Accéder au contenu principal

Les Âmes perdues [Clive Barker / Jean-Daniel Brèque]

Inclination personnelle ou pas, Clive Barker prélèvera sur le cadavre tout juste réanimé de l’Horreur, à l’échelle cosmique s’entend, la figure du « détective de l’occulte ». Personnage atavique d’un genre, que le cinéma et la télévision des années 1970 se chargeront de ré-inoculer aux masses grouillantes (Rosemary's Baby, The Exorcist, Ghost Story, etc., ou à la télévision la série Kolchak).
À l'insu desdites masses, entre autres sigmundfreuderies.

Preuve d’un imaginaire collectif à l’unisson ; un peu avant que Barker ne publie sa novella intitulée Hellraiser, le scénariste Alan Moore, qui de son côté travaille sur la bande dessinée Swamp Thing pour le compte de l’éditeur DC Comics, invente son propre détective de l’étrange en la personne du désormais célèbre John Constantine .....

Mais revenons à l’objet du jour.

            « Les Âmes perdues », nouvelle traduite par Jean-Daniel Brèque (un homme qui n'a jamais caché son goût pour le genre) à l'occasion du cinquième numéro de la revue TÉNÈBRES. Où justement Clive Barker met en scène son propre détective de l’occulte ; Harry D’Amour
Lequel pour la petite histoire, a pris les traits - au cinéma - de Scott Bakula, dans l’adaptation par Barker d’une autre de ses propres nouvelles (Le Maître des illusions). 

            « Les Âmes perdues » disais-je, qui n’a pas depuis été rééditée en France, et qui pourrait paraître anecdotique, offre à mon avis un concentré résumé des motifs, et surtout des limites que se donne le natif de Liverpool en matière d’Épouvante. 
Pour le dire vite, Harry D’Amour s’y montre inversement aussi humain que l’inhumanité qu’il affronte. Une cruauté qui si elle n’est pas l’apanage des seuls démons, est réservée aux estomacs bien accrochés (une spécialité Cénobite, cela dit en toute innocence). 
Car, sous la plume acérée de Clive Barker, notre plan de réalité n’a rien à envier aux cercles les plus impies de l’Enfer. 

            Véloce, choquante, « Les Âmes perdues » est un pur produit de celle de Clive Barker, véritable couteau suisse™ de l’imaginaire moderne. On ne compte en effet plus les domaines où il a excellé. 

Toutefois, on ne va pas se mentir (croix de bois, croix de fer ; si je mens je vais en enfer), l’imagicien britannique est aussi capable d’évoquer dans ses œuvres le meilleur de l’humanité. 

Mais manifestement, « Les Âmes perdues » ne fait pas partie de celles-ci. 

            Si vous aimez Clive Barker, vous ne pouvez pas ne pas lire « Les Âmes perdues ». 
            Si vous ne le connaissez pas, c’est un bon point d’entrée, d’autant que ce numéro de TÉNÈBRES lui consacre un dossier spécial. 

Plus modestement je la joins à ma liste de lecture du défi lecture de Yogo le Maki.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Triple frontière [Mark Boal / J.C. Chandor]

En même temps qu'un tournage qui devait débuter en 2011, sous la direction de K athryn B igelow, Triple frontière se verra lié à une tripotée d'acteurs bankables : S ean P enn, J avier B ardem, D enzel W ashington. Et même T om H anks. À ce moment-là, le titre est devenu Sleeping dogs , et d'autres noms circulent ( C hanning T atum ou encore T om H ardy). Durant cette période de valses-hésitations, outre M ark B oal au scénario, la seule constante restera le lieu où devrait se dérouler l'action. La « triple frontière » du titre est une enclave aux confins du Paraguay , du Brésil et de l' Argentine , devenue zone de libre-échange et symbole d'une mondialisation productiviste à fort dynamisme économique. Le barrage d' Itaipu qui y a été construit entre 1975 et 1982, le plus grand du monde, produirait 75 % de l’électricité consommé au Brésil et au Paraguay . Ce territoire a même sa propre langue, le « Portugnol », une langue de confluence, mélange d

The Words

... The Words ( Les Mots ) est un film qui avait tout pour me séduire : le roman en tant qu'élément principal, des acteurs que j'aime bien ; D ennis Q uaid, J eremy I rons, J . K . S immons et B radley C ooper. Éléments supplémentaire l'histoire se révèle être une histoire dans l'hisitoire. Ou plus exactement un roman à propos de l'écriture d'un roman, écrit par un autre ; entre fiction et réalité.  Je m'explique. Clay Hammon fait une lecture public de son dernier livre The Words dans lequel un jeune auteur, Rory Jansen , en mal de reconnaissance tente vaille que vaille de placer son roman chez différents éditeurs. Cet homme vit avec une très belle jeune femme et il est entouré d'une famille aimante. Finalement il va se construire une vie somme toute agréable mais loin de ce qu'il envisageait. Au cours de sa lune de miel, à Paris , son épouse va lui offrir une vieille serviette en cuir découverte chez un antiquaire, pour dit-elle qu'

Big Wednesday (John Milius)

Une anecdote circule au sujet du film de J ohn M ilius, alors qu'ils s’apprêtaient à sortir leur film respectif ( La Guerre des Etoiles , Rencontre du Troisième Type et Big Wednesday ) G eorge L ucas, S teven S pielberg et J ohn M ilius  auraient fait un pacte : les bénéfices de leur film seront mis en commun et partagés en trois. Un sacré coup de chance pour M ilius dont le film fit un flop contrairement aux deux autres. Un vrai surfeur ne doit pas se laisser prendre au piège de la célébrité  Un vrai surfeur ne doit pas se sentir couper des siens. Il ne doit pas courir derrière les dollars, ni gagner toutes les compétitions. [..] M idget F arrelly champion du monde de surf 1964  ... Big Wednesday est l'histoire de trois jeunes californiens dont la vie est rythmée par le surf ; on les découvre en pleine adolescence au cours de l'été 1962, et nous les suivrons jusqu'à un certain mercredi de l'été 1974.   L'origine du surf se perd dans la nuit des