…. La Prohibition (1919-1933) a changé les mœurs, et donné naissance à un nouvel empire, gouverné par des « dictateurs de la pègre » : les Al Capone et consorts.
Le bootlegger devint dès lors une puissance sociale, distillant sa marchandise tout autant que son emprise. Et la Prohibition enfanta d’une littérature.
Composée avec une économie de moyens qui frisait l’avarice, et dépeignait un monde interlope ; où s’agitait avec plus ou moins de brutalité le détective privé hard-boiled ; promu nouveau héros américain, aux tripes en inox blindé, par la grâce de l’écurie du pulp magazine Black Mask (notamment).
C’est dans cette période, où boire était devenu un brevet de masculinité, que s’installent les quatre numéros de la mini-série Daredevil Noir (parue de juin à septembre 2009) que Panini a regroupés – pour le marché francophone – en 1 volume : traduit par Nicole Duclos et lettré par Lucia Truccone.
…. Écrite par Alexander C. Irvine, un auteur de S-F que j’ai récemment lu sur une histoire d’Iron Man (Pour en savoir +), et dessinée par Tomm Cocker l’histoire de « Poker menteur », utilise des personnages bien connus de tous les lecteurs de l’éditeur de BD Marvel (et maintenant des amateurs de séries télévisées).
Des super-héros, et son entourage, qu’elle réinvente un peu, beaucoup ou pas du tout.
Ainsi Matt Murdock, dont je n’ai pas besoin de préciser l’alias, est-il l’adjoint d’un détective privé implanté dans le quartier de Hell’s Kitchen : Foggy Nelson !
En sa qualité d’enquêteur et de justicier, Murdock va se retrouver au milieu d’une guerre des gangs, motif bien connu des amateurs de cette littérature pour le moins tonique.
Si ce n’est qu’ici, elle est arbitrée par un mystérieux « Tueur à la cible ».
Autre motif tout aussi érodé, celui de l’enquête qui se transforme en quête, et dont l’objet initial n’était qu’un leurre.
…. Commençons par ce qui fâche (si je puis dire).
Au rayon des réinventions, le costume du héros sans peur est tout aussi peu modifié qu’il est peu réussi.
Ce qui est proprement incompréhensible tant le talent de Tomm Cocker transparaît dans chacune de ses planches.
Tel un prestidigitateur virtuose dont l’artifice se dissimule sous un réalisme illusoire, Cocker conjugue au plus-que-parfait ambiance sombre & pluvieuse et une mise en image séquentielle tendue. Avec moult trames & effets.
Daniel Freedman - le coloriste - n'est pas étranger à cette réussite.
Le scénario exhale un climat tout en voix over, qu’il distille durant un flashback dans la plus pure tradition du genre.
Jusqu’au dénouement qui ne déroge pas à la règle tacite, qui veut que, dans les polars hard-boilded, on peut tout aussi bien s’en passer.
…. Si « Poker menteur » s’inspire des dramaxes du genre dont il se revendique sans innover, il le fait en revanche très bien. Avec le risque de combler les amateurs dudit genre, tout autant qu’il pourra surprendra les aficionados de « tête à cornes ».
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Scénario : 7,3 /10
Dessin : 9,2 /10
Appréciation globale : Bas les masques !
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