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ALPHA FLIGHT (-1 à 12) Steven T. Seagle & Co.

(Deuxième) Division Alpha

…. Le lot des équipes de super-héros de seconde zone est de subir régulièrement des mises à jour et des customisations*, afin de trouver celles qui la pérennisera sur le marché. 
Une sorte de « versioning » (à la sauce Gutenberg), processus qui permet en outre de conserver une trace des modifications successives passées.

Alpha Flight (ou dans sa version hexagonale made in LUG la Division Alpha), inventée par Chris Claremont & John Byrne dans les pages d’Uncanny X-Men à la fin des années 1970, pour être plus ou moins la version canadienne de l’équipe mutante en titre, répond à ce critère.
Après un long run de 130 numéros, fondé par nul autre que John Byrne lui-même, la série s’interrompe en 1994**. 
Trois ans après, la Maison des Idées qui n’en loupe pas une à l’époque : elle a loué quelques unes de ses franchises les plus symboliques à Image Comics (lesquelles évolueront dorénavant dans un univers de poche (Heroes Reborn) distinct de l’univers 616 de Marvel & de sinistre mémoire), relance l’équipe canadienne dans son propre titre, afin d’occuper l’espace laissé vacant.

Sous la tutelle créative de Steven T. Seagle, le titre revient avec une recette éprouvée : quelques Alphans (plus ou moins) d’origine et quelques nouveaux membres reforment une nouvelle équipe à l’instar de ce qu’avait fait leur source d’inspiration dans le Giant-Size X-Men #1 de mai 1975. 
La présence de Feu du Soleil (alias Sunfire) pousse encore un peu plus le mimétisme avec son illustre aînée.
…. Dans un premier temps cette nouvelle mouture d’Alpha Flight ressemble également à une version bêta de la Stormwatch - que Warren Ellis anime depuis un an chez Image Comics – une impression qui persistera avec plus ou moins d’intensité tout au long des épisodes parus en France. L’aspect - politique & interventionniste - restera toutefois à l’état embryonnaire, malgré quelques temps forts qui laissaient augurer d’intéressantes perspectives. 

Pleine de bonnes idées, pas toujours souvent exploitées à fond ceci dit, la série est irrémédiablement plombée par des dessinateurs peu inspirés. Ou peut-être trop inspirés justement, par Image Comics ; le concurrent aux dents longues auquel Marvel veut alors, un peu trop ressembler.
Le seul épisode qui sorte vraiment du lot est celui dessiné par Bryan Hitch & Paul Neary ; et ça tombe plutôt bien puisque le scénario est aussi une belle réussite (qui bêtement ne sera pas transformée, malgré son potentiel prometteur). 
L’autre très bonne idée des 13 numéros (sur les 22 publiés aux U.S.A.) que Marvel France a traduits***, est l’utilisation, par Steven T. Seagle, d’une voix off mi-taquine mi-ironique, qui donne un ton assez unique à la série, & permet de passer outre les dessins pas très folichons. 

Reste aussi dans le registre des bonnes idées pas assez abouties, une aventure dans un monde microscopique, l’ambiance paranoïaque, un « super-pouvoir » envisagé sous un angle intéressant…. 
Et un crossover en deux parties, avec la série Uncanny X-Men que Seagle commence justement d’écrire à ce moment-là, et dont la particularité est d’offrir deux points de vue (+ ou -) différents des mêmes péripéties.
…. Un bilan mitigé donc (pour l'instant), mais surtout un run qui aurait pu être beaucoup plus réussi si d’autres moyens artistiques (pas nécessairement pharaoniques non plus) lui avaient été octroyés ; et dont la parution hexagonale – arrêtée au douzième épisode – n’aura de toute façon pas permis d’en apprécier l’ensemble. 


(À suivre en V.O ……
*****
• Scénario : 7/10 
• Dessin : 4/10 
• Facteur de coolitude : 7,5/10 
• Appréciation globale : Il faut parfois savoir être iconoclaste

 _________ 
*Customisation : dans le sens d’adapter la « marchandise » au client (et à la fabrication). 

** Ce qui n’empêche pas Alpha Flight, ou certains de ses membres, d’apparaître ici ou là entre 1994 et 1997. 

*** Marvel Select du n°11 au n°23 (sauf le n°20) ; série traduite par Sophie Viévard, et lettrée par RAM, pour Marvel France (alias Panini).

Commentaires

  1. J'ai lu cette série à l'époque où je lisais pas mal de fascicules V.O. Je me rappelle avoir eu les mêmes réserves que toi sur le dessin; pour le scénario, il faudrait que je me replonge dedans pour me rafraîchir la mémoire. J'ai laissé tomber au numéro 11, un épisode dessiné par Ariel Olivetti (ouch). Je n'ai donc pas connu les débuts des Big Hero 6, que ce soit dans cette série ou dans leur mini-série.

    Encore une chouette rétrospective, Maître Dada !

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    Réponses
    1. Merci amigo, de ton passage & de ton appréciation élogieuse.
      [-_ô]

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