mur est une activité courante. 

Quiconque a lu les histoires écrites par l'auteur Écossais sait qu'il tisse des liens avec moult élèvements et affranchit volontiers certains de ses personnages du 4ième Mur.


Voire qu'il s'invite au sein même des histoires qu'il écrit, le cas d'Animal Man est sûrement le plus connu, et celui de King Mob le plus intense.

[...] King Mob (est) un mouvement formé par Christopher Gray à Londres après son exclusion de l'International Situationniste. Ayant Choisi son nom en référence aux foules meurtrières qui se déchaînèrent dans Londres durant les émeutes Gordon anti-catholiques de 1870, ouvrant les prisons et lâchant les  les criminels dans la rue, le groupe attaquait la société spectaculaire-marchande en saccageant les Wimpy. Les murs de la ville furent recouverts de slogans cryptiques peints en lettres houleuses d'un mètre de haut [...]
Dans les pages d'une feuille éphémère, King Mob Echo, tous les vieux talismans surgissaient à nouveau : une réimpression de la célébration dada par Vaneigem, une photo de la dépouille de Rosa Luxembourg, [..], une lettre envoyé à la London central News Agency par Jack l'Eventreur ("I love my work"), des bandes dessinées de Ranters en train de prêcher nus, et même un amer rejet de la "culture alternative" [..]

Lipstick Traces Greil Marcus Une histoire secrète du vingtième siècle




Le plus intense car King Mob n'est pas seulement un membres des Invisibles, il est aussi une résurgence du passé de notre réalité (chez Morrison notre réalité s'appelle l'univers de Qwewq), et surtout Grant Morrison est devenu King Mob ..  "L'idée de personnage conscients de leur propre existence en tant que fiction, thème récurrent chez Morrison, sera au centre des Invisibles. Morrison ira même jusqu'à modifier son apparence physique pour ressembler à King Mob, [..] Les effets de la synergie entre l'auteur et l'œuvre sont tels que lorsqu'il met en scène la séance de torture de King Mob par son ennemi juré (...) il ressent lui-même les effets physiques et souffre d'une infection pulmonaire [..]" (GRANT MORRISON (R)Évolution Yann Graf) .

Autre exemple de référence, de lien, celui de la jeune Afro-Américaine Lucille Butler une ancienne flic de Harlem qui porte le nom de code "Boy". Ce nom est une référence implicite (selon moi) à la période esclavagiste des U.S.A où ce terme était utilisé par les Blancs pour s'adresser à un Noir (ce qui par réaction a suscité l'utilisation entre Noirs du terme "man"), ensuite "boy" est devenu une façon amicale de s'interpeller entre Noirs. (Cf. Talkin' that Talk de Jean-Paul Levert)


Ce lien est d'ailleurs renforcé par ce qui a déclenché la venue de Boy au sein des Invisibles : la découverte du plan  Rex 84 (et ses conséquences) où il apparait qu'un train sert aux convoyages d'activistes Noirs enlevés : face symétrique et obscur de l'underground railroad : organisation clandestine animée par des Blancs et des Noirs libres organisée en 1838, qui a aidé à l'évasion de centaines d'esclaves et à leur installation dans le Nord ou au canada (ibid). 

Toutefois la derniére page du numéro de la série qui raconte cette histoire propose un autre lien historique. .... et c'est là toute la force des histoires de Grant Morrison : multiplicité des références où le lecteur participe activement, en un mot Grant Morrison créé des bandes dessinées interactives grâce à son esprit wold newtonien, C.Q.F.D.

(À suivre ...)

Commentaires

  1. DE MIEUX EN MIEUX, je me doutait bien que le wold newton allait débarquer à un moment ou à un autre

    RépondreSupprimer
  2. Attention: si la White City de Chicago a eu une importance considérable dans l'imaginaire étasunien, elle a eu une homonyme à Londres, une White City bâtie au début du XXe siècle pour être le siège de diverses expositions importantes, et dont le stade employé pour les JO de Londres est longtemps resté en place. La BBC s'est également installée sur place. Je ne serais pas étonné que cette White City-là ait inspiré qqs Britanniques.

    RépondreSupprimer
  3. Merci de ton intérêt Midnighter, et de tes précisions Manti, je ne connaissais pas cette White City londonienne.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Massacres à New York [Jack Cannon / Claro]

C'est un « tweet » de J ack C arr (l'auteur de Terminal List ), qui souhaitait un bon anniversaire à N elson D e M ille, qui a aiguisé ma curiosité.  Si j'avais - je crois ? - vu une adaptation cinématographique de l'un des romans de D e M ille ( Le déshonneur d'Ann Campbell ), je n'en avais en revanche jamais lus aucun.  Mon choix s'est donc porté sur L'Île des fléaux , roman disponible à la médiathèque, et premier d'une série dont le personnage principal est un certain John Corey .  Mal m'en a pris.              Je crois que c'est la pire traduction qu'il m'a été donnée de lire. Dès les premières pages on trouve un « détective », des « officiers », en lieu et place d'un inspecteur et d'agents. Un peu plus loin mais guère plus, le traducteur confond le canon d'une arme et son barillet, et cerise sur le gâteau (c'est le cas de le dire), construit une maison en pain d'épices ( gingerbread qui pour le coup a ici l

Sandman : Neil Gaiman & Co.

... J e viens de terminer l'histoire intitulée Ramadan , une magnifique histoire certainement l'une de mes favorites avec celle de Calliope ( K elley J ones), en plus dessinée par P . C raig R ussell. Juste avant je venais de lire le premier tome de la série dans la collection Urban Vertigo (traduction de P atrick M arcel) et, décidément, ça ne sera pas ma période préférée du titre. Je suis bien content que lorsque je me suis remis à lire Sandman , le premier tome n'était pas disponible à la médiathèque où je suis inscrit, sinon je n'aurais peut-être pas continué si j'avais comme il se doit, commencé par lui. Déjà il y a quelques années j'avais achoppé sur les premiers numéros (plusieurs fois), cela dit il y a quand même des choses qui m'ont réjoui dans ce premier tome : le premier numéro, le traitement de John Constantine , la présence de  G . K . C hesterton et l'idée du "lopin du Ménétrier", l'épisode n°8, " Hommes de bon

La disparition de Perek [Hervé Le Tellier]

« — Tu oublies un truc important, ajouta Gabriel.  — Dis pour voir…  — C'est nous les gentils. » Créé, selon la légende, lors d'une discussion de bistrot qui rassemblait J ean- B ernard P ouy, P atrick R aynal et S erge Q uadruppani, la série Le Poulpe est un mélange d'influences.              Paradoxalement il s'agissait de contrer la littérature de gare qualifiée de « crypto-fasciste », représentée par les SAS de G érard de V illiers, ou la série de L’Exécuteur par D on P endleton. Des titres bien trop présents dans les libraires des gares hexagonales aux dires des mousquetaires gauchistes, dont la visibilisé (et le succès)  serait ainsi gênée grâce à un projet tentaculaire ( sic ) d' agit-prop littéraire.              Une envie néanmoins déclenchée par la déferlante du Pulp Fiction 1994 de T arantino (d'où le surnom du personnage éponyme), qui allait mettre à l'honneur (pour le pire) la littérature des pulp magazines américains. Cherchez l'er